Pont Saint Vincent

son Origine, son Histoire, son Eglise

Abbé STEF, Curé de Pont-Saint-Vincent - Août 1972

PONT-SAINT-VINCENT est actuellement un bourg essentiellement ouvrier de 2 500 habitants, bâti sur la rive gauche de le Moselle et situé à 12km au sud de Nancy.

Son église est construite à flanc de coteau, sur le versant Nord du plateau Sainte Barbe. C'est une Croix de Lorraine posée à l'horizontale et qui groupe autour d'elle quelque 480 maisons du Vieux Village.

Un peu d'Histoire

Ce village s'est appelé durant longtemps : Conflans, du fait que c'est sur son territoire que se rejoignent les deux cours d'eau Moselle et Madon qui assurent la fertilité de la Vallée, la joie des fervents de le gaule, mais aussi qui provoquent parfois, hélas, les catastrophes les plus douloureuses.

Dès 1262, ce bourg est désigné cependant sous sa forme composée : PONT-SAINT-VINCENT. Son origine vient : tout simplement du fait que son territoire fut attribué en partie à l'abbaye Saint Vincent de Metz et qu'un pont célèbre, en bois, avait été érigé sur la Moselle depuis fort longtemps : il fut détruit lors d'une crue terrible en 1410.

De plus, il est même probable, qu'avant le XIIIe siècle, on ait eu, à la fois, trois hameaux quelque peu séparés : le haut du pays actuel, le plus ancien : Saint-Vincent ; le bas : Conflans ; et de l'autre côté de la Moselle : La Neuve Ville, agglomération dont on parle vers 1210 et construite spécialement pour dégager l'ensemble existant. Mais afin de vaincre la réticence des paysans, qui en fait préféraient le plateau, i1 fut décrété que ceux qui acceptaient de s'installer sur l'autre rive seraient "affranchis".

Conflans, compris dans la ligne de communication principale, fut affecté, en premier, en 1200, au comté de Vaudémont et il semble que peu de temps après, ce fut également l'affectation des deux autres hameaux, et cela jusqu'à l'avènement de RENE II au trône ducal en 1477.

En 1562, PONT-SAINT-VINCENT, c'est-à-dire l'ensemble de la rive gauche, est joint au Comté de Chaligny, lequel contrôlait déjà toute la rive droite de la Moselle. La prévôté s'y installe. Elle a la charge de 7 à 8 villages et elle occupe le bâtiment qui est actuellement le presbytère. A cette date, PONT-SAINT-VINCENT n’avait pas de curé et était "annexe" de SEXEY-AUX-FORGES.

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Quelques Vestiges du Passé

Le château du bourg était célèbre. Il contrôlait l'entrée du pont de bois. Ses dépendances étaient immenses et on prétend même que la "Porte de France" en était une des entrées : elle est datée 1567. PONT-SAINT-VINCENT devenait, lit-on dans Don Calmet, "un comté princier et le plus seigneurial du Duché de Lorraine".

Ce château fut démoli vers 1636 sur l'ordre de Louis XIII, durant la guerre de Trente ans et les religieux firent transporter 25 672 pieds cubes de pierres de taille, 8 colonnes avec corniches qui ornaient la façade du château et 3 562 pieds cubes de pierres qui avaient été préparés pour la construction du pont, au village de BOSSERVILLE. Ces matériaux servirent, en 1666, à la construction de la chartreuse, l'ancien séminaire diocésain : commune de ART-SUR-MEURTHE.

L'emplacement général de ce château se situait dans les propriétés actuelles MANGEOT et GRANDIDIER des rues Gambetta et Salengro, sur le bord de la Moselle. On y remarque encore certains vestiges et spécialement un four qui se trouve dans la maison de M. BANNEROT.

Un autre château, celui de la Tournelle et qui existe encore à l'heure actuelle, en face de la gare, est d'origine récente et date de 1820.

PONT-SAINT-VINCENT était célèbre en outre par son Prieuré, fondé au Xe siècle. Il dépendait de l'Evêché de Metz et lui avait été donné par RICUIN, évêque de Toul. Primitivement, c'était le Prieuré Saint-Bernard, appelé par la suite Prieuré Saint Romaric. Il est rattaché en 1653 à Saint Léopold de Nancy. Son portail est magnifique, malheureusement il disparait en 1937 et se trouve actuellement au musée de New-York.

Il s’agit de la maison située, 35 rue Carnot, appartenant depuis 1938 à Monsieur Donjon et dont les fenêtres masquent suffisamment le caractère religieux du bâtiment, tandis qu'à l'intérieur, certains vestiges prouvent encore quelle avait été la destination de l'immeuble.

PONT-SAINT-VINCENT avait son Hôpital. Certes, il n'était pas très considérable. Mais il avait été doté convenablement par Christine de SALM, l'épouse du Conte de VAUDEMONT.

Le Curé BAZIN, qui préside aux destinées spirituelles de la paroisse entre 1682 et 1736, le supprime et en fait "une aumône" c'est-à-dire un bureau de bienfaisance et c'est dans les immenses greniers de cette maison que par la suite on collecte "la dime de tout le village".

Dans les jardins de cet hôpital et dans les murs avaient été déposé, antérieurement à 1560, un certain nombre de statues et de bas-reliefs venant de l'église ou de chapelles.

A n'en pas douter, il s'agit de la maison située au 54 de la rue Carnot et appartenant aux familles BOULANGER-ERARD. Au-dessus de la porte, se trouve à l'heure actuelle, une statue de la Vierge avec l'inscription "Ave gratia plena".

Les quelques statues, qui malgré les siècles étaient demeurées intactes, ont été remises en valeur à l'église grâce à la bienveillance des familles intéressées.

La plus belle pièce est certainement un Christ du XVe qui actuellement est devenu le rétable de l'autel majeur de l'église.

Quelques autres souvenirs du "Vieux PONT-SAINT-VINCENT" se cachent dans notre localité, tous situés dans la partie la plus ancienne du village.

Le portail d'une vieille maison du haut de la rue Carnot. Il porte la date de 1700 : maison de Monsieur Alphonse Munier n°74.

L'insigne en pierre taillée représentant la "médaille de la vétérance" , c'était la demeure d'un vieux soldat de l'armée royale rue Pasteur n°20, maison de Monsieur SACHREITER.

Une vieille croix de 1599 et qui paraît plus ancienne encore, se détache sur une rosace de douze rayons, on l'a désignée sous le nom de croix des douze apôtres, des douze articles du symbole, ou encore croix de St Langui, c'est-à-dire du Christ languissant. Cette croix, en provenance de la primitive église s'est trouvée durant un certain temps fixée sur un mur de jardin comme en témoigne un dessin de 1845. Elle s'est retrouvée par la suite dans la cave de la maison TILLY et grâce à la bienveillance de la famille, elle a maintenant une place de choix dans notre église.

La maison de cure actuelle est une vieille bâtisse pour ainsi dire contigüe à l'église, qui comprend d'énormes dépendances. Elle date du XVe siècle et était à cette date, un bénéfice de l'Abbaye de Saint Léon de Toul.

Elle devint en 1562 le siège de la Prévôté du Comté de Chaligny pour quelques années, mais PONT-SAINT-VINCENT étant érigé en paroisse en 1589 cette maison devint la "demeure du curé". La fabrique de l'église ayant peu de revenus, ce sont les paroissiens eux-mêmes qui se chargèrent des réparations et de l'entretien de la maison curiale.

Du fait d'une inscription gravée au-dessus de la porte jusqu'en 1954, nous savons qu'une restauration importance avait été réalisée en 1737 "DOMUS PAROCHI 1737 - RENOVA 1737".

Durant la révolution, le 22 ventôse (12 mars) 1794, la municipalité demande que le presbytère devienne une maison commune et école des deux sexes.

Le l6 avril 1795, sommation est faite au curé "de vider dans trois jours la partie du presbytère qu'il occupe encore, sous peine de poursuites devant la justice".

Il est à noter qu'en 1795, le presbytère était encore propriété de la Paroisse. Il a été occupé sans interruption par le curé de la paroisse.

C'est en 1874 que le maire de PONT-SAINT-VINCENT, Monsieur MOINE propose à la Fabrique de racheter, en bonne et dûe forme, le presbytère actuel à charge pour la commune d'en construire un neuf. Par lettre du 26 Janvier 1875, l'Evêché donne son accord. Les plans d‘une restauration importantes sont proposés, le 19 mai 1875, par Monsieur VAUTRIN, architecte. Aucune suite ne semble avoir été donnée à ce projet. En fait, le presbytère a été "racheté" à la commune en 1946, et, il a subi en 1954, une restauration totale extérieure et intérieure, alors qu'il avait beaucoup souffert de la guerre.

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Les Chapelles du Plateau

L'une d'elles, la chapelle du fort détruite en 1914, trouve son origine en 1498 ainsi que l'atteste une lettre du panetier de RENE II, Jean de BIDOS, lequel déclara fonder au-dessus de PONT-SAINT-VINCENT, sous l'invocation de Ste-Marie-Madeleine et de Ste-Barbe, un ermitage St-Vincent, avec demande de messes etc... Plusieurs ermites, en effet, se sont installés dans ce petit couvent.

Certaines statues de cette chapelle ont été vendues ; d'autres ont été recueillies en mairie et remises à l'église en 1950.

Une statue de Ste-Barbe se trouve actuellement au-dessous du bénitier d'entrée de l'église, une autre, en pierre également, ainsi qu'une statue de la Vierge - en bois - dans la première chapelle de droite (Notre Dame de Pitié).

La deuxième chapelle, plus récente sans aucun doute, était la chapelle St-Jean, située à l'entrée du plateau. Elle tombait en ruines depuis la guerre de 1914. Beaucoup de ses statues ont mystérieusement disparu. Seul, un Christ aux liens - assis - grandeur naturelle, a été remis en place dans l‘église paroissiale en 1929, d'abord sur un socle dans la chapelle de la Ste-Vierge, puis récemment dans la nouvelle chapelle de Notre-Dame de Pitié.

CPA Pont Saint Vincent - l'église

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L'Eglise en 1496

Le monument le plus important qui rappelle l'histoire ancienne de PONT-SAINT-VINCENT est évidemment l'église. Elle est placée sous le vocable de Saint Julien de Brioude, soldat et martyr, dont la fête tombe le 28 Août, mais aussi de Saint-Urbain, le pape martyr que l'on honore tout spécialement le 25 Mai.

Il est intéressant de signaler qu'une confrérie de St-Urbain existait au XVIIe siècle et qu'un des ancêtres de la famille de Monsieur Marcel GRANDIDIER en était le chef en 1683. Il fit faire une statue en bois de ce saint pape qui mourut par l'épée : statue que détient toujours la famille à l'heure actuelle.

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C'est une Eglise consacrée

Cette église de PONT-SAINT-VINCENT, dans sa partie primitive chœur et autel du 1er transept, donc dans sa forme de Croix latine, fut consacrée le 16 Juin 1500 par le R.P. Jean de SORCY, cordelier, évêque de Christopole et suffragant de Toul, sous le pontificat d'Olry de Blâmont, évêque de Toul, ainsi qu'en témoigne une inscription découverte au-dessus de la porte de la sacristie en 1937.

La chapelle de droite était la chapelle du St-Sépulcre, la chapelle de gauche était dédiée à Notre-Dame de Pitié.

Les trois autels furent consacrés. Les croix de consécration furent marquées liturgiquement, non seulement sur les autels, mais encore sur les différents piliers du choeur et de la nef. C'étaient des croix fleuronnées, de couleur rouge avec bordure noire à long pied émergeant et placées dans des cercles jaunes. Elles viennent d'être reconstituées dans leur forme primitive.

La construction de l'église a été commencée en 1494 et terminée en 1500. L'architecture en est gothique, d'un gothique flamboyant.

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Le Chœur et le Tabernacle

LE CHŒUR comprend trois fenêtres, garnies actuellement de vitraux modernes, datant de 1873, et où figurent les personnages de Saint-Pierre et de Saint-Paul au centre, de Sainte-Barbe et de Saint Hippolyte (nom du donateur) à droite et de Saint-Julien et de Saint-Augustin (associés liturgiquement le même jour) à gauche.

La grande particularité du chœur, celle qui saute aux yeux, c'est le Repositorium avec ses deux "oculus", c'était le tabernacle, conformément à l'usage lorrain de la seconde moitié du XVe siècle. Il consistait en une armoire prise dans la muraille du chœur. Il est placé du côté de l'Evangile, dans un angle. Ce repositorium a été utilisé jusqu'en 1824, date à laquelle il fut muré de l'intérieur, les deux ouvertures extérieures restant visibles de chaque côté du contrefort. Il fut de nouveau mis à jour en 1903 par un artisan local nommé SIMON et grâce au don généreux de la famille CARNY, on encadra l'ouverture d'une architecture à colonnades et l'on mit en place une superbe porte en fer forgé.

La restauration de 1958 a prévu la remise en valeur de ce "Repositorium" avec à l'intérieur la fixation d'un tabernacle métallique.

Ce "monument" ne fait qu'un tout avec l'autel majeur. Il ne demande pas au célébrant de quitter le palier de l'autel : il est le digne "réceptacle" de la Sainte Eucharistie, et dans cette église du XVe siècle, c'est la reprise très normale d'une ancienne coutume.

On distingue également dans le chœur, l'entrée de la sacristie, en pierre, encadrant une vieille porte de l'époque 1605. A la partie supérieure se trouve un écusson mentionnant en initiales "Messire Pierre SIMONIN", le premier curé de la paroisse en 1580, et ses armes : un ostensoir, un croissant, une croisette grecque, une tête de mort et deux tibias.
L'ensemble était caché jusqu'en 1958 par une boiserie mise en place en 1825 et restaurée en 1937.

L'autel actuel rappelle la table eucharistique des premiers siècles, simple, massive, monolithe (950 kg). Elle est en pierre d'Euville. Elle a remplacé, depuis mai 1958, un immense autel en bois, de 1824, provenant de Pieuré. Il avait une certaine valeur du fait de sa marqueterie (le Pélican), mais il s'accordait mal avec le style de l'ensemble de l'église.

Le retable est un Christ du XVe siècle provenant des jardins de l'hôpital de PONT-SAINT-VINCENT, 12e station d'un vieux chemin de Croix. C'est une œuvre de valeur.

La "piscine", à droite, a conservé son caractère gothique tandis que la crédence est devenue "une table de pierre".
L'emmarchement, le palier et le pavé de chœur furent l'objet de la restauration actuelle. Les précédents éléments dataient de 1825.
Les tables de communion, en pierre, ont repris leur cachet primitif.
Enfin, les candélabres en fer forgé (style ancien), de même que la volute qui supporte la lampe du Saint-Sacrement (un vieux quinquet de mineur) sont l'œuvre d'ouvriers locaux bénévoles.

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Les Chapelles

Elles sont actuellement au nombre de quatre, nettement séparées, et ce, depuis 1629, date de la fondation des deux dernières dédiées, l'une à Sainte Anne, l'autre à Sainte Marguerite, si bien que la structure générale de l'église est en forme de Croix de Lorraine.

Les deux premières chapelles furent donc celles de Saint Sépulcre et de Notre Dame de Pitié.

1. La Première, celle de droite, fut fondée par Jean CLAUDE, châtelain de PONT-SAINT-VINCENT. Elle date du début de l'église : 1496, non pas bien sûr dans son style actuel, mais son autel primitif fut consacré en même temps que l'autel majeur de l'église, le 16 juin 1500, ainsi en atteste un morceau de parchemin retrouvé en 1886 par le curé BOULANGER, parchemin malheureusement aujourd'hui disparu des archives paroissiales.

A vrai dire cette chapelle était double : elle comportait un étage et la chapelle supérieure s'appelait la "Chapelle du Paradis".
La voûte était donc ouverte en partie, et laissait apparaître six magnifiques statues en pierre : le péché représenté pas Adam et Eve et le serpent, l'annonce de la Rédemption par deux prophètes et la Rédemption par le Christ, symbolisé par deux anges porteurs des instruments de la Passion.

On y accédait par un escalier extérieur (côté rue Pasteur). On y voit encore à l'intérieur la porte murée et quelques marches ; une grande fenêtre existait dans cette chapelle et donnait la lumière (elle est actuellement coupée par un pilier de soutènement) et deux autres fenêtres gothiques donnaient à l'intérieur de l'église, l'une dirigée vers l'autel majeur, l'autre vers le peuple. Ce sont ces deux fenêtres qui viennent d'être découvertes et qui, dans le plan de restauration ont été garnies de vitraux.

Cette sorte de chapelle supérieure était vraisemblablement réservée aux membres de la famille du chatelain CLAUDE.

Sur le mur de la chapelle, l'épitaphe gothique suivante vient d'être mise à jour. C'est une fondation de messes : "Très honorable Homme Jean CLAUDE a fondé à perpétuité à jamais trois messes basses qui seront dites en la chapelle du St Sépulcre, tous les ans en temps de carême"… etc…

A la voûte, on reconnaît aux cinq clefs les instruments de la Passion, complément de l'autel du St Sépulcre. C'est en 1835 que la chapelle du St-Sépulcre fut supprimée. On ignore ce que sont devenues les statues. Le nouvel autel fut dédié à la Sainte Vierge, et, en 1866, une deuxième restauration modifiait totalement l'aspect primitif de cette chapelle, statues de plâtre et ornementation rapportée la présentait sous le décor actuel, plus ouvragé certes, mais de moindre valeur.
C'est en 1866 également qu'il faut noter la destruction pure et simple de la chapelle du Paradis. "Toute une histoire de bonne religieuse" affirme Monsieur le chanoine RENAUD, enfant de la paroisse. "Adam et Eve" étaient en costume d'époque ; il n'en fallut pas plus pour que notre bonne sœur obtint de son brave curé, l'abbé BOULANGER, l'autorisation de donner à nos premiers parents un costume décent, ce qui malgré le siècle, déclenche la critique générale : le costume XIXe siècle ne convenait pas, aussi pour couper court aux difficultés et aux contreverses , il fut décidé que cette chapelle, d'ailleurs d'accès impraticable depuis 1629 disparaîtrait.
Adam et Eve furent cassés à coups de masse, le serpent coupé en rondelles et le tout - les grands responsables de la chute de l'humanité - enfoui sous les dalles d'entrée de l'église, afin que dans tous les temps à venir "ils soient foulés aux pieds".

Les deux prophètes furent placés dans le chœur de l'église, l'un à droite, l'autre à gauche jusqu'au jour où l'on découvrit de nouveau l'armoire eucharistique (1903). Les deux prophètes se retrouvèrent alors plus ou moins derrière l'autel du côté de l'épitre. Prophète de l'Eucharistie et de la Rédemption, ils se trouvent actuellement en bonne place de chaque côté du chœur et deviennent "les témoins du Sacrifice". Il semble bien que ces deux personnages sont totalement différents de ceux qui devaient se trouver autour du St Sépulcre : Joseph d'Arimathie et Nicodème.

Les deux anges en pierre, de 0m80 de hauteur, furent placés de chaque côté d'un grand Christ, style bavarois XIXe siècle qui fut érigé du côté de l'Evangile en sorte de "Calvaire". Ils font actuellement partie du nouvel autel de Notre Dame de Pitié (restauration 1958) tandis que le "calvaire" a disparu.

Ajoutons que le vitrail est devenu en 1873, un vitrail représentant la Sainte Famille ; brisé en 1940, il fut rétabli en 1953 sous le même vocable mais sous une présentation différente.

Terminons en signalant que la chapelle de la "Sainte Vierge", comme toutes les autres d'ailleurs est couverte de dalles funéraires avec inscriptions. On y reconnait, en particulier, les pierres tombales de Jean CLAUDE, fondateur de la chapelle, et de son épouse ; elles datent de 1570.

Chaque chapelle avait une cloche spéciale, celle de la chapelle du St Sépulcre pesait 200 livres ; elle fut enlevée en 1792.

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2. La Chapelle de Gauche

C'est actuellement une chapelle dédiée à St Nicolas, avec un autel moderne de 1835 (3e autel différent de cette chapelle). Elle fut fondée en même temps que l'église en 1496 - 1498 par Jean de BIDOS, le panetier de RENE II, devenu Seigneur de PONT-SAINT-VINCENT et de sa femme, Madeleine de PASPARGAIRE. On l'a appelée la "Chapelle des Seigneurs". Elle fut placée sous le vocable de Notre-Dame de Pitié, mais accueillit également une dévotion spéciale à Saint Jean-Baptiste et à Sainte Catherine dont les statues se trouvaient vraisemblablement là.
Jean de BIDOS est enterré dans cette chapelle et le vitrail d'origine rappelait les armoiries de ce généreux personnage. A noter que tous les vitraux anciens de l'église furent hélas brisés à la suite d'une tornade en 1865 et que les fragments les plus importants furent recueillis ct placés dans la 3e chapelle, la chapelle de Sainte Anne. C'est la raison pour laquelle nous retrouvons là les armoiries de Jean de BIDOS et la date de 1496.

Par ailleurs, nous ne devons pas nous étonner de trouver dans cette église du XVe siècle une chapelle dédiée à Notre-Dame de Pitié, puisque c'était la dévotion particulièrement en faveur à cette époque. Les PIETA (Vierge assise avec le Christ mort sur les genoux) étaient très nombreuses. La plus renommée, en Lorraine, était celle d'ETAIN (Meuse) sculptée par Ligier RICHIER en 1528.
La Piéta, grandeur naturelle, de notre église est certainement très belle. Elle demeura sur l'autel de la chapelle Notre-Dame de Pitié jusqu'en 1629.
A cette date, la chapelle est placée sous le vocable de Saint-Nicolas, Patron de la Lorraine et de la Jeunesse. Un parchemin retrouvé le 24 Juin 1886 et signé de l'Évêque suffragant de Toul, Chrétien de GOURNAY, l'atteste. "L'autel dédié à Saint-Nicolas a été consacré en Juillet 1629". On y a déposé, selon la coutume, des reliques de Saint-Clément et de Saint-Thiébaut.
Ce 2e autel a disparu pour faire place en 1835 à l'autel moderne actuel.

Le vitrail représentant Saint-Jean-Baptiste, Saint-Nicolas et Saint-Mansuy, évêque de Toul, est évidemment moderne. Il date de 1873.
La cloche spéciale de la dite chapelle pesait 100 livres et disparut également en 1792.

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3. La Chapelle Sainte Anne

C'est en 1621 que furent édifiées les deux autres chapelles de l'Église de PONT-SAINT-VINCENT, formant comme un 2e transept, si bien que leur construction étant complètement indépendante des deux premières, l'espace vide entre chacune étant parfaitement visible de l'extérieur, l'église se trouve nettement construite, depuis cette époque, en forme de Croix de Lorraine, placée à l'horizontale.
Leur architecture est constituée de "Roman" plein cintre et surélevé.

Cette 3e chapelle, de tous temps dédiée à Sainte-Anne, fut fondée par Jean II de RAMBOUILLET et Anne BARDIN, sa femme. Ils sont enterrés là.
L'autel primitif a disparu. Etait-ce un ancien autel de l'Annonciation provenant du Prieuré ?
L'autel actuel moderne date de 1920. Il est surmonté depuis peu de temps d'une statue de Sainte-Anne, édifiée en bois, et qui est de 1650 environ.

Où se trouve actuellement le monument aux morts de la guerre de 1914 (édifié en 1919) on avait ouvert une grande porte le 26 Février 1793 pour le passage du dais, faisant disparaitre à cet effet "un monument" qui était vraisemblablement le tombeau de Jean de RAMBOUILLET et d'Anne BARDIN et qui était orné d'un certain nombre de statues qui ont été vendues.
Cette grande porte fut muré en 1919, on pouvait lire sur le linteau extérieur "Liberté - Egalité ou la Mort".

La pièce la plus importante de cette chapelle est incontestablement le vitrail "classé par les monuments historiques" en même temps d'ailleurs que les deux prophètes, les deux anges, la Piéta et ses anges adorateurs et le monument BARDIN. Ce sont donc les fragments des anciens vitraux de l'Église qui furent réunis dans cette chapelle en 1867. On distingue, à gauche, en haut Jean de BIDOS et sa femme agenouillés et joignant les mains. Au milieu, plus au-dessus : l'archange Gabriel et à droite : la Vierge de l'Annonciation. On aurait dû évidement replacer l'archange Gabriel en face de la Vierge.

Dans la partie médiane, l'inscription suivante a disparu à la suite des dommages causés par la guerre de 1940: "Jean de BIDOS, écuyer de RENE II et son épouse, Madeleine de PASPARGAIRE fondèrent les chapelles de Saint-Nicolas à l'église et de Sainte-Barbe sur la colline - 1496". De même que celle qui notifiait : "Jean de BIDOS a fait cette petite chapelle". Et au-dessous, cette autre inscription que nous lisons encore à l'heure actuelle : "Ancien vitrail restauré en MDCLXVII" (1867).
Au milieu : l'écu de Jean de BIDOS.
De chaque côté : 2 autres écus d'époque.
Dans le bas, à gauche : la Vierge mère dans une niche violette. Au milieu : Saint-Hubert à cheval sonnant du cor et apercevant le cerf ; à droite : l'écu, tenu par un ange, de Marguerite de JOINVILLE, comtesse de Vaudémont.

Cette chapelle renferme également un groupe magnifique en une seule pierre représentant Sainte-Anne, la Vierge Marie et l'enfant Jésus. C'est une pièce du XVe siècle. Et, actuellement en face, un Moïse en une sorte de marbre.
C'est également là que se trouvent les fonts baptismaux récemment remis en valeur, avec la cuve ancienne, en pierre, et le confessionnal en plaques de pierre : il date de 1958.

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4. La Dernière Chapelle - (celle de droite)

Fondée par la famille BARDIN, elle était dédiée à Sainte Marguerite. Son autel fut sens doute détruit pendant la révolution.
Jacques BARDIN fit construire cette chapelle en 1621, avec pour lui une entrée spéciale dont on voit encore la porte extérieure et une sorte de balcon percé d'un certain nombre de fenêtres : deux grandes de face pour voir l'autel, deux petites ovales, sans doute pour les enfants et enfin deux autres dans l'angle afin d'avoir un certain contrôle sur l'assistance. Le pilier était gênant, Jacques BARDIN le fit tailler afin d'augmenter la visibilité.

C'est un certain temps après la mort de Jacques BARDIN que l'on construisit autour des deux grandes fenêtres une sorte de cénotaphe, en pierre et marbre noir, en souvenir de ce seigneur bienfaisant qui tint à se faire enterrer sur le même territoire que les autres membres de sa famille.

Depuis la révolution, la magnifique Piéta du XVe se trouvait placée en hauteur, devant la fenêtre des Seigneurs BARDIN. L'épitaphe funéraire, noire avec inscription : "Ci-gît, Jacques BARDIN etc...", avait été détruite et peu après une plaque de marbre noir avec invocation à la Vierge y avait été scellée.

Le confessionnal et les fonts baptismaux avaient trouvé place dans la chapelle, de même qu'un immense fourneau qui avait pour mission, sans doute, de donner l'illusion que l'église était chauffée.

La restauration de mai 1958 prévoyait un autel à Notre Dame de Pitié ; c'est chose faite : la Piéta fut mise en place avec les deux anges adorateurs ainsi que les anges porteurs des instruments de la Passion (ceux de la chapelle du Paradis et plus récemment du Calvaire).

Un meneau de pierre sépara les deux fenêtres du balcon, des vitraux XVIIe siècle furent placés aux différentes fenêtres, le monument funéraire fut rétabli dans son état primitif tandis que les statues de valeur : une sainte Barbe en pierre et une Vierge en bois et ses deux anges adorateurs -toutes deux provenant des chapelles de fort- prenaient place sous les arcades des fenêtres.

Le Christ flagellé et couronné d'épines (XVe siècle), d'abord placé sur un socle dans la 1e chapelle de droite (1937), se trouve maintenant sur une stèle au pied du monument BARDIN.
Ajoutons qu'actuellement, nous trouvons dans cette chapelle dédiée à Notre-Dame de Pitié trois petits monuments avec plaques de marbre noir et édifiés par la paroisse en reconnaissance à ses curés. Une plaque marque spécialement le passage de M. DAUPHIN curé de 1759 à 1821.

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Quelques autres particularités de notre église

En entrant, nous voyons sur la gauche un bénitier dont une partie au moins semble originale : ce n'est pas le bénitier de 1617 replacé à l'extérieur de l'église - ce n'est plus le bénitier en fonte qui disparut en 1794, ni même le suivant, mais c'est une pierre massive de 1899 avec inscription intéressante : "Effets de l'eau bénite - j'efface des esprits le péché véniel, je chasse les démons, j'aide à bonne prière, à malade, à stérile, ainsi l'Eglise mère me bénissant m'a fait riche des dons du ciel."
De chaque côté, deux figurines non identifiées.

Les bancs de l'église sont anciens puisqu'ils remontent à 1754 ; ils ont coûté avec les fonts baptismaux : 565 livres, payées à M. THIEBAUT de Nancy. Les noms de l'époque y sont encore soigneusement sculptés.

Une tribune existait, elle n'offrait que peu de place aux chanteurs. Aussi en 1898 la décision est prise d'agrandir considérablement la tribune, d'établir une garde en chêne sculpté (style XVe) de déplacer l'escalier et de le remplacer par un escalier extérieur. En même temps, pour plus de luminosité, il est décidé de pratiquer sous le porche et au fond de l'église, deux ouvertures sous forme de rosaces. Le travail est exécuté en 1899 (coût 3 700 Francs).
La tribune est inaugurée à fête du village avec 40 chanteurs et également l'orgue nouveau (facture Didier Van Caster).

Un hommage aux anciens curés de PONT-SAINT-VINCENT est matérialisé en 1920 par un monument réalisé par le sculpteur local, SIMON, pour la somme de 2 000 francs. Il se trouve dans la chapelle Saint-Nicolas.

L'église possède un clocher relevé de ses ruines en 1941. En effet, le 19 juin 1940, les obus allemands l'avaient abattu, mettant en miettes les trois cloches qu'il renfermait et risquant de provoquer le feu dans toute l'église.
Le curé, Monsieur l'abbé GUILLEMIN et quelques braves surent courageusement stopper l'incendie.
Le clocher actuel, moins élevé que l'ancien, compte quatre cloches, une horloge électrique et le déclenchement automatique des sonneries.
La première véritable tour semble dater de 1569 ; elle était en grande partie en bois, la partie basse est plus ancienne.
A noter que le clocher n'est pas dans l'axe de la nef, mais déporté à gauche.

Le chauffage de l'église, depuis 1954 est réalisé à l'aide de panneaux radiants infra-rouge, au gaz, grâce à la municipalité qui a bien voulu en accepter la dépense. Ce sont ces radiants qui se trouvent placés de chaque côté des piliers et qui donnent pleine satisfaction.

Avant de quitter l'église, signalons le chemin de Croix : il ne comprend plus actuellement que quatre sujets, mais de toute valeur. Ils furent mis en place en 1958. Ces statues XVIe siècle viennent de l'ancien hôpital (maison BOULANGER). 14 croix marquent cependant les différentes stations. Elles remplacent d'immenses encadrements en plâtre de 1926, qui remplaçaient des cadres plus anciens de 1866. Les plaques moulées et les sujets peints étaient en carton romain spécial.

Une pièce très intéressante est certainement l'ancienne entrée de la toute primitive église agrandie et totalement reconstruite en 1496 : le portail ogival en demi-relief qui se trouve à proximité de la porte de la chapelle Sainte-Anne et qui date du XIIe siècle : il représente Jésus-Christ, la tête ornée du nimbe crucifère, tenant le monde dans sa main gauche et assisté de deux anges.

Si l'on examine l'église de l'extérieur, outre sa forme en Croix de Lorraine, nous constaterons qu'elle est située au milieu d'un jardin magnifique de fleurs et d'arbustes, au tracé géométrique précis, grâce à la bienveillance de quelques volontaires qui se sont dépensés à cette réalisation en 1953.

Autour des murs l'église, un certain nombre d'épitaphes mortuaires : le cimetière, en effet, se trouvait de chaque côte du bâtiment, lequel renfermait déjà un très grand nombre de sépultures, spécialement d'ecclésiastiques ou de notables. Ce cimetière extérieur fut supprimé en 1870.

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Quel était le style de la toute première église ?

Quelques fragments de pierre fixés dans les murailles du chœur semblent provenir d'une construction romane. Une pierre porte la date de 905, un oculus, côté rue Pasteur, des rosaces, des fragments de gargouille, des fleurs de lys et évidemment le double oculus du Repositorium eucharistique, tous ces vestiges d'un passé "mystérieux" et "inconnu" sont visibles autour de notre église Saint-Julien de 1496.

Des plaques de pierre existent ça et là et en particulier à gauche du grand portail : elles portaient des inscriptions qui furent "martelées" à la révolution.

En face, le presbytère, mais aussi l'ancienne salle d'école de PONT-SAINT-VINCENT et remise à la paroisse comme salle de catéchisme en 1897.

C'est à cette même date également que fut construite la 2e salle qui devait devenir "une décharge de la sacristie".

Vous connaissez l'église paroissiale... descendez le perron... ce perron totalement meurtri par la guerre de 1940 et reconstruit en 1948... Remontez la rue Saint-Pierre... regardez cette vieille statue… tournez ensuite vers la gauche… vous arrivez devant la "Croix du Jard", croix de mission de 1897 succédant à un vieux calvaire de 1826… montez la ruelle du Jard et bientôt vous serez au plateau Sainte-Barbe… et vous pourrez à loisir admirer non plus "le vieux PONT-SAINT-VINCENT" mais les cités industrielles du "Val de Fer"… mais c'est une tout autre histoire.

Abbé STEF,
Curé de PONT-SAINT-VINCENT,
Août 1972.

CPA Pont Saint Vincent - vue sur la Moselle

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Mémoire sur la Lorraine et le Barrois - Nicolas Luton Durival - 1753

Mémoire sur la Lorraine et le Barrois

Nicolas Luton Durival - 1753

…par patentes de 1561. L'année suivante la ville de Pont-S. Vincent fut unie au Comté de Chaligny.

Pont-S. Vincent, est aujourd'hui un bourg, à gauche de la Mozelle, au dessous de son confluent avec le Madon, au pié d'une haute montagne, où on avoit pratiqué un chemin très-roide & très-difficile. Ce bourg, qui a encore une partie de ses portes & de ses anciens murs, est à deux lieuës & demie de Nancy, trois de Toul & de Vezelize : on passera la Mozelle sur un magnifique pont de neuf arches, commencé au printems de 1752. au-delà du-quel, passant dans la partie basse de Pont-S. Vincent, on prend la chaussée qui conduit à Langres : ce chemin nouveau & très-aisé, tourne la montagne vers le Madon. Pont-S. Vincent étoit le siége de la prévôté & grurie du Comté de Chaligny ; l'église parroissiale est ancienne & au haut du bourg, sur le penchant de la montagne, au sommet de laquelle est l'hermitage de Sté. Barbe. Un petit prieuré, occupé par un seul Bénédictin, est en bas près de la chaussée, à la sortie de Pont-S. Vincent.

Mémoire sur la Lorraine et le Barrois - Nicolas Luton Durival - 1753 Mémoire sur la Lorraine et le Barrois - Nicolas Luton Durival - 1753

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