La Chapelle Saint Sépulcre

Des origines... à 1914

Introduction

La Chapelle Saint Sépulcre, comme quatre autres communes : Chuelles, Louzouer, La Selle en Hermois et Thorailles, fait partie de l'Hermois.

Situé à l'Est de Montargis, ce regroupement de villages est intégré au Gâtinais. Ce "haut pays" sans prise directe avec les "vallées" de l'Ouanne et de la Clairis, séparé de celle du Loing par la forêt de Montargis est isolé sur son plateau, en dehors des zones de développement que sont les vallées qui l'entourent.

En limite de l'Hermois, La Chapelle Saint Sépulcre pourrait être intégrée à l'unité végétale qu'est la forêt de Montargis, et se distingue, avec Louzouer, des autres communes qui appartiennent à une zone de forêt dégradée qui tend à devenir un territoire de bosquets (Hermois = Hurepoix). L'Hermois évoque bien le "désert" vers lequel tend cette contrée, par opposition à la forte densité de l'agglomération montargoise. L'Hermois, zone privilégiée, échappant à la "pavillonite", tranche avec son environnement et reste un territoire protégé : un "terroir".

Située dans un pays sec et aride, couvert de cailloux, La Chapelle Saint Sépulcre ne possède pas de rivière hormis le point bas des lignes de pente qui récolte les eaux de pluie des terres en amont et les achemine à travers la forêt vers la Clairis, suivant le cours du Fondreau. Peu de pâturages, de prés et quelques terres cultivées sur un sol généralement médiocre gagné sur la forêt. En effet, on remarque bien que c'est l'homme qui, plus loin dans le temps, a interrompu cette continuité forestière qui entourait Montargis par le Nord-Est : la Grosse Haie, près de l'église, signe que la forêt alla longtemps jusqu'à la route (haie n'est que la transposition du germanique haga : forêt, on disait encore au XVI ème siècle les Haies de Courtenay pour les Forêts de Courtenay). La forêt initiale, appauvrie par les troupeaux, notamment de moutons qui ont été abondants jusqu'à la fin du XVIII ème siècle (au moins trois moutons par habitants), a donné des terroirs moins arbustifs et en friches tels les Genièvres (dans le sens de terre à genets). Terres en friches, domaine des bêtes sauvages : sanglier (hure) et autres vipères. On trouve ainsi le terroir du château du Chat, c'est à dire du sergent fieffé chargé de poursuivre les chats sauvages.

Il faut y ajouter aussi des sites "mouilleux", les grottes et les trous des tuiliers ainsi : le Bois de la Moulle (mouillé par le ru), la Grotte à Martin, les Mardelles Rondes et le Gouffre des Chevrets qui était autrefois une curiosité mais sur lequel on pouvait marcher dès la fin du XVIII ème siècle sans doute parce qu'il avait été remblayé et qui n'est plus visible; et, à la limite de la forêt et de La Chapelle, sur la commune de Louzouer, la Fontaine des Petits Bois. Les terrains mis à découvert sont évidemment de qualités inégales tels : les Essarts, terres défrichées depuis longtemps et qui le restent, signe qu'on les appréciait, mais aussi les Sablons ou les Pingrins c'est à dire le lieu ne produisant qu'une pincée de grains.

Les bonnes terres sont donc rares. Quelques vignes et un peu d'élevage surtout de moutons; les bovins et les porcs étant peu nombreux. On pâturait partout, principalement aux bois ou à l'orée des bois : le Chemin des Vaches, en limite de forêt, montre qu'on faisait paître en forêt en période sèche au Moyen Age. L'origine du Chemin des Foins allant de La Chapelle à Bois Le Roi est plus incertaine. A noter, toutefois, qu'au Moyen Age le pays était plus arrosé. Le paysage initial a, depuis, beaucoup changé.

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Premiers signes : la Préhistoire

Des instruments de pierre taillée recueillis à divers endroits attestent du passage sinon du séjour d'hommes aux temps préhistoriques :

  • - des HACHES POLIES aux Bonnards et aux Cours
  • - un MENHIR, parfois appelé la Grosse Pierre en des actes de l'Ancien Régime et qui a laissé son nom au carrefour de la Pierre du Carreau, proche de la Croix Rameau. Ce carrefour, marque le croisement de l'ancienne route Montargis - Courtenay et de l'aboutissement hors de la forêt du chemin primitif venant de Ferrières et de Paucourt à La Chapelle Saint Sépulcre. Il est mentionné dans un acte de 1336. On avait, à l'évidence fait aboutir à ce menhir ce chemin primitif traversant la forêt. Sa première mention explicite est un accord du 14 mai 1490 entre Jehan de Chabannes, Seigneur de Courtenay, et Loys de Blanchefort, abbé de Ferrières, réglant les limites respectives de leur deux seigneuries : "du carrefour de Boischemin (sur l'ancienne route Montargis - Courtenay) en tirant vers le soleil couchant selon le grand chemin qui va de Montargis jusqu'à la vallée et pierre du Carreau près La Chapelle Saint Sépulcre". Il est possible que ce soit un morceau de ce menhir qui a été dégagé devant l'église où il aurait été amené lors de l'édification de la nouvelle route, la nationale, pour marquer le nouveau carrefour.

L'âge préhistorique s'est prolongé au déjà de la pierre polie et des menhirs par les âges du bronze et du fer. On a retrouvé une cache de haches de bronze aux Essarts. Ces objets doivent dater de 800 avant J.C. Nous avons ainsi, à l'âge du fer, quitté la préhistoire pour retrouver les Gaulois.

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Antiquité : Gaulois et Romains

Durant un millénaire (d'environ 600 avant J.C.: les Gaulois, à autour de 500 de notre ère : période de l'installation des Francs) la civilisation est celle du fer.

Comme une grande partie du Gâtinais, la région de La Chapelle Saint Sépulcre se caractérise par une certaine teneur en oxydes de fer dans les couches superficielles du sol. L'extraction de terres ferrugineuses et leur traitement dans des bas fourneaux primitifs est donc probable à une époque où le fer était une nouveauté et un produit très apprécié et cher. Par contre aucune trouvaille d'objet en fer n'a pu confirmer cette présence.

Cependant vers 1885, à 50 mètres environ de la limite de la forêt et des terres de La Chapelle Saint Sépulcre et à même distance à l'Est de la route de Paucourt à La Chapelle, existait une sorte de ballastière de gros silex apportés de main d'homme sur cet emplacement qui n'en contient pas naturellement. Ces cailloux furent alors employés à la réfection des chemins du bourg. Dans une cavité, un peu au dessous du sol naturel et un peu au Sud de la ballastière, des ouvriers trouvèrent dans une terre blanche friable (chaux, plâtre ou cendres ?) un fer de lance rouillé, des débris d'armes de fer et plusieurs centaines de pièces gallo-romaines en bronze du XI ème siècle.

De la ballastière ne restait, en 1926, qu'une couronne de cailloux de plus de 25 mètres de diamètre, le tas ayant la forme d'un tronc de cône avant l'opération. R. Gourdin voyait alors dans ce "tumulus" funéraire la sépulture d'un chef militaire gallo-romain. Toute imprécise que soit cette découverte, elle va dans le sens de l'attribution locale aux Romains de la construction de l'aberrante Route Montagneuse ou du moins de son premier tracé qui suivait le cours du Fondreau. Comme pas mal d'autres chemins, celui-ci existait avant la percée des allées rectilignes en forêt réalisée sur ordre des Ducs d'Orléans au tiers de XVIII ème siècle.

Les exécutants du Duc se sont vantés, après coup, d'avoir tracé les premiers cette route longeant le cours du Fondreau. Comme une parallèle, à mi pente, elle se heurte à tous les obstacles d'un val qui, lui, n'est pas parfaitement rectiligne, si bien que le constructeur en imposant une exacte ligne droite oblige le voyageur à escalader et à descendre sans cesse les déclivités entre le bas et le haut du val et réciproquement, d'où le nom de Route Montagneuse amplement mérité. Pour s'excuser de cette prouesse, ces exécutants soulignaient qu'elle avait été la première de leurs tentatives pour normaliser les allées. En fait le chemin existait auparavant. Mais ne l'ayant pas retrouvé partout et connaissant, peut être, mal la géographie exacte des lieux, les gens du Duc ont réalisé une ligne droite comme ce fut fréquemment le cas tant en forêt de Montargis que d'Orléans.

La route existait d'abord parce qu'elle faisait limite du domaine forestier du roi issu de celui des Courtenay, ce qui fait remonter son existence au moins aux débuts de ceux-ci, soit aux alentours de 1070. Plusieurs procès en parlent aux XIV ème et XV ème siècles (sans la nommer "montagneuse", mais sans qu'il y ait doute à son sujet). Et encore entre 1565 et 1585 lorsque les Rogres contestent le droit à Renée de France, à son fils Alphonse ainsi qu'à leurs officiers de sévir, au nom du roi, "par delà le chemin de la rivière en forêt de Montargis" pour tout délit de chasse ou concernant les bois du domaine limité "de temps immémorial" par ce chemin. De plus cette route existe encore en certaines portions où la forêt a été moins conquérante autour de Vaugouard et se poursuit, avec des lacunes, jusqu'au pont romain de Fontenay. Délaissant totalement Ferrières, ce chemin est antérieur à la ville.

Au delà de cette ligne, l'administration des concierges ne pouvait s'exercer qu'avec l'accord des seigneurs tréfonciers , en premier l'Abbé de Ferrières, ou de plus modestes comme les Rogres des Noues et de Caubert. Le Seigneur de Montargis (et par suite le Roi, ou Renée de France) n'exerçait qu'une préséance parmi les seigneurs tréfonciers et initialement les sergenteries fieffées ne dépendaient pas toutes de Montargis (ainsi celle du Chat).

Bref, on a, dans ce chemin aboutissant près de la ballastière, la première réalisation connue pour traverser la forêt par l'intérieur. Quelle en était la raison ? La commodité sans doute. Dans ce cas, non seulement la clairière de La Chapelle Saint Sépulcre existait déjà, mais l'arrière pays entre la forêt et les Haies de Courtenay devait commencer à être dégagé et peuplé pour justifier ce travail non négligeable (surtout pour les Romains qui n'aimaient pas s'enfoncer dans les bois). On peut évoquer la surveillance. La contrée, dont les rus étaient consacrés à Belenos continuait à pratiquer son culte antique, ce qui avait le don d'irriter Rome. Mais on peut davantage invoquer des motifs pratiques : le besoin de bois d'oeuvre, de charbon de bois et de fer.

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Des Invasions à l'Epoque Franque

La fin de l'empire romain s'est produite après deux long siècles (de 240 à 476) de soubresauts et d'invasions qui ont totalement transformé la situation générale et la société d'alors.

Les invasions ont été surtout destructrices le long des axes de communications (voies romaines), par contre les territoires purement ruraux et à l'écart comme l'Hermois paraissent avoir moins souffert directement des envahisseurs visant manifestement les villes. Mais ils ont partagé fatalement les privations résultant de la fin de toute circulation. Pendant huit ou neuf générations l'ordre général fut renversé : la sécurité devenant chose rare, imposant de demeurer plus que jamais renfermé dans son terroir.

Au delà des Vandales, Huns, Wisigoths, Burgondes et Alains, les autochtones entre tous ces maux choisirent le moindre et s'accordèrent avec ceux qui devinrent leurs défenseurs : les Francs.

La période franque a laissé des noms de lieux, qui même s'ils n'ont pas toujours été habités à cet époque, nous sont parvenus : les Bonnards.

Cette période fut celle du développement de la religion chrétienne autour de foyers tel Ferrières et la création des premières paroisses. L'Hermois est pratiquement comme une tache sans paroisse dans le Gâtinais. C'est le pays des solitaires, des ermites.

L'un d'eux avait le don de guérir les écrouelles (don qu'il aurait conféré à Clotaire fils de Clovis). Ce Marcouf, mort en 558, connu sous le nom de Saint Marcoul aura le patronage d'une source à La Chapelle Saint Sépulcre ayant des vertus curatives voisines du don laissé par lui au souverain.

Ce développement religieux se poursuivit durant toute la période mérovingienne avec pour aboutissement la création, en 636, de l'abbaye de Ferrières.

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Au Temps des Carolingiens

Cette période couvre approximativement trois siècles : de la fondation de l'abbaye de Ferrières (636) à la ruine de celle-ci lors de l'invasion hongroise en 935. Les événements qui ont marqué la région, à cette époque, se trouvent dépendant de la réussite et du rayonnement de cette paroisse.

Trois siècles marqués tant par les guerres civiles que par les menaces extérieures et les invasions : Arabes en 732, Saxons en 774, Normands de 840 à 911, Germains puis Hongrois.

Abbaye bénédictine, Ferrières (du latin ferrariae : les mines de fer ou la ville des forgerons) devient le coeur d'un centre d'extraction et de traitement du fer superficiel.

Ce réseau intéresse directement l'Hermois. La Chapelle Saint Sépulcre y fut sans doute associée, probablement pour l'utilisation de la force motrice de la retenue d'eau du Petit Etang (retenue sans doute construite par les moines de la celle de l'Hermois).

D'autre part le minerais et le métal, extrait dans la région, a du être acheminé vers l'abbaye de Ferrières par la voie rectiligne La Chapelle Saint Sépulcre - Ferrières, qui date sans doute de cette époque (probablement entre 860 et 935), même s'il est possible qu'elle ai été rectifiée par les équipes du Duc d'Orléans au XVIII ème siècle.

Cette voie semble toute assignée à ces transports à grande distance; elle donnait directement sur les toitures de l'abbatiale qu'on voyait luire à plus de deux lieues. A la différence de l'allée montagneuse "romaine", elle évitait aux charrois d'incessantes déclivités descendantes et montantes.

Cette voie fut également empruntée lors des échanges entre l'abbaye de moines de Ferrières et la congrégation de religieuses de Gy (les Nonains).

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la Féodalité en Hermois (935-1085)

L'invasion hongroise de 935, marquant le début du déclin du rôle prépondérant joué par l'abbaye de Ferrières, ouvre, au moment où le royaume carolingien perd son autorité face aux seigneurs et à la féodalité naissante, la voie à une ère de conflits avivés par les convoitises des comtes du Gâtinais et de Sens ainsi que des châtelains de Courtenay et de Châteaurenard.

C'est à cette période que sont institués les doyennés dont les limites subsisteront jusqu'à la Révolution. Le territoire de La Chapelle Saint Sépulcre fait partie du doyenné de Ferrières, diocèse de Sens.

A cette époque, la population rurale était, à l'intérieur des paroisses , répartie en fiefs regroupant une cinquantaine de familles autour d'un seigneur protecteur.

Le fief de La Chapelle, nom qu'il ne prendra que plus tard, était sur le site seigneurial du Château du Chat ainsi nommé parce qu'à l'usage on en fit le fief d'une des six sergenteries fieffées de la forêt, celle du sergent des bêtes sauvages ayant à chasser (à l'aide de filets) les chats sauvages.

Ce château n'était pas un édifice en dur comme le devinrent les forts construits plus tard, à partir du XII ème siècle, mais probablement un petit château en bois établi sur un monticule, protégé par une ceinture de pieux et entouré d'un fossé.

Ce fief avait "son" village qui vivait sous la protection de son châtelain, autour d'une cour : la Cour des Laboureurs ainsi nommée jusqu'au XIII ème siècle et qui deviendra les Cours. Outre le cens , le châtelain, en échange de sa protection, jouissait d'avantages tel le droit de chasse sur un bois qu'il s'était approprié : le bois de la Garenne, à l'Ouest des Bonnards, laissant à la population le bois du Village, au Sud de l'Eglise.

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Le Moyen Age (1085-1345)

Le Moyen Age marqua la remise en cause de l'anarchie féodale; le Roi n'a t-il pas annexé le Gâtinais en 1106 ? La famille des Courtenay devenant un de ses vassaux les plus sûrs et participant activement aux Croisades. Après la deuxième Croisade (1147-1151) , le domaine des Courtenay passa à la famille royale. Le Roi Philippe Auguste obtient, de son cousin de Courtenay, en 1184, la seigneurie de Montargis (qui n'était qu'une dépendance peut importante du Château de La Motte de Châteaurenard appartenant aux Courtenay). Le territoire de La Chapelle Saint Sépulcre entre, par la même, dans la châtellenie de Montargis. A partir de cette date toute la région, et donc l'Hermois, est marquée par la présence de la famille royale et la fidélité aux Capétiens puis aux Valois.

C'est au cours de cette période, et nous verront comment, que fut fondée la chapelle qui a donné son nom au village de La Chapelle Saint Sépulcre.

Avec la guerre de Cent Ans (1337-1453), la région ne fut plus le lieu de séjour de la famille royale. En 1353, la châtellenie de Montargis est intégrée au duché d'Orléans qui vient d'être constitué.

De cette période date sans doute l'origine du nom du bois Féteau (de faîtier).

Au Moyen Age, supplantant les terroirs et les fiefs, les paroisses prennent de plus en plus d'importance. Ce développement est à rapprocher de celui de la religion : la population étant très marquée par l'influence des Croisades.

Autour de l'église, la population rurale se fixe et un bourg se développe même si ses dimensions restent inférieures à celles des hameaux voisins. Ainsi le bourg de La Chapelle Saint Sépulcre est resté longtemps plus modeste que l'ensemble des Harraults. La Chapelle qui venait de naître est encore loin des 330 habitants qu'elle atteindra au XIX ème siècle.

De la construction des églises et de la prise en main paroissiale par le clergé séculier date par voie de conséquence, l'organisation (ou plus exactement la réorganisation) d'un impôt destiné à l'entretien du curé : la dîme. A cet effet, la grange aux dîmes se situait, dans chaque bourg, à proximité immédiate de l'église ou, comme c'était le cas à La Chapelle, dans la cour commune : la Cour des Laboureurs devenue depuis les Cours.

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Saint Louis

Chacun sait que Saint Louis est à l'origine de La Chapelle Saint Sépulcre mais bien souvent la légende l'emporte sur la vérité historique.

L'index des actes nous révèle que, déjà en 1310, La Chapelle Saint Sépulcre portait intégralement ce nom et une enquête de 1272 nous indique les noms de quatorze témoins habitant "La Chapelle". Preuve que celle-ci existait donc à l'époque de Saint Louis (1226-1270), le nom de l'édifice s'étant étendu à la bourgade bien avant d'avoir acquis le rang paroissial.

Saint Louis et le Gâtinais

Si Louis IX (car tel est son véritable nom; il sera canonisé moins de 30 ans après sa mort) est né au château de Poissy en 1214, il va passer toute son enfance dans la Gâtinais.

La raison en est bien simple. Le Gâtinais est annexé au domaine royal depuis 1184 : à cette époque, les rois Capétiens ne possèdent en propre que la région de l'Ile de France jusqu'à Bourges. Or, la Cour Royale est composée d'environ 3 à 10 000 personnes ! Tous ces gens ne sont pas des oisifs : ils représentent l'administration royale et l'armée.

Pour nourrir cette population, il y a deux solutions : ou bien émigrer de château en château, de Saint Germain à Vincennes, d'Orléans à Paris, ou bien scinder cette Cour en deux : le Roi Philippe Auguste d'une part, et d'autre part son fils Louis10 (marié à Blanche de Castille), qui s'installera à Montargis.

C'est ainsi que le jeune Louis, le futur Saint, grandit dans le Gâtinais, entre Châlette où ses parents possèdent une maison, Lorris : au château des Salles domaine de Courpalet, et le château du Moulinet.

Il a passé plusieurs fois le Nouvel An, suivant la tradition de sa famille, au château de Montargis, restant une quinzaine de jours employés à chasser et à voir la souche de l'arbre qui avait fourni la grosse bûche mise dans la cheminée du château (lui-même devait encore satisfaire à cette coutume l'hiver 1256-57 semble-t-il et 1258-59).

Mais l'enfance n'a qu'un temps : en 1223 le terrible grand père Philippe Auguste meurt. Son fils Louis VIII accourt à Mantes pour voir le Roi expirer. Le Roi est mort ! Vive le Roi ! Mais Louis VIII meurt, à son tour, prématurément trois ans plus tard. Le petit Louis IX n'a que douze ans. Sa mère Blanche de Castille assure la Régence.

Sur le Chemin de La Chapelle

A partir de 1234, Saint Louis est majeur. La Reine Blanche se retire dans son douaire : le château de Chantecoq jusqu'en 1248.

Son fils va marquer son époque, tant à l'intérieur du pays où il fera régner l'ordre et la justice, qu'à l'extérieur de la France puisqu'il prendra part à la 7 ème et à la 8 ème Croisade. Pendant son absence, c'est Blanche qui revient de Chantecoq pour assurer la Régence. Mais elle meurt en 1252, Louis prisonnier du Sultan ne reverra pas sa mère.

Le 12 juin 1248, Louis IX, après trois années de préparatifs, va prendre l'oriflamme à Saint Denis, ce qui ouvre la 7 ème Croisade, et quitte le jour même Paris.

Le 15 (ou le 16) juin, Blanche de Castille, qui s'était montrée opposée à ce départ, est nommée régente du Royaume pour la deuxième fois à Corbeil où elle fait ses adieux à Saint Louis qui lui laisse la garde de ses enfants. Elle ne le reverra plus.

25 août, la flotte des Croisés quitte Aigues-Mortes (le Roi ayant gagné ce port par Sens, Vézelay et Lyon).

Le 4 juin 1249, après un hivernage à Chypre, arrivée de la flotte devant la côte égyptienne.

Le 6 avril 1250, désastre dit de Mansourah, Saint Louis est fait prisonnier par les Mamelouks.

6 mai 1250, évacuation de l'Egypte et libération du Roi après payement d'une forte rançon et la restitution de Damiette.

3 juillet 1250, arrivé à Acre le 14 mai, Saint Louis répond à un appel de Blanche de Castille, qui craignait une invasion anglaise de la France et lui demandait de revenir. Il lui fait part de sa résolution de demeurer en Syrie (il y restera encore 4 années).

En mai-juin 1251, "Croisade des Pastoureaux", mouvement populaire pour délivrer le Roi (que les Français croyaient toujours prisonnier) qui tourne en équipée anarchique parcourant la France de la Picardie à Bourges.

Fin novembre 1252, mort à Paris, à 65 ans, de la Régente Blanche de Castille.

Printemps 1253, Saint Louis apprend à Jaffa la mort de sa mère; il ne se résignera cependant à quitter la Terre Sainte qu'un an plus tard sur le conseil de Patriarche de Palestine.

Le 24 avril 1254, Saint Louis s'embarque à Acre pour la France le jour de ses 40 ans.

10 juillet, débarquement du Roi et des Croisés à Hyères.

Le 7 septembre, arrivée triomphale du Roi à Paris, après être passé par Saint Benoît sur Loire le 24 août, Lorris fin août, puis la vallée du Loing et Melun : résidence préférée de Blanche de Castille pour exercer sa régence.

Octobre-novembre, Saint Louis effectue plusieurs séjours en Gâtinais, notamment à Melun puis à Etampes en octobre.

Saint Louis est à Ferrières le 1er décembre 1254, il y reviendra le 6 décembre 1258, le 31 avril 1261, fin avril 1264 et le 28 janvier 1265.

Cet éphéméride permet de mieux comprendre la démarche du Souverain qui a précédé à la fondation de La Chapelle Saint Sépulcre. La 7 ème Croisade a duré exactement de la prise d'oriflamme à Saint Denis, le 12 juin 1248, jusqu'au retour à Saint Denis le 7 septembre 1254.

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La Légende de l'Origine de La Chapelle

Saint Louis rentrant en France en 1254, passe par Auxerre et Courtenay, par cette route qui n'est encore qu'un chemin et qui plus tard empierrée puis goudronnée deviendra la "Nationale 60".

A un moment en pleine descente, la route fait en coude brusque. Et que dit la légende ? Le cheval de Saint Louis est fourbu, nerveux. Et là, au fond du vallon coule une fontaine : le Roi y fait boire son cheval lequel requinqué hennit de plaisir.
- "Quelle est cette fontaine ?" demande le Roi.
- "Sire c'est la fontaine Saint Marcoul".

Alors Louis pris une hache, la lance à la volée et déclare :
- "Où cherra le fer, je veux que s'élève une chapelle qui portera mon nom".

Cette chapelle existe toujours, elle est devenue La Chapelle Saint Sépulcre.

Au delà de la Légende

Cette histoire est trop belle pour être vraie; d'autant plus qu'il est courant, à l'époque, d'expliquer le lieu de fondation d'une chapelle par le jet d'une lance ou d'une hache.

Ici la tradition, pour voiler une motivation trop élevée , trop compliquée à exprimer par de simples rapporteurs oraux de génération en génération, use d'un procédé classique de réduction des circonstances à un simple accident fortuit. Elle nous dit que le cheval du Roi était nerveux et que la rencontre de la fontaine Saint Marcoul, où le Souverain l'aurait fait boire, l'aurait immédiatement calmé... Le cheval qui fait un faux-pas buttant sur quelque relique ou statue cachée dans la mousse, ou qui rencontre une fontaine salvatrice appartient au fond commun des récits anciens, utilisé par le conteur lorsqu'il ne sait plus expliquer les vraies causes de l'événement dont il rapporte les faits matériels. Ce n'est qu'un procédé de récitant, aussi vieux que les histoires de "La grande Jument" gauloise ou de celle portant les Quatre Fils Aymon . Procédé qui n'était d'ailleurs pas sans aucun fondement : au temps des féodaux, des manants ayant retrouvé une statue enfouie lors des invasions normandes, le trouvère, au lieu de raconter qu'à la nouvelle le seigneur s'était précipité à cheval chez les manants pour la voir, insinuait que le destrier du chevalier avait heurté la statue et en attribuait tout le mérite au seigneur...

Il semble plus plausible que c'est par une dévotion spéciale à Saint Marcoul, que le pieux Roi fait ériger une chapelle près d'une source portant déjà le nom du Saint Ermite.

Cette chapelle a pu être, tout simplement, érigée sur le trajet du pèlerinage vers les Lieux Saints.

Quoiqu'il en soit, il est certain qu'une chapelle a été construite sous Saint Louis, car le lieu s'appelait déjà "La Chapelle" en 1272. Ce n'est qu'en 1310 que le nom de "La Chapelle Saint Sépulcre" apparait dans les chartes royales.

Que reste-t-il de l'ancienne chapelle du temps de Saint Louis ?

Des pans de murs plus épais, quelques ouvertures étroites laissant filtrer un peu de lumière. L'église, témoin du passé, a été maintes fois remaniée et agrandie. Un peu plus courte sans doute du côté de l'accès, la chapelle n'a pratiquement pas varié en ce qui concerne ses fenêtres latérales seulement restaurées du côté droit avec de la pierre tendre du pays. Par contre la grande fenêtre percée dans le chevet plat au début du XV ème siècle a enlevé tout reste de l'ancienne ouverture. L'église se signale également par deux contreforts, imités de ceux de l'église de Thorailles, vestiges probables de la fondation de cette dernière par un ordre chevaleresque : Hospitaliers ou Templiers, qui donnent une meilleure idée du matériaux d'origine. Mais comme on le voit, dans cet édifice, plus que ce qu'il a été et plus que son intérêt archéologique présent, comptent l'origine de sa fondation et de ses circonstances.

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Entre deux Croisades

Dès son retour en France (1254), plusieurs préoccupations retiennent le Roi. Il était si totalement pris par la passion de la Terre Sainte que ni l'annonce de graves événements en France : menaces d'Henri III d'Angleterre et révolte des Pastoureaux, ni même la mort de la Régente, sa mère, n'avaient pu le résoudre à revenir en son royaume. Il avait fallu pour cela l'intervention, au nom des Francs installés en Palestine, du Patriarche de Jérusalem, la plus haute autorité religieuse!

La plus urgente et la première de ses préoccupations est la reprise en main, par la confiance, des Français très bouleversés après l'avoir su longtemps prisonnier et sans nouvelles précises. Six années avaient passé depuis le départ, longues années pour un peuple instable en qui peut s'installer le doute. Mais le retour, notamment à Paris, a été triomphal malgré les morts nombreux et maintenant connus avec certitude puisqu'ils ne sont pas aux côtés de ceux qui reviennent. L'accueil populaire révèle que le Roi retrouvé signifie beaucoup plus que ces pertes, que Mansourah, que l'impression d'échec retiré de cette longue expédition. La confiance est intacte. Le souverain n'éprouve nul besoin de se montrer dans les nombreuses provinces qu'il n'a pas traversées sur son parcours d'Hyères à Paris; cela n'est pas nécessaire.

La seconde préoccupation est d'ordre international. Puisque la confiance à l'intérieur est aussi entière qu'au jour du départ, il faut la compléter par une égale confiance à l'extérieur. La pierre d'achoppement est, ici, la paix avec l'Angleterre qui a menacé la France d'une invasion. Menace relancée, après la mort de la Régente, du fait d'une guerre civile entre les héritiers du comte de Flandre (bataille de Walcheren le 4 juillet 1253, suivie de l'occupation de Valenciennes par Charles d'Anjou, ambitieux cadet du Roi de France). Cette négociation sera longue et difficile, obligeant le Roi à se rendre à Gand en 1255 pour la succession de Flandre et n'aboutissant à la paix (traité de Paris le 28 mai 1258, ratifié à Londres le 13 octobre 1259) qu'après des années de conversations.

Le Roi pour dénouer cet imbroglio, trouve la manière la plus directe d'ouvrir la négociation. Il invite Henri III à Paris (les deux souverains ont épousé les deux soeurs) pour s'entretenir en tête à tête, le roi anglais n'étant pas personnellement agressif. Dès que son beau-frère sera à Rouen, Eudes Rigaud, l'archevêque de la ville, ouvrira les contacts avec Simon de Montford, comte de Leicester, beau-frère du roi d'Angleterre. Mais Henri III n'arrivera à Paris qu'en décembre 1254, ce qui laisse un trimestre à Saint Louis.

Trois mois au cours desquels le Roi va, comme dans un pèlerinage, remettre ses pas dans ceux de Blanche de Castille, sa mère qui n'avait cessé d'être opposée à la Croisade. Pèlerinage en Gâtinais où il fit plusieurs séjours. Séjours à Lorrez le Bocage où étaient nés plusieurs enfants de Blanche de Castille, au Moulinet sa résidence préférée quand elle n'était encore que princesse où elle réfréna son fils dans sa passion pour sa femme : Marguerite de Provence, "la rose" chantée par Guillaume de Lorris en son célèbre "Roman" en 1225.

Dans une région qui ne pose aucun problème, hors des affaires courantes, le fils épouse le point de vue de sa mère avec la conclusion : "Comme elle avait raison !"

Le cycle de voyages en Gâtinais se termine avec l'arrivée prochaine d'Henri III à Paris. Saint Louis achève son pèlerinage en renouvelant son engagement vieux de 10 ans; c'est en effet le 23 août 1244 que les Français avaient perdu Jérusalem. Le temps que la nouvelle arrive, c'est en décembre que le Roi, au cours d'une grave maladie, avait pris la croix. Voulant, avant sa réalisation, illustrer son voeu de reconquérir Jérusalem, il lançait dans les mois suivants (en 1245) la construction de la Sainte Chapelle, consacrée le 26 avril 1248 à la veille de son départ pour la 7 ème Croisade.

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Qu'est-ce qu'une chapelle ?

Les premiers Rois de France pour leurs actes solennels avaient coutume, dès les Mérovingiens, de prêter serment sur une relique qu'ils vénéraient beaucoup et transportaient avec eux depuis Clovis : le Manteau de Saint Martin, en latin la cappa. Chapelle (capella) est le diminutif de cappa. Le nom du vêtement passa, en effet, insensiblement au lieu où il était conservé, "chapelle" ambulante des Mérovingiens d'abord, puis chapelle en dur d'Aix La Chapelle du temps des premiers Carolingiens. Enfin le mot fut étendu à tout lieu où il y avait une relique. La Sainte Chapelle était donc l'édifice provisoire où étaient réunies les reliques du Christ (en particulier la Couronne d'Epines), en attendant que le succès espéré de la Croisade permette de replacer à Jérusalem, dans un édifice qui serait définitif, tous les instruments de la Passion.

Si le Roi avait fait un voeu personnel en prenant la croix, par cette construction publique il engageait son peuple à le tenir avec lui.

Or, dix ans après, le 1er décembre 1254, le Roi est à Ferrières. Il a du terminer son pèlerinage à Montargis où certains de ses frères et soeurs étaient enterrés, à Bois le Roi où sa mère avait fait des séjours et à Chantecoq son douaire. Pendant des mois il a ressassé les arguments de sa mère contre la Croisade et la leçon à tirer de son échec outre-mer. Il est arrivé au moment où il lui faut regagner Paris car, avec la réception d'Henri III d'Angleterre, c'est le retour à la politique des hommes, fut-elle menée à la perfection comme le souhaitait Blanche de Castille. Le choix de Saint Louis est fait, mais comment l'exprimer ?

Croisé, son peuple l'a été; il l'a vu sous ses yeux combattre, souffrir et périr, ayant rempli son voeu. S'il demande que l'on considère son retour comme une simple interruption de sa croisade, il sait qu'on lui opposera à juste titre que le voeu populaire a été accompli et s'est achevé en revenant à Saint Denis. S'il propose une nouvelle croisade, un nouvel engagement, personne n'en voudra. Le 25 juin 1250 ayant réuni à Acre son Conseil et ses hauts barons, il ne s'en était trouvé que deux (le Maréchal Guillaume de Beaumont et Joinville) pour refuser le retour immédiat en France. Le 3 juillet suivant, le Roi fait part de sa décision de rester. L'état d'esprit n'a pas changé : Saint Louis sait qu'il est un homme presque seul en ce XIII ème siècle dont le génie architectural nous fait croire, à tort, qu'il avait la foi du siècle précédent.

Au demeurant, s'il propose une nouvelle croisade, il changera d'une manière défavorable les conditions de la négociation qu'il veut mener pour rétablir, en Europe, la confiance dans le Royaume de France. Ses interlocuteurs spéculeront sur l'éventualité d'un nouveau départ du Roi.

Lors de ses séjours à Ferrières, il a pu se rendre à la Fontaine Saint Marcoul et renouveler, en forêt, discrètement son voeu. Pour lui, prendre la croix ce n'est pas seulement partir outre-mer, mais c'est reconquérir Jérusalem. Et de fait, il mourra 16 ans plus tard devant Tunis en répétant : "Nous irons en Jérusalem, nous irons en Jérusalem" comme pour transmettre aux siens sa propre promesse et sa force. Par ce renouvellement de voeu, il s'engage donc à repartir.

Saint Louis est trop avisé pour ne pas savoir que ce sera long. Mais il ne sait pas encore que ce sera plus long qu'il ne l'imaginait. Quand il s'en apercevra, les négociations avec l'Angleterre, pour ne parler que d'elles, traînent au delà de son espoir. Il donnera, en 1256, la contre preuve de l'état d'esprit qui l'animait deux ans plus tôt. Las d'attendre, politiquement, une issue qui lui permette de mener une nouvelle croisade en Roi, il fait part à sa femme de son désir d'entrer dans un ordre : les Dominicains ou les Franciscains. Ses deux frères, Alphonse de Poitiers et Charles d'Anjou, bien formés à la conduite des affaires, seront régents jusqu'à la majorité prochaine de son fils aîné Louis. Marguerite de Provence soignera l'éducation de leurs dix enfants comme l'avait fait pour cinq d'entre eux Blanche de Castille pendant sa seconde régence. Quand à lui, ne pouvant être le Roi d'un peuple croisé, sous la bure d'un ordre mendiant il lancera l'appel à une nouvelle croisade européenne. Mais Marguerite de Provence se refuse à rompre le lien du mariage (ils auront d'ailleurs un onzième enfant) et le Dauphin Louis, qui donnait tant d'espoirs, meurt à 16 ans.

Pour l'instant, en 1254, le Roi ne songe pas à abandonner sa femme, car s'il pense que ce sera long, il croit que ce sera en Souverain qu'il mènera la 8 ème Croisade, l'heure venue. Et c'est typiquement en Roi, et d'une manière que ne pouvait concevoir qu'un Roi de France, qu'il s'engage. Il n'offre pas sa position de souverain comme il le fera deux ans plus tard. Il met en jeu ce qui est le plus intime à la personne royale en France : la faculté de guérir les écrouelles et autres maux apparentés que le Monarque reçoit dès l'instant où l'onction du sacre lui est donnée. Cette faculté c'est l'Ermite Saint Marcoul qui l'a apportée au Roi Clotaire. Depuis elle n'a fait défaut à aucun de ses successeurs. Voilà la raison du choix de cette fontaine. C'est par les dons que Saint Marcoul a donné aux Rois de France qu'il s'engage à conduire, en Roi de France, dès qu'il le pourra, une croisade nouvelle jusqu'à Jérusalem. Lui, Saint Louis, ne pouvait rien promettre sur quelque chose qui lui soit plus précieux.

Le Roi fait donc venir quelques scrofuleux de la région. Suivant la coutume, il impose les mains sur les plaies, manière d'associer son peuple dans ses représentants les plus simples et de donner un exemple concret du pouvoir mystérieux qu'il met en balance. Ce n'est pas son cheval qui est immédiatement calmé, mais l'un ou l'autre de ces malheureux qui s'accrochent à lui. Alors le Roi prend sa hache et, comme il est vigoureux, l'envoie à une soixantaine de mètres de là :
"Où cherra le fer, je veux que s'élève une chapelle en signe de mon engagement à délivrer le Saint Sépulcre!".

Il est évident, ne fût-ce qu'en raison de son humilité coutumière, que le Roi ne pouvait prononcer les paroles :
"qui portera mon nom".

Ce ne sera même que des siècles plus tard que la chapelle prendra le Saint Roi pour patron, ce qui repousse donc à cette époque (vers 1500) la modification de la formule pieusement conservée.

Les applaudissements des bûcherons, pâtres ou paysans du voisinage ont accompagné le jet d'arme de Saint Louis. Quelques mots aimables ou menus dons de circonstance aux uns et aux autres. Le Roi indique au bailli de l'abbaye de Ferrières, sur le territoire de laquelle il se trouve, quel genre de chapelle il désire et lui signale qu'il a laissé aux mains de l'abbé des reliques provenant du Saint Sépulcre qu'il a ramenées de Terre Sainte. Le soleil s'élève dans les arbres qui serrent de près la clairière ouverte en direction du ruisseau voisin. Et le Roi pique vers Ferrières suivi de sa petite escorte, vers les affaires de ce monde qu'il faut mener dans le sens voulu pour la réalisation du voeu qu'il vient, en ce qui le concerne, de renouveler. A l'achèvement de la Saint Chapelle de Paris, il était parti pour la 7 ème Croisade, puisse-t-il, quand cette modeste chapelle pratiquement inconnue de tous sera construite, être sur le départ pour la Croisade suivante, celle qui doit être décisive !

L'édifice a sans doute été rapidement élevé, simple vaisseau rectangulaire comme il se présente encore maintenant. Il était fini deux ans plus tard quand le Roi, voyant que les négociations n'avançaient pas, eut un instant la tentation, ou le rêve, de changer d'état en prenant la robe de bure pour mieux conduire à sa fin sa promesse. Entre 1255 et 1256, aucune preuve de sa visite au cours des travaux, sauf un passage, en février 1255, à Lorrez le Bocage. S'il en était autrement, on pourrait penser que non seulement il a fondé la chapelle, mais qu'il y a travaillé de ses mains. C'était en effet son habitude depuis sa jeunesse, quand il avait des moments de loisir et qu'il observait un chantier d'église, de se joindre aux maçons. Il avait acquis une certaine habilité pour ce genre de travaux. Il n'est pas exclu que notre usage de "poser la première pierre", inauguré par son petit-fils d'après les actes écrits qui en font mention, ne soit l'écho du goût qu'il avait communiqué à son propre fils, Philippe le Hardi. Un roi de cette époque était, à son exemple, capable de placer et de cimenter convenablement (et non symboliquement comme de nos jours) les premiers éléments du matériau employé.

Saint Louis y est-il revenu ? C'est probable. La Chancellerie mentionne sa présence à Ferrières le 6 décembre 1258 (mois où il est aussi à Montargis), le 31 août 1261, fin avril 1264 et le 28 janvier 1265. De plus il va de Lorrez le Bocage à Lorris (ou inversement) en juin 1262 ce qui suppose un autre passage à proximité. On le voit mal, si peu de temps après, oublier la fondation de son précédent passage et ne pas faire aux constructeurs l'honneur d'une visite à la chapelle qu'il leur avait commandée. Le Roi n'a pas fait que lancer la hache, il est sûrement venu prier, supplier qu'enfin cette croisade qu'il avait promise puisse avoir lieu.

Son voeu ne se réalisera pas, après avoir entamé une nouvelle croisade en 1267, le Saint Roi meurt du typhus à peine débarqué à Tunis en 1270.

Le 6 août 1297 le pape Boniface VIII promulgue la bulle de canonisation de Saint Louis, le 17 mai 1308 il est procédé au partage de ses reliques. C'est le moment où les chapelles Saint Louis se multiplient, notamment là où il a vécu (une trentaine d'églises ou chapelles Saint Louis nouvelles en Gâtinais). C'est à cette époque que l'appellation de chapelle du Saint Sépulcre se trouve consacrée. Aussitôt, le village, jusque là simplement nommé La Chapelle (actes de 1272) est devenu pour tous, devant cette révélation, La Chapelle Saint Sépulcre, ce qui est attesté par écrit en 1310 puis ensuite régulièrement, treize ans seulement après la canonisation du Roi, quatre années après le transfert du chef de Saint Louis en la Sainte Chapelle.

Pour les Chrétiens qui entendent ne pas rester sur la perte du dernier bastion franc en Terre Sainte (Saint Jean d'Acre en 1291) et de même que Saint Louis n'avait pas accepté son infortune de la 7 ème Croisade, l'initiative personnelle et secrète du Roi devient un exemple à suivre. Ils fondent des confréries du Saint Sépulcre, ils élèvent des églises et des autels du Saint Sépulcre. De même, Philippe III le Hardi et Philippe IV le Bel, mettant leurs pas dans ceux du Saint Roi, feront de nombreux séjours dans le Gâtinais (Ferrières, Chantecoq, Montargis, Châlette et au château de la Salle à Paucourt).

Deux siècles plus tard, la perspective des croisades totalement oubliée, l'autel de l'Eglise de La Chapelle Saint Sépulcre est placé sous la protection du Roi défunt.

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La Guerre de Cent Ans (1345-1455)

Après des siècles de croissance et de prospérité, par rapport à ce que les gens avaient connu avant, c'est une ère de régression due, pour une part à la Guerre de Cent Ans (1337-1453). Ere d'agitations et de grandes misères pour la population.

La Peste Noire

D'après le pouillé de 1350, La Chapelle Saint Sépulcre n'a pas encore acquis la dimension paroissiale et dépend à peu près certainement de Thorailles. Il n'y est fait mention que de la chapelle.

Premières souffrances dues à la Peste Noire de fin 1348 à 1350. Une nouvelle épidémie, moins dévastatrice, repassera une quinzaine d'années plus tard. Il est plus que probable que La Chapelle ait subi le sort commun, c'est à dire une perte de population, en moins de trois ans, allant du quart aux deux cinquièmes.

C'est donc dans un pays affreusement traumatisé que va s'abattre la Guerre de Cent Ans.

Un Déluge de Sang

Dans un acte du 23 avril 1355, La Chapelle Saint Sépulcre apparait comme une des sergenterie de la forêt : le sergent royal Symon de Saint Sépulcre ayant, sur ordre du Procureur du Roi à Ferrières, élargi Jehan Barre de Ferrières contre le désir de l'abbaye de le maintenir en prison.

Après le désastre de Poitiers en septembre 1356, tout se brouille en France. Etienne Marcel fomente une révolution à Paris, celle-ci s'étend à la campagne en Jacquerie et les armées anglaises opèrent partout avec sauvagerie sans rencontrer de résistance de la part d'un pays divisé et d'une population atterrée.

Tout ces faits touchent l'Hermois, notamment à travers les razzias, exactions et tueries dues à l'armée de Robin Canolle (Robert Knowles) qui après avoir détruit le château des Essarts, celui de la Martinière, les mottes de Louzouer et de Thorailles occupait le château royal de Chantecoq (31 octobre 1358).

Comme tous les bourgs de l'Hermois, La Chapelle Saint Sépulcre connu, du fait de ces dépravations, une réduction de sa population, d'après les taxes de 1393 elle n'était plus que de 40 habitants. C'est aux Anglo-Navarrais qu'elle doit la disparition de son premier château : le Château du Chat.

Jamais l'Hermois n'a connu pire malheur et Thorailles dont dépendait La Chapelle Saint Sépulcre fut probablement la paroisse la plus traumatisée par l'irruption de Canolle et de ses sévices.

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Une Génération de Misère (Charles V)

Pendant une vingtaine d'années, les armées successives (quatre ou cinq) venues d'Angleterre vont parcourir les campagnes en longues chevauchées destructrices. Le déclin de régions comme l'Hermois, même si les conflits ne les atteignent pas directement, va se poursuivre.

Pour lutter contre l'occupant, le chef local de la lutte : Guérin de Filemin, seigneur des Bourses et gruyer de la Forêt de Montargis, dut faire appel à Bertrand Duguesclin, le futur connétable, qui racheta, pour le compte du Roi, les forteresses de La Selle sur le Bied et de Châtenoy. L'intervention de ces deux hommes a mis un terme aux actions horribles des bandes dont le château des Flavigny, à La Selle sur le Bied, était devenu le repaire.

Au delà de 1364, l'Hermois, moins éprouvé par la guerre que les territoires voisins (à l'exception des deux villes de Châteaurenard et Montargis restées intactes) fut marqué de 1362 à 1365 par la peste, les gelées et les orages, puis en 1370, 1374 et 1381 par des famines.

35 Années de Trêve

Tout au long du règne de Charles V et même une partie de celui de Charles VI , le processus de paupérisation s'est accru. Les 35 années de quasi paix, de 1380 à Azincourt , seront largement insuffisantes pour réparer les dégâts avant que de nouveaux malheurs ne s'abattent sur une population bien mal remise des épreuves passées d'autant plus que celle-ci eu a subir les disettes de 1381, 1390, 1399 et 1410.

La pauvreté touche également le clergé; la plupart des paroisses de l'Hermois sont vacantes. La Chapelle Saint Sépulcre est à l'avenant. En 1393,le doyen la cite parmi les cures "vacantes et de nulle valeur", mais c'est implicitement sa première reconnaissance comme paroisse. D'ailleurs en 1406, le doyen indique explicitement l'intronisation d'un curé. En se hissant au rang paroissial, La Chapelle semble donc avoir tiré parti de l'enfoncement de Thorailles dont elle dépendait.

La Fin de la Guerre

Avec le désastre d'Azincourt, la guerre refait son entrée en force avec son cortège d'invasions, de désastres et de misères. Et même si l'Hermois ne semble pas directement atteint, tout le Gâtinais va subir cet état et verra passer les armées anglaises ou bourguignonnes et celles du Roi Charles VII avec Jeanne d'Arc.

En ces tristes années, la guerre n'est pas seule en cause. 1418, 1420-21, 1431, 1436 et surtout 1438 voient la famine à nouveau sévir.

Finalement en 1453, les Anglais sont chassés du royaume sauf de Calais qu'ils conservent jusqu'en 1458.

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Un Siècle de Renaissance Rurale (1455-1560)

Après les désastres de la Guerre de Cent Ans et l'accumulation des pertes humaines et des destructions commence une période de renaissance, point de départ de la société rurale qui ne s'est éteinte, qu'il y a peu, avec l'avènement du machinisme agricole.

Des Débuts Difficiles

La renaissance des zones anéanties a été très lente et même longue à se préciser. Il arrivait que non seulement des villages avaient été réduits à rien par la durée de la guerre et la misère, mais que d'autres villages moins intégralement touchés, mais cependant très dépeuplés, incapables de réagir vu le nombre trop faible de leurs bras, s'étiolèrent encore davantage dans la seconde moitié du XV ème siècle, manquant disparaître cinquante ans après la guerre alors que d'autres n'avaient cessé de se refaire. Cette persistance du déclin fut le trait commun de La Chapelle Saint Sépulcre et de Thorailles.

Bien qu'aucune statistique précise ne puisse être avancée de façon certaine, il est possible d'estimer qu'au lieu des 3600 habitants que comptait l'Hermois en 1330, on n'en retrouve plus que 600 vers 1450. Pendant cette période la population de La Chapelle tombe de 200 à 15 habitants tandis que celle de Thorailles passe de 400 à 25 (Chuelles : de 1200 à 275, La Selle en Hermois : de 1100 à 210 et Louzouer : de 600 à 75).

Sans conteste, La Chapelle Saint Sépulcre est, avec Thorailles, la plus touchée ou, plus exactement, la plus abandonnée proportionnellement. Jusqu'au début du XVI ème siècle aucun habitant de cette paroisse n'est mentionné par les comptes du doyenné de Ferrières qui pourtant en nomment beaucoup à des titres divers. Sans doute cette paroisse a-t-elle officiellement un desservant jusque vers 1455 (qui n'est peut-être qu'un curé voisin qui en a la charge), mais ensuite il n'en est même plus question dans les comptes. Mieux que cela, à partir de 1487 elle est régulièrement mentionnée jusqu'au début du siècle suivant comme "de nulle valeur et ne rapportant aucun fruit" au doyen de Ferrières à qui sont données les ressources des cures vacantes. Lors des visites décanales de 1489 à 1491, dont l'itinéraire précis et le procès-verbal du doyen sont connus, celui-ci passe au voisinage sans y aller, ni la mentionner. La Chapelle Saint Sépulcre est donc considérée comme chose inexistante -res nullius- jusqu'au début du XVI ème siècle.

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La Renaissance

Même si elle fut très lente, la restauration des campagnes a marqué la première moitié du XIV ème siècle. Cet essor, modeste, mais bien réel, a été favorisé par l'absence de conflits intérieurs et les guerres d'Italie et contre Charles Quint ne requéraient que très peu d'hommes (en moyenne un soldat pour deux paroisses).

Les fléaux périodiques semblent, également, épargner les populations. Aucune peste après celle de 1459 jusqu'en 1536, moment où elle réapparait par vague durant un siècle. Aucune famine depuis la fin de la guerre de Cent Ans jusqu'en 1500. Cependant l'essor de la population provoque de nouvelles périodes de disette qui toucheront la France pendant encore deux siècles. Se furent alors les famines de 1520-21, 1528-1534, 1548, 1556 et 1560. Ce retour, simultané et progressif, des famines et des pestes eu pour conséquence le ralentissement du taux de croissance de la population.

Au cours de cette période "heureuse" d'aisance (Louis XII fut "le père du peuple" en 1507), les bourgs autour des églises se développent, voyant apparaître les premiers bourgeois : gens de justice et de plume. Greffiers, Notaires, Procureurs et autres fonctionnaires ne furent jamais plus nombreux. C'est l'époque où l'on met par écrit les dernières coutumes; ainsi la coutume de Lorris qui régente La Chapelle Saint Sépulcre ainsi que Louzouer et Thorailles (1531). La châtellenie de Courtenay marquant une préférence temporaire pour la coutume de Sens, la châtellenie de Châteaurenard restant la seule, au Moyen Age, à respecter l'ancienne coutume abbatiale de Ferrières, partout abandonnée, elle se met à la coutume d'Orléans où se font les appels.

En 1539, François Ier impose, par l'ordonnance de Villers-Cotterêts, la tenue en français, à la place du latin, des registres paroissiaux en même temps qu'il officialise le français comme langue administrative.

Si jusqu'en 1530, les revenus des paysans ont connu une période de croissance, ceux-ci, ensuite, ne suivent plus l'inflation. La population continuant à augmenter, les terres deviennent insuffisantes pour maintenir la relative aisance passée d'autant plus que l'Etat commence à exiger des tailles énormes. Après l'apogée que connu le monde rural des années qui suivent 1500, on assiste alors au début d'une stagnation qui durera deux siècles.

En 1510, pour la dernière fois, le doyen de Ferrières répète comme il le fait depuis le début de ses comptes (1487) que la paroisse de La Chapelle Saint Sépulcre est " de nulle valeur et nulle de fruits" (seule, dans la région, Notre-Dame de Gonois reste plus longtemps dans le néant et va d'ailleurs disparaître).

Cette année fut celle de l'intronisation d'un curé. La cure était "vacante par la mort de son ultime possesseur", depuis si longtemps que le doyen n'en peut dire davantage.

1512, tonsure à Montargis, le 8 juillet de Mathurin Richoux.

1519, lettre d'inhumation de Jehan Liger.

1520, lettre d'inhumation de Richard Avinières.

Le 1er février 1525, transaction entre Etienne Bonnart, laboureur de La Chapelle, et Estienne Jaubert, laboureur de La Selle sur le Bied, agissant au nom de la veuve Bardeau, à la suite d'un procès intenté par l'official de Sens au premier (Minutes de Durand, notaire à Montargis).

1530, lors de la rédaction de la coutume de Lorris, frère Jacques de La Clayette, prieur de Courtenay, tant pour son prieuré que pour sa seigneurie de La Chapelle Saint Sépulcre, se fait représenter par son procureur montargois, Antoine Volturier, et par messire Pierre Gaudin, curé de La Chapelle; les habitants ne sont pas représentés.

Le 9 décembre 1542, vente par Guillaume Tribouillard, de Gy, à Pierre Girault, laboureur à La Chapelle (père du futur curé) de la coupe de trois quartiers de bois de haute futaie appelée le Bois Breton, près des Bonnards, tenant à Estienne Houdou, au vendeur, à Pierre Bonnard et à une aisance : pour 16 livres (minutes de Noël Filledier, notaire à Montargis).

1544, (minutes de Charles Hureau, notaire à Montargis) mentions de Denys Girault, laboureur, et d'Estienne Richou.

1551, amende à Laurent Girault, vicaire.

1552, lettre d'inhumation de Nicolas Greniaire.

Quoique limités, ces actes précisent que La Chapelle Saint Sépulcre, bien que moins touchée mais ne bénéficiant pas, comme d'autres paroisses, de protecteur notable est restée plus longtemps dans le néant que ses voisines en particulier Thorailles. La paroisse ne recommence à vivre réellement qu'en 1511 où elle porte enfin des fruits, 80 ans après Jeanne d'Arc et 153 après le triste passage de Canolle. L'église ayant un desservant, sa restauration date donc de cette époque.

Qui en fut le maître d'oeuvre ? Le prieur de Courtenay parait tout désigné puisqu'il était seigneur de La Chapelle. Cette dépendance du prieuré sur le plan féodal devait exister dès 1490, moment où Loys de Blanchefort, abbé de Ferrières, et Jehan de Chabannes, comte de Dammartin, seigneur de Courtenay (dit le "roi des Ecorcheurs"), s'accordent sur les limites de leurs châtellenies respectives.

Ainsi l'acte de délimitation du 14 mai 1490, dont les effets devaient durer jusqu'en 1790, précise : "Prendre du côté de l'église de Courtemaux et de Touraille au fil de l'eau de la rivière de Cléri.....du carrefour de Boischemin, tirant vers le soleil couchant selon le grand chemin qui va à Montargis jusqu'à la vallée et pierre du Carreau près La Chapelle Saint Sépulcre. Lesquels chemins demeurent à la châtellenie de Courtenay".

La Chapelle Saint Sépulcre semble, en effet, avoir été res nullius après la destruction du Château du Chat et on peut admettre qu'au moment de la reconquête des terres, le seigneur de Courtenay a fait un don à son prieuré en si mauvais état. Sur la terre donnée, les prieurs auraient élevé une maison de repos, ou une annexe, à mi chemin du carrefour actuel et du carrefour de la route nationale avec le chemin des Bonnards, première étape d'un nouveau château comme on dira ensuite. Et dans cette perspective, l'église restaurée pourrait être la chapelle du château; l'emprise des religieux de Courtenay devant s'affirmer durant un bon siècle.

La réfection de la chapelle n'a pas été de la même qualité que celle des églises des paroisses voisines telle Thorailles. Il s'agit d'une oeuvre beaucoup plus populaire et autochtone, correspondant mieux aux moyens modestes du prieuré de Courtenay qui allait attendre encore de longues années avant de réédifier sa propre église. Dans ces conditions on doit attribuer, notamment, à cette réfection, la grande fenêtre de chevet (dont 47 cm à la base ont été bouchés au XVIII ème siècle); peut être, également, la niche voisine (si elle n'était antérieure) ainsi que l'armoire de l'autre coté de l'autel qui était sans doute un reliquaire. Pour les fenêtres, cette réfection a apporté relativement peu de modifications : l'église n'avait pas du être particulièrement marquée par la guerre de Cent Ans, mais être surtout à l'abandon faute d'habitants. N'ayant pas de clocher (ce n'était qu'une chapelle au Moyen Age, considérée comme paroisse seulement après le passage de Canolle), elle resta ainsi. On s'arrêta à la hauteur du premier contrefort à partir de l'entrée et, durant tout le XVI ème siècle, elle demeure dans son allure de chapelle de château ou du moins d'annexe de prieuré. Elle n'en redevient pas moins cure. L'existence, également, d'une famille Bonnard confirme celle du hameau des Bonnards dès ces travaux.

Au cours de cette période de renaissance des campagnes, dans chaque bourg, la fabrique a un rôle très important, le curé joue le rôle de policier, remplace le crieur public et hors des offices religieux l'église est un lieu public : de nombreux spectacles et assemblées communales s'y tiennent. Foires, processions et fêtes religieuses nouent tout un tissus de relations privilégiées entre habitants d'une même région (d'un rayon de 7 lieues). Entre autres fêtes, sous Louis XII, la célébration de la Saint Louis repris de la vigueur à La Chapelle Saint Sépulcre.

A la veille des guerres de Religion après une croissance d'un siècle la population de l'Hermois est de l'ordre de 1800 habitants vers 1560, La Chapelle Saint Sépulcre en compte environ 75 tandis que Thorailles une centaine, Louzouer 300, La Selle en Hermois 550 et Chuelles approximativement 800.

La fin de la Renaissance est, du fait du repeuplement et de la dévalorisation des rapports de la terre, moins brillante que pour les générations précédentes. Le paysan est obligé de chercher des ressources nouvelles tel que le tissage à domicile du chanvre et de la laine afin de se procurer un salaire d'appoint. Le revenu de ses terres, morcelées et plus petites, est devenu insuffisant pour entretenir sa famille. Vers 1550, avec l'apparition de la pomme "renette" les premiers pommiers à cidre commencent à peupler le Gâtinais...

Les guerres de Religion vont donc frapper de plein fouet un univers encore bien fragile.

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Les Guerres de Religion (1560-1600)

Il n'y a pas eu de protestantisme populaire en Gâtinais comme dans certaines autres villes de la région telles Gien et Châtillon sur Loire. Le calvinisme ne s'y est introduit qu'à travers une large fraction des seigneurs. Pratiquement, dans le Gâtinais et en Hermois, seuls les officiers seigneuriaux et les familles liées de près au seigneurs ont été protestants.

Les habitants sont donc concernés par le choix de leur seigneur et en subissent souvent les conséquences qui en résultent. La Chapelle Saint Sépulcre, comme pour toutes les communes de l'Hermois, est donc tributaire de ses seigneurs. Depuis 1551, le châtelain de Courtenay est René de Boulainvilliers, comte de Faucambergue; il est très attaché à l'Amiral de Coligny châtelain de Châteaurenard. En 1556, Gabriel de Boulainvilliers, lui succède comme comte de Courtenay. Il suivra avec fougue les orientations religieuses du châtelain de Châteaurenard et deviendra un huguenot dangereux. Presque tous les vassaux du comte de Courtenay suivant leur châtelain, il n'y a pas de seigneur catholique en Hermois.

A Montargis, si la ville ne se détache jamais de son catholicisme, Renée de France est protestante, ce qui ne manquera pas d'être à l'origine de conflits. La seigneurie abbatiale de Ferrières reste catholique mais pas tous ses vassaux.

Le protestantisme est donc, dans la région, une affaire féodale, le catholicisme restant, à la veille des Guerres de Religions, majoritaire.

Une Région éprouvée par des Guerres et Calamités

Dès 1561 s'installe un climat de troubles; pas moins de huit guerres vont se succéder jusqu'en 1594 avec leur cortège d'invasions, de famines et d'épidémies de peste.

La région sera d'autant plus touchée que ses seigneurs seront les acteurs des guerres opposant les tenants de la réforme à ceux, avec le roi, partisans du catholicisme. Autour de Renée de France le château de Montargis sera une des places fortes du calvinisme. Pour leur part, Coligny et Boulainvilliers, à la tête de leurs troupes, seront très actifs dans les différents conflits. Le seigneur de Courtenay intervenant dès 1561 lors des événements de Sens, impliquant ainsi la région dans les guerres qui se préparent.

Situé entre les lieux de résistance huguenote, l'Hermois ne fut pas directement touché par les conflits mais plutôt par les conséquences des luttes entre seigneurs et le passage des armées et troupes appelées en renfort (allemandes notamment) avec leur suite de brigands, de famines et de maladies. Les petites périodes de paix relative ne furent pas suffisantes pour effacer les séquelles des guerres. Résultat, de presque quarante années difficiles, la dépopulation a été très sensible ainsi La Selle en Hermois qui comptait environ 550 habitants en 1560 n'en n'avait plus que 185 le 17 avril 1595.

La Chapelle pendant ces Guerres

Le village de La Chapelle Saint Sépulcre ainsi que son église ont échappé à la flambée de violences de 1652. Cette "campagne du prieuré de Courtenay" a même son notaire seigneurial, Antoine Marion, pendant les quatres années de trêve entre les premières et deuxièmes guerres. Le doyen de Ferrières Julien Caillat indique que le lieu n'a pas été éprouvé par la première invasion allemande de l'hiver 1567-68 et l'on a en 1571 quelques actes concernant deux laboureurs : Julien Deloince et Pierre Bonnard. La paroisse est même la seule en Hermois à acquitter normalement ses redevances décanales jusqu'en 1576 compris, ce qui laisse supposer que le contournement de la forêt de Montargis par l'armée de Jean-Casimir, se rendant de Saint Germain des Prés à Ferrières, ne s'est pas effectué au plus près de la forêt, les troupes ayant, sans doute, du passer plus à l'est de La Chapelle.

Par contre à partir de 1577, c'est le silence. La paroisse n'est plus desservie, sans doute en raison du manque de prêtres, et le lieu doit s'enfoncer dans les misères du temps et l'isolement, puisqu'au jour de la bataille de Vimory une des unités du duc de Guise, suivant l'ancienne route Courtenay - Montargis se perd en fin d'après-midi en arrivant dans la forêt et arrive à Montargis trop tard pour participer au combat.

Seule mention ensuite dans les papiers du château de Plateville : le 21 juin 1595, Marie Botellier, veuve de Thomas Desjeux, demeurant à La Chapelle, vend à Georges de Birat, seigneur de la Chize, gruyer et concierge de la forêt, un demi arpent labourable aux Souches ou Blois Clousier à La Chapelle, tenant aux héritiers de Loys Hirlay, à Mathurin Richou et à l'acheteur, en censive du prieur de Courtenay payable le 2 novembre. Le prieuré de Courtenay est donc toujours seigneur de La Chapelle Saint Sépulcre, il y a des habitants résidents, le concierge tend à agrandir la gruerie et le bourg n'est plus qu'un hameau. Cependant une assemblée d'habitants la même année signale qu'il y a un "marchais commun" et conserve une fabrique, administrant les biens de l'église en souffrance, dont les responsables sont Mathurin Pithou et Simon Richou.

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Le Renouveau Catholique et la Fronde (1600-1660)

Les soixante premières années du XVII ème siècle constituèrent plus qu'une restauration, ce fut un véritable grandissement de l'institution paroissiale. Le protestantisme vaincu, la Contre Réforme prend la place avec le renouveau catholique et une piété accrue. Souverain converti, Henri IV, dont l'entourage est presque exclusivement catholique montre l'exemple de ce retour à la dévotion.

Le curé voit son autorité grandir ainsi que le respect qui lui est témoigné. Après le Concile de Trente il va recevoir une formation religieuse plus profonde. Les registres paroissiaux vont être mieux tenus.

Ainsi ceux de La Chapelle Saint Sépulcre remontent à 1623. La paroisse, un temps desservie par les curés de Thorailles, ceux-ci inscrivait dans le registre de cette dernière ce qui concernait La Chapelle. Nous savons que vers 1670 un curé de La Chapelle Saint Sépulcre les recopia.

Le Gâtinais avec Montargis connait un fort taux de gens d'église (un pour 25 habitants). De nombreux couvents se créent, les anciens, tel Ferrières et Gy, connaissent un renouveau. Le clergé séculier est également en nombre et les paroisses sont moins privées de prêtres.

Après les mauvaises heures de 1652 (la Fronde), le bourg est amoindri et la paroisse, qui ne peut sans doute plus héberger un prêtre, est desservie par Thorailles qui possède un curé (Louis Marteau de juin 1655 à novembre 1659 puis Martin Duval en 1661) assisté d'un vicaire (Noël Chaufour de 1657 à 1663) destiné à desservir La Chapelle Saint Sépulcre.


Même si le règne d'Henri IV fut le début d'une période de paix intérieure, elle n'a toutefois pas été sans troubles et difficultés (peste, famine, émeutes locales) :
1615 : "Grandes chaleurs" les 31 juillet, 9 août et 13 septembre; toutes les paroisses vont en pèlerinage à Ferrières pour faire venir la pluie.
1617 à 1652 : de nombreuses années avec des "Moissons calamiteuses" causes de disettes souvent accompagnées de révoltes.
1626 : Epidémie de peste à Gien, Montargis et environs.
1635 : Guerre de Trente Ans, le Gâtinais est un quartier de repos pour les troupes pendant une dizaine d'années (nombreux incidents). Ainsi la cavalerie est installée à La Selle en Hermois.
1648 : Début de la Fronde; les armées opèrent dans la région d'où de nouvelles épreuves pour la population en particulier en 1652 où l'armée des princes comprenant de nombreux Allemands agit sans mansuétude dans le Gâtinais.

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La Restauration des Eglises

Au cours des quarante années de troubles et de guerres de la fin du XVI ème siècle, les édifices religieux ont énormément souffert. Cependant il n'est pas toujours aisé, aujourd'hui, d'évaluer la gravité des dommages et l'importance et la date des travaux de restauration des églises.

A La Chapelle Saint Sépulcre, le seigneur était le prieur de Saint Pierre de Courtenay. Il avait peu de possibilité de faire respecter ses droits au temps des guerres et ensuite que de les vendre pour assurer des ressources à son principal : l'église de Courtenay. D'ailleurs les registres paroissiaux mentionnent le 8 novembre 1624 Louis des Prez, écuyer, comme seigneur de La Chapelle, suivi de ses descendants. La prise de possession par la famille des Prez, établis à Préfontaines depuis un siècle, est postérieure au mariage, le 8 février 1580, de Prégent des Prez, seigneur de Villereau, avec Marie de Sainctray , les parents de Louis des Prez.

A la veille des guerres le desservant (le vicaire) de la paroisse était sans doute désigné par le prieur de Courtenay. L'église n'ayant probablement que peu souffert, le prieur qui n'avait pas perdu ses droits de patronage religieux s'efforça d'attirer l'attention sur son ancienne desserte qui, comme après la guerre de Cent Ans, devait être certainement la dernière à voir les travaux de restauration démarrer.

L'abbé Patron rapporte, alors, "qu'une chapelle fondée en l'honneur du Saint Sépulcre, à deux lieues de Courtenay, par André Brumié, curé d'Ervauville, qui avait fait le pèlerinage de Jérusalem". Il faut comprendre que c'est Ervauville qui est à deux lieues de Courtenay et que la dite chapelle avait été rendue au culte et non créée de toutes pièces. Quand au pèlerinage à Jérusalem, il est plausible.

Au tout début du XVII ème siècle, le cardinal du Terron, ambassadeur à Rome avant de devenir archevêque de Sens, favorise les pèlerinages en Terre Sainte sous la houlette des capucins. Ce mouvement fera naître, saint Vincent de Paul aidant, l'ordre des Lazaristes dont les missions étrangères débuteront vers le Proche Orient. Un des prêtres diocésains du cardinal ayant été à Jérusalem, peut-être avec son appui, il n'est pas étonnant qu'à son retour, à la manière en quelque sorte de Saint Louis, ce prêtre ait fait le nécessaire pour rendre l'église à sa destination première, quitte à la desservir, lui même, comme une annexe un peu à l'écart d'Ervauville, voire à y lancer des travaux, sa situation lui ayant permis, dès avant son départ, de savoir les préoccupations du prieur de Courtenay à ce sujet.

Cet événement doit se situer quelques années après 1606. Or, depuis l'assassinat de Henri IV en 1610, la France, avec Louis XIII, retrouve un souverain porteur du nom du fondateur de La Chapelle Saint Sépulcre (ce qui ne s'était pas vu depuis un siècle et allait demeurer constant jusqu'à la révolution). Le brave curé, en faisant revivre cet édifice voué au Saint Sépulcre, retrouvait vite, en échange, la ferveur locale pour Saint Louis , renforcée par l'avènement d'un souverain enfant (10 ans) homonyme. On rétablissait alors le saint roi - quelque peu oublié tout au long du XVI ème siècle - comme une sorte de patron du Royaume.

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Les Célébrations de la Saint Louis

L'entreprise de l'abbé André Brumié est continuée après lui (en 1623, Etienne Mercier est curé) et au delà de ce qui était prévu initialement. L'église qui n'avait jamais été qu'une chapelle sans clocher en est dotée, ce qui la prolonge jusqu'à sa taille actuelle. Cet agrandissement était plus que nécessaire : l'affluence à la fête du saint, se confondant avec celle du souverain régnant, devait même dépasser la nouvelle contenance de l'édifice d'ou la création de quatre ouvertures en façade, de part et d'autre de la porte, à 1,15 mètre de hauteur. Ces ouvertures sont percées dans un mur d'égale épaisseur et ont chacunes vingt centimètres de section. Elles permettent, de l'extérieur qui sera protégé par un auvent, d'être compté comme assistant ou de participer aux offices, de suivre les ostensions de reliques ou d'adorer le Saint Sacrement.

La ferveur était en effet très vive dans les années 20 à 30 du siècle, ferveur due sans doute aux secousses des cataclysmes naturels et le renouveau momentané des luttes protestantes jusqu'à la paix d'Alès (1629), rappelant les pénibles souvenirs du passé. Les pères Pénitents de Courtenay, appelés en cette ville le 1er janvier 1626 ainsi qu'à Saint Hilaire, le même jour, par une assemblée d'habitants présidée par Claude Cordelle, captèrent cette ferveur dès leur arrivée, comme des envoyés du prieur de Courtenay.

La trace de leur intervention en l'église de La Chapelle Saint Sépulcre est visible. Conformément à leurs méthodes franciscaines d'apostolat des foules, ils ont fait faire le revêtement mural rouge, uniforme sur toute la surface derrière l'autel, faisant une toile de fond tranchée pour les assistants tant de l'intérieur que de l'extérieur. La fresque sur bois, sur le mur de gauche au bas de la nef doit aussi leur être attribuée. Ils avaient saisi le parti populaire à tirer de l'ancestrale vénération portée ici à Saint Marcoul, guérisseur des écrouelles, comme les souverains eux-mêmes, ce qui ne pouvait qu'accroître l'attirance vers ce sanctuaire rénové. La véritable signature des Pénitents demeure la statue en bois du saint, au bas de la nef, portant la barbe comme ces Picpuciens et habillé, comme eux, à la franciscaine.

A côté d'une source, objet de pèlerinages depuis des siècles, associer dans un même édifice la guérison des écrouelles et le souverain était, en ces années, d'une extrême habilité. Disons ici que la pratique du "toucher" des écrouelles est mentionné par écrit pour la première fois à propos de Robert le Pieux. Son historien, le moine Helgaud, écrit alors : "De sa très pieuse main touchant les plaies des infirmes et faisant sur eux le signe de la sainte Croix, il les délivrait de la douleur et de la maladie". A partir de son petit fils, Philippe Ier, ce don de guérison est mentionné sans interruption, même par actes notariés, jusqu'à la Révolution.

Ce rite qui procède de la croyance en un pouvoir spécifique du roi, hérité de Saint Marcoul, arrive à son stade ultime quand, le 29 mai 1484, le doyen du chapitre de Reims, haranguant à la porte de la ville le petit Charles VIII qui venait se faire sacrer, affirme que l'onction royale qu'il va recevoir en est la source. A l'époque de Louis XIII, c'est la croyance commune. A La Chapelle Saint Sépulcre on vénère donc Louis XIII dans Saint Louis et ses pouvoirs dans Saint Marcoul.

L'abbé Patron tient pour authentique le fait que le père Antonin, gardien des Pères Pénitents à Sens, ait béni avec la permission de l'archevêque, le 25 mai 1627, l'église rendue précédemment au culte par le curé Brumié. Les Pénitents sont, au demeurant, discrets à La Chapelle : leur concours ne se produit ensuite que deux fois par an, aux fêtes des deux saints - Louis et Marcoul - transformant ce lieu modeste en centre de pardon et de cérémonie avec exhortation dont ils fournissent le prédicateur et les officiants.

En septembre 1645, le curé Dumoulin donne une précision complémentaire : il baptise un enfant de Jean Adam "sur les fonds de Saint Louis de la Chapelle Saint Sépulchre", cette mention n'ayant, sans doute été précisée que pour indiquer qu'il dispose de nouveaux fonts baptismaux.

En 1636, est également baptisé à La Chapelle l'enfant du "meunier de Chalot du côté de Sens" et en 1643, y est enterré Alluar, chirurgien de Beaune en Gâtinais.

Pendant cette période de restauration, la fabrique, comme dans les autres paroisses reçoit, en don, quelques petits morceaux de terre disséminés, de faible rapport (malgré la location à l'enchérisseur le plus offrant) mais exigeant en soucis. Ainsi la pièce des Frères, sur le côté nord de la route nationale, au carrefour du chemin de Saint Germain, porte le souvenir d'un don aux Pères Pénitents avant 1660. L'administration des biens de la fabrique était confiée, pour deux années de suite, à deux marguilliers .

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La Population

Au total l'Hermois, en 1660, compte environ 1720 habitants, soit une centaine de moins qu'en 1560 et la moitié de la population du début de XIV ème siècle, mais au moins 500 de plus qu'en 1595. La région, sous Louis XIV, avec ses églises restaurées est encore bien en convalescence et humainement sensible aux chocs. Les progrès sont toutefois sensibles depuis la fin des guerres de Religion.

La Chapelle Saint Sépulcre passe de 115 à 175 habitants et surclasse Thorailles (90) qui ne cessera plus d'être la lanterne rouge.

Dès le règne de Henri IV, durant vingt ans, une faible mortalité - les malades et les personnes de faible constitution ayant été décimés pendant les années de misère - et une forte natalité permettent une remontée rapide de la population.

Sa Vie

A La Chapelle Saint Sépulcre, il n'y a que peu de trace concernant ses habitants et leurs occupations. Sauf exception, on ne relève que des patronymes, sans indication de profession et de localisation : Adam, Bailly, Bucheron, Bouloy, Challot, Chartbuy, Choquet, Daniot, Demené, Desjeux, Dupré, Fortier, Girault, Henry, Hirlé, Joyneau, Judon, Landry, La Servantière, Laurent, Le Fendeur, Le Gay, Le Hongre, Le Pouat, Lioret, Loyer, Moreau, Nesplier, Patouillat, Perault, Pillet, Pohu, Du Pont, Prévoston, Quarré, Tondouze, Vilaine.

Certains de ces patronymes sont représentés par plusieurs chefs de familles : on rencontre quatre Desjeux en même temps; il y a également plusieurs gardes de la forêt : ainsi Charles Fortier et Sébastien Landry. Quant à Adam du Pont, présent au moins de 1623 à 1643, huissier de chambre du roi, marié à Marie Buzard, habitant le castel des Des Prez à La Chapelle, il est, avec son épouse, le point d'appui de la rénovation religieuse de La Chapelle Saint Sépulcre et sans doute le lien direct entre le roi Louis XIII et la rénovation de culte de Saint Louis et de Saint Marcoul.

Les Nobles

Ils étaient sortis très abattus des guerres de Religion et de leurs séquelles, les levées de boucliers de la régence de Marie de Médicis et de la Fronde. Les diverses campagnes à travers le pays les avaient souvent décimés ou ruinés. Les guerres en avait fait des "bohèmes" plus aptes aux chevauchées qu'aux belles manières. Les nobles ruraux étaient dépenaillés, couverts de dettes, souvent très frustres, d'éducation souvent nulle (un tiers d'entre eux ne savaient pas signer les registres entre 1600 et 1630) et parfois d'intelligence sommaire. Leurs épouses étaient à leur image, courant les campagnes à cheval, parfois indépendantes jusqu'à l'infidélité (d'autant que nombre d'anciens combattants chérissaient également chiens, chevaux et épouse), et d'une incapacité notoire à gérer le ménage de leurs maisons. On est, ainsi souvent, très éloigné des gentilshommes campagnards de la première moitié du XVI ème siècle décrits par Pierre de Vaissière comme l'apogée de l'aristocratie rurale. La noblesse mettra une soixantaine d'années à se remettre de ce bouleversement.

En Hermois le changement n'est pas aussi éclatant car la situation des nobles n'était déjà pas très brillante au XVI ème siècle (faibles ressources et éducation médiocre) et l'évolution durera jusqu'au delà de 1660. La nouvelle "discipline" de la noblesse viendra de la ville, ou, à défaut, du mariage avec des filles de bourgeois apportant aisance et rectitude, propreté et éducation, goût paternel des offices se traduisant pour l'époux en incitation à entrer au service du roi, assurant des revenus fixes, et avec l'uniforme le respect de l'ordre. Mais il y a également de pauvres hères, vétilleux sur les signes de respect qu'on leur doit, moins riches et plus rétrogrades que leur régisseur, pas mieux dotés que leur laboureur et oisifs dans ce qui n'est même plus un château.

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L'EXEMPLE DE LA FAMILLE DES PREZ : Une vieille famille prolifique et ruinée.

Le cas de le dégénérescence nobiliaire de la famille Des Prez est caractéristique. Vieille famille noble depuis la fin de la guerre de Cent Ans, sa 7 ème génération, vers 1570, est constituée par :
- Prégent, le cadet, seigneur de Villereau, seul à avoir une descendance,
- Jacques, le benjamin, établi par le roi garde des cerfs du Gâtinais,
- Philippa, la fille, mariée à Mathurin de La Chapelle, apportant à la famille le temporel de la seigneurie que le prieur de Courtenay avait à La Chapelle Saint Sépulcre.

Mais la guerre a détruit Bésigny et la majeure partie des biens familiaux qui étaient à Jean. Prégent regroupe tout le reste (sauf Préfontaines, perdu en dot). En 1608, à la veille de son décès, son bien principal est à Louzouer le fief des Noues (La Chaise). Sa veuve, Marie de Saint Trivier étant encore mentionne à La Chapelle en 1624, et à Châteaurenard en 1629. Les Noues viennent de Jacques qui a tourné la famille vers la forêt de Montargis. Cinq enfants sont nés de Prégent : Jean, Philippe, Adrienne, Louis et Pierre.

A la huitième génération, Jean succède à son père en 1609 comme seigneur de Villereau, demeurant à La Chapelle; puis par mariage devient seigneur de Mondreville - sa femme est Rachel Moireau -, aide de camp des armées de Sa Majesté depuis le siège de La Rochelle, c'est l'homme de confiance de Mazarin qui refuse de rendre le château de Montargis en 1652. Depuis longtemps à l'écart de l'Hermois, on ne le retrouve plus par la suite.
- Philippe, marié à Françoise de Beauregard le 6 juin 1622, s'installe à son tour à La Chapelle comme seigneur de la Gruerie (héritage de son oncle Jacques), puis de Villereau que lui a cédé son aîné avant 1632. Il meurt entre 1635 et 1638. De ses quatre enfants nés à La Chapelle Saint Sépulcre, Philippe en 1627, puis César (qui seul survivra), Gilles en 1632 et Pierre en 1635, on ne sait presque rien. Mais Françoise de Beauregard reste à La Chapelle jusque vers 1640.
- Adrienne, née peu avant 1600, est marraine à Louzouer en 1608, et à l'origine par mariage du passage de la seigneurie des Noues à la famille Ozon.
- Louis, exact contemporain de Louis XII, épouse Lionne de Brouard, famille de Monceaux, le 16 avril 1619. Homme d'armes de la compagnie du marquis de Bussy, se disant seigneur de La Chapelle, il a disparu très tôt (on n'a plus signe de lui après 1624). Il ne laisse qu'une fille, Louise (voir ci après).
- Pierre, enfin, marié d'abord à Madeleine de Tournemire (née à Châteaurenard le 7 décembre 1602), réside en premier à La Chapelle où naissent ses enfants : Pierre (qui seul aura des descendants), Marguerite morte à Louzouer en 1651, Louis né en 1624 et Madeleine en 1625. Remarié à Anne Saget, fille d'une riche famille montargoise qui a des biens aux Richoux, il a d'autres enfants dont Etienne, médecin, sieur de La Barre, concierge du château de Montargis et gouverneur pour le roi de la ville depuis sa majorité, il réside en fait à La Chaise et se dit souvent seigneur des Noues, demeurant concierge jusqu'à son décès en 1669.

En cette huitième génération tout semble normal, mais à la neuvième, la dégradation est sensible :
- César, fils de Philippe, seigneur de la Gruerie en 1655, de La Chapelle à partir de 1658, se marie à Catherine de La Renaudière, fille de François, collectionneur de seigneuries fictives qui vit chez son beau-père, de Lucas de Cursel, lui même petit noble miséreux qui n'a que sa propriété des Cornes (on disait Corgnes) perdu entre les Passerats et Louzouer, avec deux ou trois familles pauvres (y compris le garde bêtes). Or César, médiocre forestier, liquide La Chapelle et vient s'installer là avec plusieurs enfants puis Catherine, Françoise et Pierre nés à Louzouer entre 1667 et 1670. C'est la déchéance.
- Louise, fille de Louis, célibataire, est aussi installée à Louzouer en 1671.
- Pierre, fils du concierge, entretenu également aux Noues, a cinq enfants majeurs (sans parler de ses soeurs dont certaines survivent aussi à Louzouer encore en 1656). Ce ne sont que des filles : Françoise, Anne, Marie, Claude et Catherine nées de 1640 à 1647, qui toutes se marieront sur place et auront plusieurs enfants. Là aussi c'est la débandade en dépit de l'assistance du concierge et de la bonne volonté des Ozon.

Dixième génération :
- Françoise est mariée à Jean de L'Espine, qui se fait appeler alors seigneur des Noues, petit fils d'un Philibert de L'Espine, déjà noble impécunieux à Chuelles en 1607. En fait Jean vit modestement aux Febvres (aujourd'hui Feurres) à côté de la tuilerie.
- Anne épouse François de Boutevilain, maréchal des logis au régiment du duc d'Orléans, il s'intitule seigneur des Bardins : de l'ancien fief des Bardins à Thorailles ce qui lui vaut la suzeraineté sur les Des Prez des Cornes, vivant des produits de sa métairie au bourg de Louzouer.
- Marie s'unit à Henri de Lenfernat, d'une famille encore plus prolifique et démunie que les Des Prez. Il s'intitule seigneur de La Motte-Louzouer, résidant d'abord au bourg (maison Ballot). Mais son beau-père ayant la ferme de la Blanchonnerie (les Petits Blanchons à La Selle), le seigneur de La Motte-Louzouer y émigre.
- Claude, la quatrième fille, épouse Claude de Lanfernat, frère d'Henri et seigneur de La Motte-Presnoy à Presnoy, aussi défunte que La Motte-Louzouer. Ce ménage suit les vicissitudes du premier en quittant les Grands Ormes près du bourg de Louzouer, où il habitait d'abord, pour la Blanchonnerie. En 1672, les Lenfernat - Henri et Claude - avaient comme principal revenu 10 arpents de blé et 12 d'avoine.
- Catherine, mariée à Anne de Ceneton, seigneur de Boisrenier, également chétif, remplace sa soeur aux Grands Ormes.

Cependant le père, Pierre, vit à La Chaise, chez les Ozon, également nombreux, mais actifs à Montargis, dont les droits s'étendent aux Grandes Ormes. Tous ces Des Prez et alliés ont des enfants (et même des bâtards, tant du côté féminin que masculin) soit au total plus de trente personnes "vivant noblement", en fait oisifs et chasseurs, chacune de l'excédent de cinq à six autochtones au maximum. Car, sur Louzouer notamment, il y a d'autres propriétaires vivant des revenus locaux : aux Richoux, les Saget marchands de Montargis; aux Grouseliers (où il y avait une métairie, disparue comme aux Cornes), Georges Boloy procureur du présidial montargois; et par dessus le tout le seigneur de Louzouer, comte de La Selle sur Le Bied, Charles Petit, qui touchait les redevances principales.

Finalement de 1660 à 1675, la paroisse de Louzouer supporte le poids de ces nobles "déclassés" aux moeurs libres, surtout après le décès du concierge qui jusqu'alors était la providence de la lignée. Puis dans les dix ans qui suivent la mort de Pierre Des Prez - le concierge - tous les Des Prez disparaissent, par décès, sans laisser de trace, hors la famille du médecin.

Si cens et fermage ne permettent plus de "vivre noblement" sans fonction en ville ou au service du roi, on constate par contre la présence d'officiers qui, plus ou moins temporairement, ont un pied à terre en Hermois. Ainsi, par exemple, à Chuelles Claude Milard, cavalier du régiment du Coudroy vers 1668, beau frère de René de La Chapelle, seigneur de Montarlot. Il y a désormais d'autres nobles que les détenteurs des anciens fiefs locaux. A partir de 1660 commence également l'ère des régisseurs.

De Henri IV jusqu'à l'avènement de Louis XIV, sous les règnes de Louis XIII et Mazarin, le redressement du pays sera progressif et lent dans les campagnes. Par ailleurs, les renseignements sur la vie rurale à cette époque sont rares. De plus, les communications étaient mauvaises, les chemins en piteux état, surtout en période de pluies et de mauvais temps, ce qui ne facilitait pas les relations entre les villages; de ce fait l'Hermois avait très peu de rapports avec l'extérieur. Il faudra attendre l'Ancien Régime pour avoir plus d'informations sur la vie quotidienne des habitants.

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L'Ancien Régime (1660-1789)

Au cours de ce long siècle de paix intérieure, la vie quotidienne à La Chapelle Saint Sépulcre, comme dans les autres communes de la région, va connaître une période d'améliorations considérables, même si "le Grand Siècle", sous le règne de Louis XIV (1660-1715), peut nous paraître, aujourd'hui, au niveau de la population médiocre et "primitif". Le peuple retrouve les conditions favorables du XIII ème siècle.

La Peste Noire a disparu, mais subsistent toutefois des épidémies : typhoïde (1660), diphtérie, dysenterie, fièvres..., et les disettes liées aux aléas climatiques. Ainsi, l'été "pourri" de 1661 est à l'origine de l'anéantissement des récoltes et de l'exceptionnelle famine de 1662. De nouvelles mauvaises récoltes sont notées en 1674, 1677, 1678, 1679, 1681 et 1684 puis 1692 et 1693 avec une famine qui culmine en 1694. Les disettes reviennent en 1698 et 1699 puis, en 1709 et 1710, aggravées par le "grand hiver". En 1705, la dysenterie refait son apparition (depuis 1640) pour culminer en 1707, tandis que des "fièvres malignes" font des ravages entre la famine de 1709-10 et la disette de 1713-14.

Malgré tout, le XVIII ème siècle parvient à effacer les séquelles des calamités passées. La population retrouve le niveau de 1340, et, sous le règne de Louis XV (1715-1774), commence le vrai décollage qui sera la base du renouveau en attendant la révolution industrielle.

La Population de La Chapelle

De cette époque, très peu de chiffres précis existent, seulement des ordres de grandeur. Les 175 habitants de La Chapelle Saint Sépulcre avant la Fronde, rattachés à Thorailles de 1644 à 1663 inclus, ont certainement joué un rôle dans la suppression de la cure de la paroisse voisine qui ne comptait en 1787 que 25 communiants (soit le tiers de La Chapelle). Cette population a, comme ses voisines, subi les événements généraux qui ont marqués cette période. Après la crise de 1661-62, La Chapelle ne se ressaisit qu'en 1666 avec cinq mariages et treize baptêmes en 1668 (chiffres les plus élevés). Néanmoins, vers 1680, La Chapelle n'a pas retrouvé sa population précédente.

Si mal tenus que soient les registres de décès, on observe que le chiffre de dix enterrements n'est dépassé que trois fois : 13 décès en 1693, 14 en 1694 et 12 en 1710.

Sous le règne de Louis XVI, la tenue des registres étant meilleure, la natalité moyenne est de sept par an, la mortalité de cinq. A la Révolution, La Chapelle Saint Sépulcre compte près de 200 habitants.

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Le Château

Peu après 1670, s'est effectuée, à La Chapelle Saint Sépulcre, la succession des Des Prez (ou Desprez) au profit des Ozon, plus précisément de Pierre Ozon, sieur de La Borde, prévôt-lieutenant criminel à Montargis (et de son épouse Marie Caillard) qui, à des titres divers, semble avoir collectionné les fiefs entre Montargis et Courtenay, fiefs qu'il transmet ensuite à ses héritiers : Bois le Roy, Chasseval, La Chapelle, La Mort aux Juifs, les Moulinets, Les Noues, Pennery, Saint Loup d'Amilly,... Sans doute la veuve de César Desprez dut s'en assurer pour un temps la jouissance car, avant de se remarier en 1677, à Gilles Léger, bourgeois de Montebourg (près de Coutances), Catherine de Larnaudière, est-il précisé : "vit en son château de La Chapelle Saint Sépulcre". Ensuite La Chapelle devient le fief central des Ozon.

Après Pierre, le premier titulaire est sa fille Marie-Madeleine, baptisée à Montargis le 30 juin 1656, mariée le 26 septembre 1690 à Philippe Thévenin, seigneur de Verneuil. De fait, pendant une vacance de la cure de La Chapelle, on trouve le 4 août 1697, Madeleine Ozon, femme de Philippe Thévenin, comme marraine d'un enfant de Jean Borderon, garde-chasse du duc d'Orléans, de cette paroisse, l'acte étant passé à La Selle en Hermois. Le ménage a plusieurs enfants et, semble-t-il, a dû s'éteindre ou se fixer ailleurs (peut-être à Paris), au plus tard en 1727.

Mais, sans doute en raison de ce départ, ou de ce décès, une permutation familiale avait été réalisée. Marie-Geneviève Ozon, née peu avant 1700 du mariage entre Etienne Ozon, sieur de Lenfarnaux, maître des Eaux et Forêts, et Jeanne-Angélique Gellée, célébré le 17 septembre 1696, était devenue dame de La Chapelle. Elle avait épousé, un peu avant septembre 1721, Gabriel François de Maindreau. Le couple est toujours désigné sous de nom d'Ozon du Maindreau. Gabriel François de Maindreau est un bourgeois de Paris aux attributions mal connues, mais qui est signalé comme demeurant à Montargis dès 1726, ce qui laisserait croire à une permutation de ses biens parisiens contre La Chapelle avec Philippe Thévenin et Madeleine Ozon.

Le ménage Ozon de Maindreau ne semble pas avoir eu d'enfants ayant vécu longtemps; on note seulement la mention de l'enterrement de leurs deux filles à Saint Lazare d'Amilly le 30 janvier 1724 et le 18 mars 1726. Les Ozon de Maindreau vécurent à Montargis au moins une vingtaine d'années, mais dès cette période, les signes attestant qu'ils sont les seigneurs de La Chapelle Saint Sépulcre ne manquent pas. Ainsi en 1728-30, le marguillier de La Chapelle, Etienne Demené, dans les comptes de la fabrique de la paroisse, mentionne une recette venant d'Etienne Ozon, alors receveur du grenier à sel de Montargis. Le 15 novembre 1739, les registres paroissiaux du lieu citent le laboureur Jean Besaud comme "fermier de M. Ozon Dumaindreau". En 1740-42, le marguillier Edme David porte la même somme qu'en 1728-30 comme une "rente d'Ozon Dumaindreau".

Mais, pendant leur long séjour à Montargis, les Ozon de Maindreau mettent, à des conditions que nous ignorons, leur château de La Chapelle à la disposition de Charles d'Harlault, fils du concierge de Paucourt et employé de l'administration forestière du duc d'Orléans. Aussi l'instituteur Charron croyait-il, naguère, que Charles d'Harlault, sieur de Beaulieu comme son père Jacques, avait été seigneur de La Chapelle Saint Sépulcre "jusque vers 1730".

En fait, il a, d'après les registres paroissiaux, bénéficié du château de La Chapelle de 1728 à 1742. En 1729, il y épouse Marie-Anne, fille de Pierre Quinguet, garde forestier local. Ils ont plusieurs enfants puis l'épouse meurt le 28 octobre 1740. Remarié, le 2 décembre 1741 à Marie Chartier, veuve de l'ancien audiencier des Eaux et Forêts, Antoine Filledier, Charles d'Harlault est lui même enterré quelques mois plus tard, le 22 mars 1742, dans l'église de La Chapelle. Il avait 46 ans et, manifestement, depuis deux ans en particulier, était, pour la population, le seigneur local.

Un peu plus tard seulement, les Ozon de Maindreau s'établissent dans leur petit château et sont les derniers seigneurs résidents. Le 5 octobre 1766, lors de la bénédiction de la troisième cloche de l'église, la marraine est Marie Geneviève Ozon de Maindreau, "dame de cette paroisse", déjà veuve. Signent comme témoins ses héritiers Thévenin de Verneuil, fils de Philippe Thévenin et de Madeleine Ozon, et son fils Thévenin de Bois le Roy, ainsi nommé pour avoir épousé la petite fille de René Ozon, seigneur de Bois le Roy (mort en 1716 à Courtenault - Courtemaux ?-), dont Etienne Ozon, père de la marraine du jour, était neveu.

Déjà doté d'un jardin à la française du temps d'Harlault, le petit château de La Chapelle voyait celui-ci entretenu par Claude Louis, "jardinier du château de Mme de Maindreau. Deux ans plus tard, celle-ci mourait dans son château de plaisance, et était inhumée dans l'église, le 5 janvier 1776, dans des conditions que le desservant, Giraud, précise ainsi : "Le corps de dame Marie Geneviève Ozon de Maindreau a été porté (du château) en l'église de la paroisse Sainte Marie-Madeleine de Montargis à Monsieur le Prieur. Les cérémonies faites en la dite église, le corps a été conduit par messire Jacques Clerc, vicaire de la dite paroisse, qui me l'a présenté à moi, curé, desservant de La Chapelle, soussigné, les cérémonies faites, et qui l'a inhumé au milieu du choeur de La Chapelle. En présence de Thévenin de Verneuil, seigneur de Bois le Roy (cité ci-dessus) et de Duchemin de Chasseval", seigneur de Caubert (devenu de Chasseval par mariage avec Marie Louise Ozon de Chasseval).

L'église de La Chapelle Saint Sépulcre porte toujours une inscription, due au maçon Houdry, rappelant les libéralités et le décès de la défunte.

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L'Eglise

Elle continue jusqu'à la fin de l'Ancien Régime à tenir une place majeure dans la vie du village, comme dans les autres paroisses. Une partie du clergé et des fidèles du diocèse de Sens est, à cette période, marquée par l'apparition du jansénisme . L'Hermois a, toutefois, été moins touché par les débats autour du jansénisme que d'autres paroisses (celles de la vallée de la Clairis, par exemple).

Depuis 1652, la paroisse de La Chapelle Saint Sépulcre est une annexe de celle de Thorailles. Un vicaire, Noël Chauffour y est nommé à partir de 1657. Ce dernier ne voulant s'occuper que de La Chapelle refusa de prendre la cure de Thorailles lorsqu'elle devint vacante. En 1664, Etienne Gourdet remplace brièvement Noël Chauffour; puis Michel Lesqueule se dit curé en 1665-67, moment où, le 19 juin 1667, Jean Crespin Lesguillon curé de Thorailles depuis 1664, qui depuis 1666 est cité dans les registres de La Chapelle, reprend le titre de curé de La Chapelle Saint Sépulcre.

En 1668, Lesguillon cède la cure à Lebeau qui prend en main les registres avec une belle écriture à compter du 7 août. Mais il semble, pendant un temps, qu'il ne s'agisse que d'une recopie de ceux de Thorailles tenus, pour ce qui concerne La Chapelle par Lesguillon. A cette époque les habitants allaient encore à Thorailles pour leurs actes. Lesguillon, lorsqu'il remplaçait épisodiquement le curé de Louzouer, faisait appel à un prêtre de Montargis, Durand, pour le service de La Chapelle. En fait Lebeau ne s'impose vraiment que dans le courant 1669 quand, Lesguillon étant malade, c'est lui qui dessert Thorailles.

On voit que la situation a été confuse durant toute la décennie 1660-1670, mais Lebeau donne une impression plus favorable que ses prédécesseurs. Absent au milieu de 1672, il est remplacé pendant quelque temps, à partir du 2 juillet, par Chambellan, curé de Louzouer "commis à la desserte" (les registres s'interrompent alors).

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Vers Paucourt

Tandis que Thorailles, malgré elle, attache son sort à celui de Louzouer (destin qui est aussi celui de La Chapelle du 2 juillet 1672 au 30 mai 1677), c'est vers Paucourt que se tourne La Chapelle Saint Sépulcre. Le 4 août 1677, en effet, Pierre de Crucy, curé de Paucourt, cède sa cure à Thomas Simon, nouveau curé de La Chapelle, resté en poste jusqu'en 1680. Cette cession de cure n'était peut-être qu'affaire de circonstance, mais elle marque le début d'une orientation nouvelle, nullement perceptible jusque là.

En 1680, les registres de La Chapelle mentionnent comme curé Pierre Leconte (nom que l'on ne retrouve pas à Paucourt), et dès la fin de l'année y fait suite Louis Laisnel jusqu'en 1693. Jamais à La Chapelle, il n'est dit curé de Paucourt qu'il dessert cependant, mais en partageant avec des desservants qu'on ne retrouve pas à La Chapelle. Paucourt est une seconde paroisse.

C'est en 1694 que les rapports changent pour la première fois. Après quelques intérimaires, dont les Récollets, Paucourt a pour curé dès cette année François Poinlasne que l'on retrouve dans les deux paroisses jusqu'en 1701-02. Mais dans les registres de La Chapelle, il se qualifie de "curé de Paucourt". En arrivant au XVIII ème siècle, La Chapelle tend à devenir une annexe de Paucourt, quand à Poinlasne il est curé de Mignerette dès 1703.

L'association avec Paucourt

De 1703 à 1706, le curé commun à Paucourt et La Chapelle Saint Sépulcre est Nicolas de La Rivière. Lui succède de 1708 à 1735 Jacques Lebègue dont le père était huissier royal. Comme son prédécesseur, Lebègue se dit également curé des deux paroisses. Il y a eu, pendant les années 1719-21, un vicaire à La Chapelle : Laignier. Mais ensuite, le presbytère a été loué. Quand Lebègue meurt, le 24 mai 1735, c'est dans l'église de Paucourt qu'il est inhumé. A noter que dans une période marquée par le jansénisme, il ne semble pas l'avoir été.

Simon Duchesne lui succède de 1735 à 1761 (il est ensuite à Louzouer). Il n'hésite jamais, tant à l'extérieur (comme à Amilly en 1743-44) qu'à La Chapelle, à se qualifier de "curé de Paucourt et desservant de La Chapelle Saint Sépulcre". C'est d'ailleurs un des plus célèbre curé de Paucourt : dirigeant ses paroissiens, il arrêta un feu de forêt qui menaçait de détruire le village; à la suite de quoi Marie Leczinska, reine de France, accorda aux curés de Paucourt bois gratuit à perpétuité (droit perdu en 1793, recouvré en 1825 et perdu définitivement en 1848). Duchesne a eu, un moment, en 1737, un vicaire à La Chapelle : Dechambre qui se qualifie "curé de La Chapelle".

L'intérim à La Chapelle en 1761 est assuré par le frère Benjamin Macquet, Pénitent demeurant à Louzouer. Puis arrive de Sens un prêtre, Nicolas Joseph Plard, qui prend possession de la cure de Paucourt, sans trace à La Chapelle. La même année 1761, un P. David est curé de Paucourt et desservant de La Chapelle Saint Sépulcre jusqu'en 1763.

Le pli semble, désormais, être pris. En février 1763, débute Antoine Millet, en poste jusqu'en 1772. Lui aussi ne cesse d'être curé de Paucourt et desservant de La Chapelle. Né à Branles en 1733, son premier poste connu fut Paucourt et La Chapelle, puis il devient curé de Saint Loup de Gonois...

Giraud lui succède de 1772 à 1777. Quoiqu'il soit dans la même situation que ses prédécesseurs, il se déclare aussi bien curé de La Chapelle que de Paucourt : ainsi à Amilly, en 1775, écrit-il "Giraud, curé de La Chapelle Saint Sépulcre". Ce retour à l'égalité est peut-être dû à l'existence d'un presbytère qui semble avoir fait défaut ou avoir été inutilisé pendant cinquante ans.

De 1777 à 1786, le curé Santé agit de même. Après une transition assurée en 1787 jusqu'au printemps 1789 par le cordelier Anquetil, suivent à partir du 20 mai 1789 Léon Dubas, puis dès le 11 juillet 1791 Leclerc qui restera en place toute l'année 1792. Comme Anquetil, Dubas et Leclerc ne se disent que desservant de La Chapelle.

Ainsi, d'une manière moins formelle sans doute, La Chapelle Saint Sépulcre, après la vaine tentative de cohabitation avec Thorailles du milieu du XVII ème siècle, a été de fait rattachée à Paucourt, signe qu'elle aussi avait de la peine à assurer seule les ressources d'un curé résident. Or, dans les périodes normales des siècles précédents, La Chapelle avait pu assumer cette charge. Il faut donc convenir que, la population de la paroisse n'ayant cessé d'augmenter, la croissance des ressources n'avait pas suivi, ou que le niveau indispensable pour l'entretien d'un desservant s'était accru, ou que, par suite des grands travaux effectués, en forêt de Montargis, par les ducs d'Orléans, La Chapelle Saint Sépulcre s'était davantage tournée qu'auparavant vers le massif boisé.

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Autour de d'Eglise

En un temps où le village et ses terroirs constituent la paroisse, beaucoup d'activités, liées ou indépendantes du culte, gravitent autour d'elle. Le centre en demeure la fabrique, conseil paroissial qui gère les revenus affectés à l'entretien de l'église, mais qui, en fait, est responsable devant l'ensemble des habitants d'intérêts communs fort divers. La fabrique n'agit jamais sans convoquer une assemblée d'habitants, devant le porche de l'église, toujours un dimanche et généralement à l'issue de la messe ou des vêpres. L'élection de ses membres, la ratification ou la modification de ses propositions, les différents actes de gestion, les choix d'autres hommes pour des missions précises, les acquisitions, ventes ou locations, la reddition des comptes : tout est soumis à une convocation et une approbation du corps des habitants. Ces assemblées de démocratie directe ont lieu entre douze et vingt fois par an.

En principe, tous les deux ans sont élus deux marguilliers, chacun étant marguillier principal (responsable exécutif) pendant une année. Il arrive, dans les petites paroisses comme La Chapelle Saint Sépulcre, que les marguilliers soient reconduits pour une ou plusieurs périodes, ou qu'après un certain délai on puisse être réélu. Le Conseil de fabrique, distinct du magistrat paroissial qu'est le marguillier élu responsable, et son collègue appelé à le remplacer, est formé de tous les anciens marguilliers. Ce conseil choisit, parmi ses membres, le syndic perpétuel, nommé en principe à vie.

Le syndic est l'homme de recours et d'expérience, celui qui accompagne le marguillier dans les cas difficiles. Vu l'importance des questions sous la responsabilité de la fabrique, le syndic est une sorte de maire, tandis que le marguillier en titre préfigure le conseiller municipal.

De 1660 à la Révolution les fabriques sont nettement moins aisées que dans la période 1480-1560, mais toutefois plus qu'après la Révolution. Les paysans, vers 1500, étaient plus riches et donnaient beaucoup plus. Certains de ces dons furent perdus au cours des guerres de religion; tandis qu'au XVII ème siècle, les dons bien que nombreux étaient surtout constitués de lopins dispersés; le XVIII ème siècle ajouta peu aux biens existants. La fabrique ne dispose donc que de quelques hectares et maisons.

La fabrique a la ressource de convoquer les habitants pour une taille spéciale, de présenter à leur agrément un devis dont ils paieront l'exécution (les habitants atermoient peu et ne refusent jamais). La fabrique leur rend, d'ailleurs, de grands services : elle désigne le ou les collecteurs de tailles (sorte de percepteurs) pour une ou plusieurs années, elle veille à ce que la répartition soit la plus juste possible. C'est elle qui fait exempter les plus pauvres, qui gage les retards de paiements modestes, qui sollicite (et obtient assez souvent) des reports d'imposition (un report de trois années n'est pas rare, en période de calamités elle sollicite des ajournements plus grands, dix ans, ainsi que des assistances).

Bien qu'ayant moins de ressources qu'avant, la fabrique n'en garde pas moins une influence supérieure à celle de nos actuels conseils municipaux. Chaque année, elle convoque des assemblées d'habitants véritablement suivies : pour l'assiette des impôts qui est établie en public, pour la reddition des comptes du collecteur ou pour l'adjudication des biens de la fabrique.

Comme les plus modestes paroisses, La Chapelle Saint Sépulcre n'avait qu'un marguillier pour deux années et parfois reprenait le syndic comme marguillier. Le nom de plusieurs marguilliers est connu : Etienne Borderon en 1668-69, Etienne Demené en 1728-30, puis Louis Chéret de 1730 à 32, Edme David en 1740-42, puis Louis Borderon de 1742 à 44, Jacques Paupa en 1752-53, Etienne Peucheron autour de 1776. Un syndic est connu : Edme David au moins de 1740 jusqu'à sa mort en 1761.

Quelques éléments permettent, également, d'apprécier la vie paroissiale. En 1680, période pieuse et de relance de la paroisse, il y a une confrérie de la Très Sainte Vierge ne regroupant que des femmes dont le curé Jean Leconte a dressé une liste : bâtonnière Louise Dantérial, membres : Marie Antin, Antoinette et Jacqueline Borderon, Jeanne et Marie Chaperon, Marie Dupin, Jeanne Guillaumet, Claude Hureau, F. Jacquet, Toussine Judon, Pierrette La Servantière.

Un siècle plus tard, alors que l'effet peu favorable de la venue des travailleurs pour les travaux entrepris par le duc d'Orléans se fait sentir, et que les officiers du duc, généralement les premiers à être déchristianisés dans la région, ont une grande influence, Santé, curé de Paucourt et de La Chapelle Saint Sépulcre, donne des chiffres qui ne manquent pas d'intérêt :
- En premier, les années et les effectifs des premières communions :
- le 23 Mars 1777, aux Rameaux : 7 garçons et 5 filles;
- en 1778, pas de première communion;
- le 16 mai 1779 :2 garçons et 5 filles;
- puis pas de première communion avant 1783;
- en 1783 : 2 garçons, pas de fille;
- rien en 1784;
- le 2 juillet 1786, jour de la Visitation : 3 garçons (de 15 et 18 ans) et 6 filles.
Ensuite le nombre de "pascalisants" (ou comme l'écrivait le curé Santé "communiants à La Chapelle Saint Sépulcre dans la quinzaine de Pâques") en 1777 : 78, en 1778 : 77, en 1779 : 82, en 1780 : 84, en 1781 : 91, en 1782 : 84, en 1783 : 86, pas de mention pour 1784, en 1785 : 61 et 77 en 1786.

Sur ces chiffres, on peut noter, qu'en dépit de l'action des officiers du duc d'Orléans, le petit peuple de La Chapelle avait été relativement peu touché par les idées du siècle; il semble d'ailleurs que la "châtelaine", Geneviève Ozon de Maindreau, ait fait contrepoids jusqu'à son décès en 1776. Par contre, dans les années immédiatement avant la Révolution, la courbe indique clairement le poids croissant des influences nouvelles, même dans une très petite paroisse à l'écart dans ses bois.

Enfin le 19 mai 1786, le curé Santé fait confirmer à Montargis 61 de ses paroissiens de La Chapelle Saint Sépulcre : 33 hommes ou garçons et 28 femmes ou jeunes filles, pratiquement de 15 à 37 ans, sauf trois ou quatre quadragénaires et un quinquagénaire. Ceci laisse supposer qu'il n'y avait pas eu, pour eux, de séance de confirmation depuis une vingtaine d'années.

Ces paroissiens fidèles et la fabrique ont fait à plusieurs reprises des travaux importants à l'église. D'abord, vers 1680, on substitua une peinture blanche uniforme au revêtement intérieur ocre du XVI ème siècle qui avait été recouvert, en partie, vers 1627, par une peinture rouge due aux Pénitents de Courtenay. C'est sans doute, également, dans la deuxième moitié du XVII ème siècle que fut placé une seconde cloche.

En effet le 5 octobre 1766, du temps du curé Antoine Millet, est bénie la troisième cloche, baptisée Louise-Geneviève, dont le parrain est Louis Jean Lombard, officier au régiment des dragons de la Reine, et la marraine Marie Geneviève Ozon de Maindreau, dame de La Chapelle Saint Sépulcre.

Mais on ne s'arrête pas là : les 47 centimètres inférieurs de la baie majeure sont bouchés avec du ciment de l'époque; et on se livre à la construction d'un nouvel autel avec boiseries occupant une partie de la surface bouchée. Quand meurt, en 1776, Geneviève Ozon de Maindreau, le maçon Houdry place une pierre disant : "Cette menuiserie a été faite par les soins de Madame Maindreau" rappelant son inhumation. Ces deux dates encadrent donc la seconde période de travaux.

Le seul acte qui subsiste de la fabrique est le compte-rendu donné devant de La Neufville, grand chanoine de Sens, archidiacre du Gâtinais, au cours de sa visite à La Chapelle Saint Sépulcre, par Edme David le 2 juillet 1741. La fabrique avait alors une recette de 135 livres et des dépenses plus modestes encore dont la principale était l'achat de cire à un marchand nommé Brivé. Un point frappe l'attention : dans les recettes sont comptées 3 livres 1/2 perçues de Louis Borderon pour location du presbytère. Les curés de Paucourt desservants de La Chapelle n'utilisaient donc plus le presbytère de La Chapelle qui avait été un atout soixante-dix ans plus tôt pour mettre fin à la réduction de la paroisse de La Chapelle à l'état de simple desserte de Thorailles.

Cette observation est confirmée par un document des archives de l'Yonne (G 218) du 28 avril 1748 relatif à l'affaire du presbytère de Paucourt. L'intendant de la Généralité d'Orléans qui était venu sur place ( à Paucourt) en 1747, trouvait que la remise en état du presbytère de Paucourt coûtait trop cher (3 600 livres), et qu'il fallait réparer celui de La Chapelle Saint Sépulcre et y faire venir le curé. Celui-ci, Duchesne, répondit que sa paroisse principale était Paucourt et non La Chapelle; que cela coûterait cher de réparer le presbytère de La Chapelle qui est "sur le grand chemin derrière l'église, mais sans voisins autres qu'éloignés. Il proposa donc une autre maison dans Paucourt comme presbytère".

Hors ce point qui explique le long délaissement du presbytère de La Chapelle, il n'y a rien de précis concernant la fabrique et la vie paroissiale avant la Révolution.

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Les Habitants

Qui sont-ils ? Que font-ils ? Comment vivent-ils durant ces 130 années de paix ?

La situation des habitants de La Chapelle Saint Sépulcre est bien difficile à apprécier. Les registres paroissiaux sont tenus très irrégulièrement (dans ce qu'il en reste). Les habitants sont mitoyens de paroisses voisines avec des hameaux qui sont très proches comme Les Harraults et soumis aux effets de la circulation ( le chemin Montargis-Courtenay passant à proximité des quatres hameaux qui constituent la paroisse) et aux mouvements humains relativement importants qui affectent le milieu forestier pendant la première moitié de la période considérée. De plus les habitants, sans s'éloigner, passent plus facilement de cette modeste paroisse aux voisines et y reviennent à la génération suivante, ce qui diminue le facteur de continuité.

On peut toutefois noter que les patronymes mentionnés avant 1660 subsistent jusqu'en 1700 : Adam, Bailly, Demené, Dupré, Henry, Hirlay, Judon, Landry, La Servantière, Laurent, Nesplier. La plus grande fixité semble se situer aux Bonnards et à la Cour des Laboureurs comme on dit alors régulièrement (les Cours).

Mais dans l'ensemble ces familles semblent plutôt surclassées par de nouveaux venus : les Borderon (Jean aux Cours, Etienne : marguillier en 1669 au bourg, à la génération suivante : Jean cabaretier puis garde-chasse) famille qui va durer, les Rue (Esme et Jean, laboureurs), Leclerc (qui apparaissent ici avant de rayonner en Hermois), Guenard, Guillin, Bourgoin, Jarry, Lebeau, Beze et Prochasson. Une bonne part de ces nouveaux venus semble arriver d'Amilly. on observe quelques occupations nouvelles : un Jean Dupré est marchand de fruits en 1674, un Nicolas Guyard couvreur et un Pierre Jarry marchand de bestiaux. Cependant peu d'innovations marquantes, même l'administration forestière du duc d'Orléans n'est pas très envahissante.

Il y a par contre un changement bien plus important (mais impossible à suivre car les registres sont très pauvres en renseignements entre 1700 et 1740) à cause des travaux de mise en valeur et de percées rectilignes de la forêt, suivi de l'exploitation des marnières (celles de La Chapelle approvisionnent plusieurs paroisses voisines), puis de l'exploitation, à l'imitation de Louzouer, de la tuilerie. Les travaux forestiers ont fait venir des manoeuvres d'ailleurs et renouvelé la population. L'influence des officiers de duc d'Orléans a atteint son apogée.

A la veille de 1750, à côté de Pierre Quinquet, puis Martin Lochet "gardes forestiers à la résidence de La Chapelle Saint Sépulcre" et des Borderon, Demené, Dupré et Renard (déjà là en 1674), les seules anciennes familles, on trouve les Besaud, Chaumeron, Cheret, Daire (ancêtre des Ledaire encore là en 1876), David, Dorange, Flambert, Guillon, Jolly (présent en 1876), Lelièvre, Paupa et Vial, liste incomplète car une partie des laboureurs et des manoeuvres n'était que rarement mentionnée.

La venue des ouvriers forestiers a fait fleurir les cabarets. Ils sont trois : ceux de Charles Daumeron, Nicolas Daire et de Pierre Guillon. Deux commerçants : Edme David le principal, marchand de bois (mort en 1761) et François Dorange, marchand boucher dont le fond ne semble pas avoir survécu à la fin des grands travaux forestiers. Parmi les laboureurs le premier rang est occupé par Jean Besaud, fermier d'Ozon de Maindreau, beaucoup de manoeuvres (La Chapelle semble plutôt s'être paupérisée pendant ces travaux), quelques rares "tixiers" comme Pierre Lelièvre, mais aucune autre spécialisation.

Seule curiosité, la venue pour l'établissement d'un pont des pionniers du Velay et qui ont travaillé à La Chapelle Saint Sépulcre en 1743. Il s'agit de Pierre Guilliard, terrassier, de Saint Julien (diocèse du Puy) et ses confrères Pierre Pastel et Georges Thoille.

A la veille de la Révolution, la liste des noms de famille connus est la suivante : Besault, Cassier (famille encore présente en 1876), Charpentier, Couturier, Daire, David, Delignères, Devin, Dupré, Gauthier (encore présent en 1876), Martinet, Millard, Patereau, Peucheron, Plassard, Pichon (jusqu'en 1876), Rameau, Rignault, Robert, Rossignol, Suard, Tellier. Au bourg, on trouve des Besault, Martin, Plassard et Suard; ailleurs la localisation est délicate.

La résidence forestière a pour gardes successifs Joseph Tellier et Michel Rigault; au château des Thévenin il y a des gardes-concierges Edme Robert et Pierre Delignères, des jardiniers Claude Louis et Jean Suard. Le commerce du bois est poursuivi par Pierre David. Les grands travaux terminés il n'y a plus de cabaretiers, La Chapelle Saint Sépulcre redevient comme elle était.

L'élément nouveau est la mise en marche de la tuilerie de La Chapelle vers 1759, ou un peu avant, tout à fait à l'ouest de la clairière près du bois des Essarts. C'est l'affaire de la famille Peucheron, Jean-Louis déjà là en 1759, Antoine et Etienne. On y trouve comme compagnons, ou garçons tulliers, Edme Patereau, Pierre Henriot (mort en 1761), Pierre Millard et Nicolas Cassier. C'est à la tuilerie que meurt le 3 avril 1762 François Burloy, maître chirurgien de La Selle sur le Bied. On ne sait s'il a été victime d'un accident ou d'un malaise ?

Hors quelques indications et faits divers, la vie de La Chapelle Saint Sépulcre n'apparaît donc que de façon très embryonnaire.

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Les Maisons

A cette époque, l'intérieur des maisons devient plus confortable. La plupart des habitants de l'Hermois ont, d'après des minutes de l'ancienne étude de Chuelles, "un lit de plumes de poule"; les "paillasses" sont devenues minoritaires, mais le premier oreiller, où il est fait également mention de plume, ne date que de 1766. Le plus souvent la table est plutôt "une méchante table en forme de billot". Les sièges autour sont rares. Si pauvre que soit le foyer, la femme a toujours son "coffre de mariage" avec du linge dedans; mais la plupart des intérieurs n'ont qu'"un méchant bahut ou un méchant buffet" en plus de la table, du lit et d'une paire de chaises. Tout l'éclairage, même chez les plus riches, se réduit à "une lampe à corne de cuivre"; c'est à peu près le seul cas où le cuivre apparaisse. La vaisselle est d'étain, hors cela la ménagère doit souvent se contenter de quelques marmites lourdes en fer et d'un "ratelier" portant, par exemple, "quatres fromages frais et huit livres de beurre fondu".

Le bois est de loin le matériaux le plus utilisé et on ne dit jamais qu'un objet est "en bois" mais on précise toujours l'essence. Un bon lit est toujours "en menuiserie de chêne et de noyer"; les barattes pour faire le beurre sont souvent "en bois de cormier" et le"cuvier pour faire la lessive en bois de sapin".

Le fer et la fonte sont également très répandus, mais on ne trouve mention de la tôle qu'en fin de siècle, alors qu'elle était usuelle dès 1642. En dehors de l'étain les métaux non ferreux sont quasi-inexistants. Les objets, tels que vilebrequin ou fusils, ne sont pas rares.

S'ils ont du linge, les coffres des femmes n'en renferment que peu. Pour l'essentiel, tout est fait en toile du cru à base de chanvre, presque tous les habitants ayant leur clos de chènevière ou, sinon, chez eux, leur tas de chanvre non ferré, non roui .

En dehors de cette qualité très ordinaire, et de l'emploi de cuirs et de peaux, on trouve la serge , le droguet et même la poulangis . Il y a bien des fileuses de laine, mais le nombre de rouets et fuseaux est faible, nous sommes encore loin de la fileuse dans chaque famille.

Les villageois portent plus fréquemment le bonnet que le chapeau, les gilets et les guêtres apparaissent en 1767, époque où nous assistons à une sensible évolution du costume.

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Artisanat et Agriculture

Les artisans disposent de tous les outils nécessaires à l'exercice de leur métier, cependant leur valeur est, dans les estimations des notaires, très faible : bigorne, soufflet, enclume, marteaux, cordes, boisseaux, toises, métier à tisser...

Principalement fondé sur les ovins, l'élevage voit, néanmoins, croître légèrement le nombre de vaches. Mais il y a très peu d'étables : les rares vaches (pas plus de trois) sont presque toujours dans une grange et, au dessus des animaux, on dresse les batteries où domestiques, bergers ou manoeuvres couchent à vie. Les troupeaux, beaucoup plus importants, de moutons avec quelques chèvres sont plus nombreux.

Les animaux de trait sont rares; la plupart du temps il s'agit de "la petite bête asine (asinienne), harnachée de son bart (bât ?), de ses paniers et de son paquiot". Quoiqu'en diminution les ânes sont encore nombreux. On évalue, semble-t-il, la qualité des chevaux d'après leur couleur : les chevaux "bayard" (baie) et "blancs" sont les plus chers.

Avec le dernier quart du siècle apparaissent les premières "bérouette" et "charrue à versoir toute roulante".

Beaucoup de ménages ont "un panier de mouches à miel" : une ruche. Au cours du siècle, on fait venir des poiriers de Puisaye et avec la culture de ces arbres se développe la confection d'un poiré , le cidre de sauge. Chaque ferme a sa chènevière et sa vigne.

L'engrais coûte relativement cher, la coutume était de fumer les champs à raison de quatre (petits) tombereaux par arpent. Les propriétaires aisés épandaient régulièrement de la marne sur une partie de leurs terres.

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La Révolution

Annonciateur d'une période difficile, l'hiver 1788-89 fut très rude : plus de trente centimètres de neige pendant cinq semaines accompagnée d'une forte bise, avec une température très basse (- 24,7 degrés les 30 et 31 décembre 1788 à Saint Germain des Prés).

De cette époque révolutionnaire, La Chapelle Saint Sépulcre a conservé quelques pages des registres des délibérations des Conseils Municipaux qui permettent d'éclairer cette dizaine d'années agitées.

Aucun document toutefois sur les événements des débuts de la Révolution: convocation des Etats Généraux (lettre du roi du 24 janvier 1789), rédaction des Cahiers de doléances qui n'ont pas été conservés. L'assemblée des délégués nommés eut lieu à Montargis le 8 mars 1789. Seuls les procès-verbaux d'élection des délégués de La Chapelle et La Selle (qui, comme ailleurs, furent les notables en place et peu représentatifs, une quinzaine d'électeurs y participant) subsistent.

Aucun écho de la transformation des Etats Généraux en Assemblée Constituante pourtant à l'initiative d'un voisin, le comte de Mirabeau, du Bignon. De même du 14 juillet (même à Montargis), de la "Grande Peur" et d'aucun autre événement en 1789. Le 21 septembre 1792 commence la Convention. Pour La Chapelle Saint Sépulcre et la région en général rien n'était changé, ni même à changer...

Toutefois, après le soulèvement des Vendéens le 10 mars 1793 et la chute des Girondins le 2 juin, en pleine période montagnarde et à cause des abondants passages de troupes sur l'ancienne route Montargis - Courtenay lors de l'été 1793, La Chapelle a dû être plongée dès ce moment dans l'atmosphère révolutionnaire de façon plus aiguë que les communes voisines. Le 12 août passent 16 000 hommes allant contre la Vendée (d'après le maire de Courtenay, il s'agit du second passage de la garnison de Mayence), et fin septembre ce sont près de 60 000 hommes qui sont passés depuis deux ans. Les armées étaient alors très jacobines, exigeantes et sans scrupule. Il ne subsiste de cet important transit armé qu'une seule trace : "le 10 juillet 1794, à 6 heures du matin, le brigadier Fillion, du 14 ème de cavalerie, a laissé un cheval blanc fourbu chez Rigault".

Ce mouvement n'empêchait pas la tuilerie de Percheron de continuer à travailler malgré réquisitions et conscription (en 1800, on enterra, à La Chapelle, un homme du village de 47 ans, François Malevre, "soldat invalide", qui avait fait une partie des guerres de la Révolution).

C'est le 10 germinal de l'an II (le 30 mars 1794), donc en pleine Terreur, (le printemps 1794 marquant le paroxysme montagnard avec la dictature de Robespierre), que débutent les quelques pages conservées des délibérations révolutionnaires de La Chapelle Saint Sépulcre. Ce jour là, Guillaume Rigault, jusque là greffier de la municipalité, devient maire. Il ne devait pas être un conservateur pour être choisi dans de telles circonstances, pas plus d'ailleurs que l'agent national Louis Martin des Bonnards. Or, pas une fois ils écrivent "La Chapelle Sépulcre", nom révolutionnaire de la commune.

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Cette année 1794 est marqué par la fête de la Montagne le 31 mai et la fête de l'Etre suprême le 8 juin, mais surtout par la terrible loi du 22 prairial de l'an II (10 juin) qui confère au Tribunal Révolutionnaire une compétence illimitée contre les "ennemis du peuple" et qui accélère de façon foudroyante la procédure conduisant à la guillotine. De germinal à floréal les condamnations avaient plus que doublé, elles quadrupleront ensuite. Aucune allusion, dans les registres à ces événements et au 9 thermidor (27 juillet 1794) : chute de Robespierre. La Terreur est remplacée par des difficultés d'un autre ordre : dès frimaire (21 novembre - 20 décembre) la famine se fait sentir à Courtenay, le blé se délivre au marché aux citoyens par ordre de numéros et à raison du "peuplement des familles". C'est également le retour à la foi et à la pratique religieuse d'autant qu'est pris, le 21 février 1795, le décret de liberté des cultes.

A La Chapelle Saint Sépulcre, quelques secours sont versés à huit indigents: 5 livres 1/2 par personne, qu'il convient de rapporter aux prix alors pratiqués : 10 sols la journée d'une femme (nourrie) à la moisson; 1 livre le tirage d'un millier de tuiles; 2 livres 10 sols la façon d'un millier de tuiles, briques ou carreaux; 5 livres la journée de voiture d'un cheval de timon ou le moissonnage d'un arpent sans être nourri.

Il y aussi des "réfugiés de la Vendée" comme dans plusieurs communes de la région. Ce sont des Vendéens que l'armée a éloigné du théâtre des opérations de l'ouest. La Chapelle Saint Sépulcre en héberge quatre de Clisson et Montaigu, dont un, Jean Durant, auparavant à Chantecoq, meurt chez Rigault le 13 février 1795, un autre le 9 juin suivant, Jean Gresseau, chez Lamotte-Dupin (un Bouvier de la Motte, héritier du château de La Chapelle). En ces dures années, les réfugiés, malgré de faibles secours, étaient laissés dans la misère.

Autre fait signalé alors : François Marin tonnelier pour le village en vendange le 8 septembre 1794.

Rigault restera maire jusqu'à la fin 1797, notant quelques réquisitions lors de l'hiver 1794-95, la mise aux enchères du presbytère (à l'exception du bâtiment neuf qui sert de chambre municipale) acquis pour 50 livres par Jean Léger le 9 avril 1795, mentionnant le garde-champêtre Louis Jolly en juin 1796, ou l'adjudication des fruits de trois poiriers à sauge au marchand de bois Jacques Baron de Louzouer en août 1797. Mais pratiquement jamais une ligne qui puisse laisser à penser qu'on est dans une période plutôt agitée.

Après les difficultés de l'hiver 1795-96, le plus dur de toute la période révolutionnaire accompagné d'une hausse vertigineuse des prix et d'une famine, la situation matérielle s'améliore avec les victoires de 1796 et 1797 qui permettent de puiser dans les ressources des pays occupés. Cependant, le Directoire (qui avait remplacé la Convention le 27 octobre 1795), se sentant menacé après les dernières élections et à l'origine du coup d'Etat du 18 fructidor an V (4 septembre 1797), va replonger le pays dans une nouvelle terreur. Bonaparte, rentrant d'Egypte, met fin au Directoire et instaure le Consulat par le coup d'Etat du 18 brumaire an VIII (9 novembre 1799).

Rigault remplacé par Jean Léger (dont le fils sera cabaretier en 1830), les feuilles de registre cessent. On sait seulement que le Consulat écartera Jean Léger et Louis Martin en nommant maire le tuilier Percheron.

D'après une tradition recueillie à Amilly, une "sorcière" qui pendant la Convention était tenue pour un oracle quelque peu contre-révolutionnaire, chassée des Prochassons (à Amilly) par les gendarmes, aurait continué ses prédictions à La Chapelle, à l'entrée du terroir du Château du Chat, où elle aurait eu des continuatrices; mais aucun texte ne vient étayer cette tradition orale...

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Le Consulat et le Premier Empire

Après les agitations parfois tumultueuses de la Révolution, la France, à partir du coup d'Etat du 18 brumaire an VIII, remet son sort entre les mains d'un homme : Napoléon Bonaparte, pour une quinzaine d'années. Cette période est d'abord ressentie comme une phase d'apaisement, notamment pendant le Consulat (1799-1804) et les premières années de l'Empire (1804-1807) où les guerres sont relativement peu coûteuses, parvenant vite à des victoires qui apparaissent décisives.

De 1808 à 1812, cette impression se poursuit en partie, d'autant qu'il n'y a pas de nouvelles guerres en 1810-11, sorte de transition dans le rythme effréné des campagnes napoléoniennes. A certains égards, à la campagne, une impression de retour à l'Ancien Régime s'affirme, pourtant en même temps la guerre d'Espagne déclenchée en 1808 et qui se poursuit, engendre une imperceptible inquiétude.

Puis vient le désenchantement avec la campagne de Russie, en 1812, qui s'achève de manière désastreuse, suivie par la pénible campagne d'Allemagne de 1813 et le recul général, le sursaut sans espérance de la campagne de France en février et avril 1814 achevée par l'invasion et la première abdication de Napoléon, l'intermède de la première Restauration avec Louis XVIII, et le retour de l'Empereur (les Cent Jours) pour une nouvelle campagne qui prendra fin au milieu de 1815 à Waterloo avec une nouvelle occupation, pour quelques mois, et de nouveau la misère et de nombreuses pertes humaines.

La Vie des Habitants

Au cours de cette période du Consulat et de l'Empire, les informations concernant la région et La Chapelle Saint Sépulcre sont très maigres et ne permettent de retracer que de façon discontinue la vie du village à cette époque.

L'existence, depuis une dizaine d'années, des communes est confirmée par le Consulat. Mais, en dépit de la pratique de la nomination des maires par le préfet, il n'y a pratiquement pas de changement parmi les magistrats municipaux. Ainsi le maître tuilier Louis Percheron restera maire de La Chapelle jusqu'à sa mort (en 1805 ? il l'était depuis 1799). Il sera remplacé par Louis Martin qui l'avait déjà été sous le Directoire, et conservera son siège en 1814 à la I ère Restauration. Il sera également réélu lors du scrutin qui eu lieu durant le rétablissement provisoire de l'Empire en mai 1815 (pendant les Cents Jours). Cependant, à la fin des Cents Jours, resté quelque peu attaché à la Révolution, il démissionnera. En 1813-1815, il s'était montré, avec son collègue de Louzouer : Etienne Duveau cultivateur aux Brins (maire depuis 1793), parmi les plus fidèles à la cause napoléonienne alors que la population commençait à ne plus croire au mythe impérial.

Les communes ont alors très peu de moyens et également peu de dépenses. Pour les impôts, le sous-préfet nomme des répartiteurs, le travail du contrôleur s'en trouve allégé; depuis 1801 La Chapelle Saint Sépulcre appartient au canton de Courtenay où il y a un percepteur (en 1790, La Chapelle faisait partie du canton de La Selle sur le Bied, qui a été supprimé).

En ces années tout n'a pas été très favorable dans la région : la forte sécheresse d'août 1800 (qui rappelle celles de 1725 et 1780) fait place à des années pluvieuses avec des crues notables dans la région, les chemins sont affouillés par les eaux et soumis non seulement aux chaos des tombereaux de tuiles mais également aux déplacements fréquents des convois militaires. Les habitants de Courtenay, en parlant du "grand chemin Montargis - Courtenay" qui traversait La Chapelle, disaient qu'il avait des fondrières et des ravinements capables d'être fatal même à un homme à cheval...

Si l'alimentation s'était améliorée (quoique l'année 1811 ait été marqué par de mauvaises récoltes), la situation pratique en 1815 était inférieure à celle de 1789. Le I er Empire a été une période de guerre et, même si la population n'a cessé de croître (159 en 1820 contre 150 en 1801), il est certain que les campagnes napoléoniennes sont à l'origine du ralentissement de son développement. On peut toutefois observer que les décès enregistrés dans la période 1811-1813 sont nettement plus élevés que pendant la Révolution et les premières années de l'Empire (sauf l'an IV). Mais les décès de guerre ne sont pratiquement jamais mentionnés dans l'état civil : on ne mentionne pendant l'an VIII que le décès à La Chapelle de François Malèvre, 47 ans, "soldat malade". Ce n'est, d'ailleurs, qu'après 1808 que débute la retranscription d'avis de décès transmis avec retard par les hôpitaux et, de façon plus aléatoire, par les régiments. Mais ces retranscriptions sont nettement inférieures aux pertes réelles notamment sur les champs de bataille. L'estimation doit avoisiner les 150 morts pour l'ensemble de l'Hermois entre 1793 et 1815 : un tiers tués au combat, un autre tiers succombant après coup de blessures qu'on savait mal soigner et un dernier tiers victimes de maladies et d'épuisement car les marches nombreuses étaient la cause de beaucoup de pertes... S'agissant d'hommes jeunes et d'autres longuement absents, il en résulta, également, une perte de natalité importante (probablement plusieurs centaines d'enfants par rapport à la normale pour l'Hermois).

De plus, la région dut subir les invasions de 1814 et 1815. Les premiers, en février - mars, des Cosaques grands buveurs et violents (agressant femmes et adolescentes), furent particulièrement craints de la population. Après Waterloo, l'occupation par des Bavarois fut moins pénible.

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La Situation de l'Eglise

La Révolution avait renversé le statut de l'Eglise, interdisant toute pratique, poursuivant les prêtres, attribuant aux communes les édifices du culte, vendant la plupart des biens d'Eglise. Et, même si dans les campagnes, la désaffection pour la religion était moins fort qu'en ville, l'armée révolutionnaire jacobine aura une forte influence : le retour, dans leur village, de ces "héros" des guerres jouera un rôle actif dans le développement du sentiment anti (ou "a") religieux.

C'est à ce moment que Bonaparte, ayant compris qu'"une religion est nécessaire au peuple comme frein social" signe avec le pape la convention de messidor (ou Concordat) le 16 juillet 1801.

Ce renouveau catholique n'a pas été aussi immédiat dans les campagnes qu'en ville. Le manque de prêtres et de moyens pour remettre en état les édifices font que le rétablissement du culte se fera lentement.

A La Chapelle Saint Sépulcre, fin 1803, est mise en place une cloche portant l'inscription suivante : "L'an XI de la République, j'ai été nommée Françoise par le citoyen François Filledier et par dame Françoise Adélaïde Guillard des Près, son épouse, propriétaires en cette commune, en présence des citoyens Percheron, maire, Martin, adjoint, et Rigault, propriétaire". La formule indique une bonne volonté locale de restaurer les anciens biens de l'Eglise, mais rien n'assure qu'il y ait eu bénédiction ou présence d'un prêtre.

En 1807, La Chapelle, qui comme Louzouer et Thorailles est une annexe de La Selle sur le Bied, est desservie par l'abbé Delaforge

Cependant, les guerres napoléoniennes, avec la levée de nouvelles armées aux officiers et aux traditions jacobines, va poursuivre l'action de déchristianisation des armées révolutionnaires et il faudra attendre la chute du I er Empire pour retrouver des conditions plus favorables à la reprise des pratiques religieuses.

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La Restauration

Après la chute de Napoléon, s'ouvre une période d'une quinzaine d'années (1815 - 1830) de restauration de la monarchie, mais aussi restauratrices du pays après un quart de siècle d'agitations, de guerres et de misères.

La population, pendant ses années, continue de croître avec une croissance plus forte durant les dix dernières années de la Restauration et en particulier à La Chapelle Saint Sépulcre qui a un taux de 8 pour 1000 et passe de 159 habitants en 1820 à 174 en 1826 et 205 en 1836.

La Restauration, après les guerres et les occupations successives, avait cependant débuté par des années difficiles aggravées par des récoltes médiocres. L'Hermois, et La Chapelle, ayant subi une disette en 1817.

Malgré l'amélioration progressive de ses conditions de vie, les activités et les habitudes de la population changent peu. Nicolas et Simon Cassier succèdent à Percheron à la tuilerie, tandis que le débit de boisson de Pierre Guérinet (le principal entre Courtenay et Montargis) passe ensuite à Jean Léger et poursuit son rôle prépondérant qu'il avait depuis le Consulat.

La Chapelle Saint Sépulcre, qui reste tournée vers la forêt, se préoccupe également, tout comme Louzouer, du développement de son élevage et après une enquête de mars 1821, une ordonnance du 5 juin 1822 tranche un débat vieux de 150 ans au sujet de droit de pâturage de communautés voisines en forêt de Montargis, alors aux mains du duc d'Orléans (futur Louis Philippe) : pendant vingt trois ans, de 1825 à 1848, Louzouer et La Chapelle récupèrent ce droit.

En 1821, lors d'une épidémie de morve , on fait appel à un vétérinaire, profession encore peu répandue, qui n'en détecte aucun cas dans le village.

L'évolution des cheptels est sensible : le nombre de chevaux est en progression, après les réquisitions de la Révolution et de l'Empire, au détriment des ânes et des mulets. De même les vaches laitières sont plus nombreuses alors que les ovins diminuent.

L'augmentation des rendements céréaliers sera également régulière à partir de la Restauration.

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La Révolution et la vente des biens nationaux ont, généralement, fortement modifié les physionomies des familles possédantes et des notables en place sous l'Ancien Régime.

Pourtant à La Chapelle Saint Sépulcre, il semble que les événements n'aient rien changé, ainsi Louis Godard, "fermier de Monsieur du Bied" en 1820, l'était déjà trente ans auparavant. Continuité également avec la forêt qui est toujours aux mains du duc d'Orléans, avec aussi Bouvier de La Motte du Pin lui même héritier par les Thévenin des Ozon, anciens seigneurs de La Chapelle, prolongeant ainsi l'Ancien Régime.

Une nouvelle famille de notables apparaît, celle des Léorier, issue de Léorier de l'Isle, ingénieur malheureux en affaires, à une époque postérieure à la direction de la manufacture de Langlée, à Chalette sur Loing, par Léorier de l'Isle. On ne sait s'il s'agit d'une acquisition par l'héritier Léorier ou d'un héritage de son épouse qui semble seule s'être intéressée à leur bien sur La Chapelle, plus important en terres que celui de Bouvier de la Motte.

Que ce soit un héritage ou une acquisition, il semble que dès le début, à la suite de transactions antérieures, les Léorier aient possédé le château, ou ce qui en restait, qui avait été aux Ozon, les Bouvier conservant l'essentiel des parties boisées. Sous l'Empire, après l'insuccès de Léorier de l'Isle, il semble que les Léorier aient vécu vers Joigny, ceux de La Chapelle sont revenus habiter à Montargis, et y aient bénéficié, après coup, du prestige sans doute exagéré qu'on accordait à leur souvenir.

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A la mairie, Louis Martin avait démissionné au cours de l'été 1815 sans doute à cause de ses convictions bonapartistes et quelque peu jacobines.¨Pour le remplacer on ne trouva que Jean Léger qui sera maire de 1816 à 1822 inclus, et qui avait été le compagnon de son prédécesseur dès le Directoire, en 1897. Sans doute Léger fut-il choisi parce qu'à la différence de Martin, il n'avait pas de responsabilité sous le I er Empire et comme cabaretier pouvait paraître attaché aux valeurs propres aux classes moyennes.

L'écart d'opinion entre les deux hommes devait être mince.

Fin 1822, Germain Cousin le remplace et demeurera maire jusqu'en 1831. De son temps, il semble que la municipalité ait eu le souci des problèmes de l'église. Il fut remplacé lors de la vague libérale des premières années du règne de Louis-Philippe. Sa magistrature correspond, sans doute, à une réaction contre les séquelles révolutionnaires incarnées par Martin et Léger. Réaction compréhensible : la paroisse étant totalement pratiquante jusque dans les premières années de la Révolution : 80 pascalisants en 1791, 14 premiers communiants en 1792 avec 21 confirmés à La Selle sur le Bied le 26 avril 1792 (12 jeunes et 9 majeurs); ou alors réaction aux influences des fréquents passages des troupes révolutionnaires puis napoléoniennes ?

Les moyens financiers de la commune, comme pour les autres villages, sont alors dérisoires et il n'existe pas de locaux lui appartenant pour se réunir. De plus, la Révolution ayant mis à bas les structures scolaires, le conseil municipal trouve difficilement parmi ses membres plus d'un homme capable de rédiger un compte rendu, voire simplement d'écrire. On voit ainsi le secrétaire du conseil municipal de La Chapelle Saint Sépulcre écrire, du temps de Germain Cousin, : "Cin Cépul Chre" en trois mots... Une école ayant été ouverte à La Selle en Hermois, des enfants de La Chapelle y vont suivre les cours des premiers instituteurs : Guérinet (originaire de La Chapelle Saint Sépulcre) jusqu'en 1825 et à partir de 1826 Jean Baptiste Boissade.

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Bien entendu, les communes, disposant de peu de moyens pour subvenir à leurs besoins, auront des difficultés pour aider à l'entretien des églises et des presbytères, et la situation de l'Eglise, qui est souvent sous la Restauration présentée comme favorable en raison du pouvoir monarchique, n'est pas aussi aisée sur le terrain. Les fabriques, réactivées, ne permettent pas de faire face aux besoins même les plus urgents.

De plus, par suite de la désaffection religieuse, la sorcellerie a, pendant la Révolution et après, repris vie. Ainsi l'éventualité de réunions, aux franges orientales de la forêt de Montargis est possible compte tenu d'allusions à l'action de sorcières à La Chapelle près du château du Chat jusque vers 1900.

En 1812, Lecointe, le curé de La Selle en Hermois, ajoute à sa paroisse la desserte de La Chapelle Saint Sépulcre. En 1817, il est remplacé par Jacques-Félix Tremblay, âgé de 50 ans originaire du diocèse de Meaux, qui depuis 1812 était curé de La Selle sur le Bied. Il restera en place jusqu'en 1823; son passage est noté à La Chapelle qui a une fabrique en exercice : François Gaultier en a été un des premiers marguilliers depuis le Concordat. Le conseil municipal de La Chapelle s'engage alors, le 20 juin 1821, à "faire des réparations à notre église".

Suit ensuite, en 1823-24, le curé Jean Baptiste Gros, âgé de 26 ans et était auparavant vicaire à Cléry. Né à Orléans en 1797, ayant 17 ans à la Ière Restauration, c'est une vocation postérieure à l'Empire et sans doute conforme à la mentalité restauratrice d'alors. A La Chapelle, le premier fabricien est alors Pierre Guérinet dont le fils est instituteur et chantre à La Selle. Le soucis des ornements semble avoir été une des préoccupations du curé Gros mise en évidence à travers la recherche de deux nappes en août 1823 et qui seront restituées à l'église par Jean Jolly le 19 décembre suivant.

En 1824-26, le curé est Jean Pierre Morel, 29 ans originaire du diocèse du Puy. A la fabrique de La Chapelle Saint Sépulcre on trouve alors Barthélemy Toison et Louis Le Daire.

De 1826 à 1828, le curé sera Alexandre Victor Lucas, 26 ans natif d'Orléans. Suivent ensuite, en 1828-29, Jean Jacques Landré, 32 ans né à Orléans; puis Aignan Casimir Chauffour, 29 ans natif de Meung.

Formés au grand séminaire d'Orléans restauré intellectuellement par Mgr Brunault de Beauregard (évêque de 1823 à 1832), tous originaires de la région, ces jeunes prêtres zélés, entièrement formés sous la Restauration donc légitimistes, auront le soucis de rendre la religion à la population.

En ces années de la fin de la Restauration, Le processus de réactivation de le vie religieuse se développait malgré les changements fréquents de curés. L'oeuvre restauratrice progressait.

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La Monarchie de Juillet

Avec la Révolution de Juillet (les Trois Glorieuses des 27, 28 et 29 juillet 1830), commençait l'exil de Charles X et, avec la victoire de l'insurrection parisienne, la prise du pouvoir par le duc d'Orléans, futur Louis Philippe.

Gouvernement bourgeois conscient de l'évolution économique et de la révolution industrielle (625 machines à vapeur en 1830, 5200 en 1848), la Monarchie de Juillet, régime issu des barricades, fut peu sensible aux problèmes sociaux, et vécu dans un état de crise permanent qui devait conduire à la Révolution de février 1848.

En Hermois, même si les premières années de la Monarchie de Juillet furent assez agitées, voire même houleuses; les maires, en raison sans doute de la proximité de la forêt de Montargis dont le propriétaire était le duc d'Orléans, lieutenant général du Royaume,futur roi, firent preuve d'allégeance envers le nouveau régime et se maintinrent dans leurs fonctions.

Le schisme

La situation religieuse de La Chapelle Saint Sépulcre fut marquée par le schisme qui mit en effervescence tout l'Hermois. Le départ, le 1er octobre 1830, de Chaufour curé de La Selle en Hermois et desservant de La Chapelle fut à l'origine de cette sédition. Il devait être remplacé par l'abbé Valadier, ancien curé de Briarres sur Essonnes qui avait fui sa paroisse à l'arrivée du nouveau régime pour se réfugier en Auvergne. Son retour prenant du retard, Henry Fouet, maire de La Selle, profitant de la vacance prolongée de la cure et répondant ainsi au désir de la population d'avoir rapidement un prêtre, intronise le 25 décembre comme curé : Villa, membre de la secte schismatique de "l'église catholique française" établie à Paris, secte qui réclamait notamment le rejet du pouvoir spirituel du pape, le mariage des prêtres, la suppression de l'abstinence et de la confession, l'emploi liturgique du français et qui, par certains signes et éléments de décoration, rappelait la franc-maçonnerie. Le lendemain 26 décembre, La Chapelle et Louzouer, qui n'étaient que des annexes sans desservant malgré tous leurs efforts (à La Chapelle, durant la période 1827-1830, il n'est question dans les registres des délibérations que de thèmes intéressant la fabrique), sollicitent également cette secte pour obtenir l'envoi d'un adepte. Le maire de Paucourt désigna de la même manière un membre de cette secte, Marandel, comme "curé" de la paroisse.

Les actions menées par l'évêque d'Orléans, Mgr Brumault de Beauregard, tant vers le préfet du Loiret que vers le ministre des cultes et ses plaintes déposées auprès du préfet et du procureur général afin de mettre un terme à cette situation, n'aboutirent pas et les "pasteurs" ainsi établis continuèrent d'exercer dans les paroisses et leurs annexes. D'ailleurs, après la diffusion, par Villa, d'un faux "testament" du curé Chaufour qui ne fit que renforcer le soutien du maire de La Selle en Hermois et de la population au représentant de cette secte d'inspiration franc-maçonne, une intervention à La Selle le dimanche 13 février 1831, après la messe, du sous-préfet de Montargis et d'un lieutenant de gendarmerie se heurta aux habitants rassemblés autour de leur "curé" et faisant front face aux forces de l'ordre. Ils jugèrent plus prudent de battre en retraite sans avoir obtenu la fermeture de l'église et la fin du "ministère" de Villa.

Après la constitution, le 13 mars 1831, d'un ministère fort autour de Casimir Périer, qui, désireux de faire respecter les lois et voulant rétablir l'ordre en France, prit lui même le ministère de l'intérieur, et la loi du 22 mars sur la Garde Nationale créant une police aux ordres du ministre de l'intérieur et des préfets, Villa, sentant le vent tourner, fait envoyer le 31 mars par les habitants des quatre paroisses qu'il a en main (La Chapelle, La Selle, Louzouer et Thorailles) une longue lettre explicative au ministre de l'intérieur, signée par les maires, les conseillers municipaux, les chefs de la Garde Nationale locale, les notables et les personnes instruites et estampillée par le cachet des mairies. Toutefois, la teneur et le style de cette lettre laissent à penser qu'elle a été dictée par un juriste franc-maçon qui pourrait être Edme Trélat, notaire à Montargis depuis 1795; Villa et Fouet, ainsi que Marandel et Jacquemin respectivement "curé" et maire de Paucourt, n'ont, en fait, été que des marionnettes.

Plus heureux que le préfet, le procureur du Roi obtient finalement communication de la fameuse "lettre d'adieux d'un desservant" et prouve qu'elle n'émane pas de l'ancien abbé de La Selle en Hermois : Chaufour qui avait été incriminé. Au printemps 1831, l'effervescence se calme un peu, mais le refus de Châtel, chef de la secte, qui s'était fait "introniser" : Primat des Gaules, de venir présider les fêtes du lundi de la Pentecôte, le 23 mai 1831, à La Selle en Hermois alors qu'il avait participé aux cérémonies de la première communion, raviva les animosités. En effet, Henry Fouet y invita alors Moyne, également "prêtre de l'église catholique française" et demeurant à Montargis. Villa de peur de se voir dépossédé par Moyne rameuta "ses paroissiens" lors de l'office du dimanche 22 mai, et après les vêpres, l'agitation étant croissante, les gendarmes durent dresser procès-verbal.

Finalement Villa quitta définitivement La Selle le 9 août et Casimir Périer destitua immédiatement Henry Fouet qui, en désespoir de cause, avait affirmé, lui aussi, que les "Adieux" de Chaufour étaient un faux. Moyne, déjà dans la place, se préparait à succéder à Villa, mais comme Mgr Brumaud de Beauregard ne l'entend pas ainsi, il doit y renoncer le 23 novembre (il avait 75 ans). Cependant Moyne, au lieu de retourner à Autun sa ville natale, suivant sa promesse, s'était retiré à La Chapelle Saint Sépulcre. Le nouveau préfet, Saulnier, (le précédent ayant été jugé trop mou tout au long de cette affaire de La Selle) envoya à La Chapelle quelques gendarmes et Moyne vida discrètement les lieux.

Le 11 décembre 1831, Richard, le secrétaire de l'évêché d'Orléans, et Lefevre, le sous-préfet de Montargis, installèrent à La Selle le nouveau curé : l'abbé Toussaint Courtois, 26 ans, qui le restera durant neuf ans.

Dans les mêmes moments, le maire de La Chapelle Saint Sépulcre, Cousin fut remplacé par Louis Le Daire.

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Après les Années Houleuses

L'Hermois qui avait été placé sur les devants de l'actualité par le schisme religieux fut ensuite sensible aux événements qui marquèrent le pays : après l'unanimité qui s'était faite à l'issue des Trois Glorieuses, la répression par Casimir Périer des révoltes des canuts lyonnais le 5 décembre 1831 puis en 1834 brisa ce soutien populaire. L'épidémie de choléra (qui atteignit Courtenay en juin 1832) mis également un coup de frein à ce mouvement de révolte. Après 18 mois d'agitations d'origine religieuse, l'Hermois allait vivre une dizaine d'années plus calmes alors que le reste du pays entre dans une période de crise économique.

La Vie de la Commune

En 1835 à La Chapelle Saint Sépulcre, le géomètre-arpenteur Barthélémy Chauvier, des Bonnards, succède à Louis Le Daire comme maire et y restera 31 ans ! De loin, au milieu de ce siècle, c'est le maire le plus estimé de l'Hermois jusqu'à son décès, alors qu'il est encore en exercice, le 5 octobre 1866. Il semble avoir été l'homme de la situation pour La Chapelle aux heures de la construction de la grande route, future RN 60. La réalisation de cette voie nouvelle Nantes - Strasbourg n'a été achevée qu'en 1848, donc peu après la Monarchie de Juillet, et sa construction a été menée simultanément sur plusieurs tronçons. Dès 1843, la "route royale existe, mais seulement jusqu'à La Chapelle" (en venant de Montargis). Il est probable que Barthélémy Chauvier ait joué un rôle dans son itinéraire à sections rectilignes. La suite de la route fut réalisée plus tard, ainsi le 17 février 1844, la commune de La Chapelle refuse qu'on porte atteinte à la maison de Louis Martin dans la traversée du bourg pour donner un meilleur espace à la route royale. La section réalisée en venant de Montargis permet cette constatation du conseil municipal dès 1846 : "Le pain vient de La Chaussée". A La Chapelle, le principal bénéficiaire en est l'aubergiste Creuzet.

En cette période la gestion des villages n'est pas toujours très aisée : la principale limite est toujours financière et les représentants communaux sont moins instruits qu'avant 1789 (cette carence durera jusque pendant le second Empire) et ils éprouvent souvent quelques difficultés. Les problèmes à résoudre ne manquent pas pour les communes : garde champêtre, creusement de puits,..., voirie dont les travaux sont toujours réalisés suivant le système des prestations de services par les habitants des villages. Ainsi à La Chapelle le chemin de Paucourt - Puy la Laude à Châteaurenard par la Garenne et les Bonnards en 1839, le chemin des Cours au puits et au bourg en 1843, l'aisance des Bonnards au champ des Genièvres vers le Petit Champ en 1844, enfin le "chemin neuf" du bourg aux Bonnards qui passe par le bois de Bouvier en face de la terre de Léorier en 1848. La question du communal est également un vieux problème : en 1846, le marchais du bourg demeure communal, à cette époque le hameau des Bonnards possède aussi des biens de communauté.

Un index de 1835 indique que, pour La Chapelle Saint Sépulcre, il y avait 43 chefs de familles qui étaient prestataires de services pour les travaux de voirie, mais à des degrés variables suivant un barème prenant en compte divers facteurs. Les principaux prestataires étaient Jean-Baptiste Bellamy, Jacques Baron, Philippe Boudin, Nicolas et Etienne Gauthier, Pierre Jobert, Thomas Maison, Marin Pichon et Jean Pingot. Le système, tout en étant assez rationnel, avait ses limites car on ne pouvait multiplier les journées de prestations, d'autant que certains travaux tel que la réfection de la voirie qui souffrait particulièrement l'hiver étaient répétitifs; certaines communes feront appel à un cantonnier municipal.

Autre problème : l'école. Un état daté de 1841 signale que La Chapelle compte 22 enfants scolarisables, mais aucun "scolarisé vrai" bien que 17 familles puissent payer (en 1846, l'instituteur de La Selle reçoit par mois, des parents, 1 franc pour apprendre à lire plus 1,50 franc pour apprendre à écrire et doit accepter gratuitement six enfants de familles indigentes). En 1844, un accord intervient avec La Selle en Hermois pour que les enfants de La Chapelle puissent aller à l'école dans cette commune. On voit alors Beaulieu, instituteur à La Selle, considéré par les habitants de La Chapelle comme leur instituteur.

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La Vie des Habitants

Au cours de cette période, alors que dans les autres communes de l'Hermois les effets de la diminution de la natalité et de l'exode rural commencent à se faire sentir (de 2572 habitants en 1831 à 2950 en 1851 pour l'ensemble de l'Hermois), La Chapelle Saint Sépulcre connait une croissance importante de sa population en passant de 172 habitants en 1831 à 255 en 1841 (soit près de 50%). Il faut admettre que la tuilerie (locale ou au voisinage) y a été pour quelque chose car aucun autre phénomène purement rural ne peut expliquer une telle augmentation. Suit une seconde poussée, en cinq années (1846-1851), qui amène la commune à 291 habitants. D'un coup La Chapelle, qui n'avait longtemps été que comparable à Thorailles la surclasse, arrivant à avoir le triple de population.

L'agriculture demeure évidemment l'activité essentielle : céréalière surtout, il y a également des vergers de poiriers et de pommiers plus quelques vignes. C'est l'époque où les chevaux et les mulets remplacent les boeufs et les ânes comme animaux de trait. A La Chapelle Saint Sépulcre, en 1839, on n'utilise déjà plus les boeufs et les ânes dans les journées de prestation pour l'entretien des chemins. Résultant du croisement des chevaux et des ânes, les mulets sont alors nombreux au service du roulage pour les tuileries. Mais hors cet emploi spécifique, ils sont en nombre limité. En 1837, Plassard est un des rares propriétaires de mulets de La Chapelle. A partir de 1846, les chevaux qui, étant donné le petit nombre de mulets, participaient depuis longtemps à ces prestations d'entretien des chemins, sont les seuls à être employés. Le règne du cheval commence toutefois modestement : en 1848 on ne compte à La Chapelle que 87 bêtes à cornes et 22 chevaux. Les bovins se répartissent ainsi : 32 aux Cours où ils vont en diminuant, avec une femme Joly comme vachère, 27 aux Bonnards où leur nombre augmente avec comme vachères Joséphine Carré et Joséphine Martin, 14 aux Harraults et 12 au bourg avec comme vachère une autre femme Joly.

En dehors de l'agriculture, la principale activité est celle des tuileries. Autour de 1840, elles fonctionnent très bien, l'affaire la plus prospère est celle des Gillet sur Louzouer et La Chapelle Saint Sépulcre dont la tuilerie avait été acquise par Ange-Antoine Gillet et faisant appel à une main d'oeuvre plus importante qu'auparavant. En 1842 la municipalité de La Chapelle souligne que "les grosses voitures de tuilerie et de briqueterie sont causes du défoncement du chemin de Harraults", signe que la production s'écoulait vers Montargis. Les années suivantes sont marquées par une crise qui est la cause du reflux des ouvriers tuiliers; sûrement mal payés, ils constituent une population peu stable et mobile.

A La Chapelle Saint Sépulcre, le principal propriétaire, et par conséquent notable, est Bouvier de La Motte, de Lombreuil, avec 408 francs d'impôts locaux en 1839 sur l'ensemble des 1658 francs de la commune, et dont la part augmente (il a le tiers des revenus en 1848). Il n'est cependant que le troisième pour le revenu des terres, ayant surtout du bois (bois des Essarts , bois Roby, Crot Martin, la Bezerle, le champ du puits de marne près du bourg, beaucoup de biens autour des Bonnards). Bouvier s'intéresse peu à La Chapelle et il est représenté sur place par son fermier François Pingrin.

Suit le Domaine de la Couronne, autrement dit la forêt, appartenant au roi Louis-Philippe, avec 253 francs d'imposition en 1838. Des gardes forestiers du Domaine, le plus marquant alors est Jean-Baptiste Langlois qui réside près du bourg.

La veuve Léorier est au troisième rang (185 F d'impôts en 1839); habitant à Montargis, elle est représentée par ce même Jean-Baptiste Langlois qui, avec cette double charge, a un rôle appréciable dans la commune. C'est la veuve Léorier qui a le plus de terres non boisées.

La veuve De Foucault, soeur de Bouvier de La Motte et vivant également à Lombreuil, a 79 F d'impôts en 1839. Propriétaire du bois Féteau, elle aura longtemps pour garde Sauvegrain, une allée menant à sa maison où elle séjourne parfois. Elle est au deuxième rang pour le revenu des terres.

Un certain Rimbault, extérieur lui aussi à la commune, a le cinquième domaine (58 F d'impôts en 1839), qui passe alors à Sauvard, d'une famille d'entrepreneurs en maçonnerie de Montargis. Cet Alexandre Sauvard devient même conseiller municipal à partir de 1840, mais il vend son domaine de La Chapelle en 1842 sans doute à divers particuliers car il n'apparait plus dans les propriétés des notables

Ensuite au quatrième rang pour le revenu de ses terres, nous trouvons un nommé Marchaison qui est sans doute également extérieur à la commune.

Il semble donc que l'Ancien Régime se poursuive à La Chapelle Saint Sépulcre, les habitants ne payant que le tiers des impôts perçus sur les biens locaux; toutefois, mise à part la courte apparition d'Alexandre Sauvard, aucun notable n'y eu vraiment d'influence.

L'Eglise

Après les années agitées du début de la Monarchie de Juillet, l'Eglise est affaiblie.

La Chapelle Saint Sépulcre est toujours une annexe de La Selle en Hermois. Après le départ du curé Toussaint Courtois en 1840, arrive le curé Louis Victor Doineau, agé de 27 ans natif de Vannes et précédemment vicaire à Lorris. Il restera à La Selle pendant quinze années. A La Chapelle, le garde Jean-Baptiste Langlois est alors trésorier de la fabrique dont l'activité semble intéresser une partie appréciable de la population car lors de son remplacement comme trésorier quarante personnes assisteront à la scéance le 1er janvier 1849. Il a fait effectuer des réparations à l'église, assez importantes pour que la municipalité de Barthélémy Chauvier y participe, notamment en versant 160 francs en 1837 pour l'acquisition de chaux prise au lieu-dit des Fourneaux et chez Léonard Laurent, chaufournier à Griselles, ainsi que des tuiles achetées à la tuilerie Gillet des Chicots à Louzouer.

Le curé Doineau dessert régulièrement La Chapelle; un compte municipal du 9 février 1845 précise qu'on paie 3 francs le voyage du prêtre depuis La Selle par messe dominicale dite.

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La IIe République

Les trois journées d'émeute parisienne des 22, 23 et 24 février 1848 ont conduit, après l'intervention de la Garde Nationale en faveur des insurgés, à l'institution de la II ème République. Au départ mouvement politique parisien, ce changement de régime n'a que très peu touché la province en général et l'Hermois en particulier. A l'instar de Barthélémy Chauvier, maire de La Chapelle Saint Sépulcre, nombreux étaient ceux qui étaient hostiles à la Garde Nationale.

La vive répression de l'insurrection ouvrière du 22 au 26 juin 1848 sera à l'origine du clivage social dans la société entre bourgeois et ouvriers : les "rouges".

Cette violente confrontation n'a pas manqué d'atteindre tous le milieu ouvrier. En Hermois, les ouvriers tuiliers y furent très sensibles. Le corps des bûcherons très liés, par des confréries et parfois des associations secrètes, au mouvement ouvrier fut également touché, d'autant plus que pour certaines communes il représentait une part importante de la population.

A La Chapelle Saint Sépulcre, une nomenclature professionelle datant de 1851, dénombre : un rentier, un fonctionnaire, un employé, 3 transporteurs, 28 cultivateurs, 2 fermiers avec 3 domestiques et surtout 64 bûcherons! Le terme recouvre, sans doute, à la fois des bûcherons professionnels à plein temps et des journaliers se louant alternativement dans les fermes et la forêt suivant les saisons. Néanmoins cette population aura une forte influence sur l'évolution des sensibilités d'autant plus que, comme partout, beaucoup de pauvres gens éprouvent de réelles difficultés et vivent dans la misère.

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Après ces chaudes journées, la République devenue plus conservatrice élit, le 10 décembre 1848, comme Président le prince Louis-Napoléon, neveu de Napoléon I er. Trois années, de l'été 1848 à l'automne 1851, de calme vont succéder aux agitations du début de l'année.

La Chapelle Saint Sépulcre en profite pour achever le "chemin neuf" des Bonnards au bourg et effectuer le curage de la mare commune au village. Ces soucis sont bien modestes, mais il y a contestation à propos de la suppression par le nouveau régime des anciens droits d'usage dans les bois (auparavant biens personnels de Louis-Philippe) pour faire paître les animaux. Les républicains défendent mollement le nouvel ordre des choses que réprouvent leurs opposants appuyés par bien des habitants intéressés. Ces derniers l'emportent et en 1851 La Chapelle a toujours ses pâtres communaux.

Au fil de ses années l'opposition, entre l'Assemblée Législative et le Prince-président, n'ayant cessé de croître, ce dernier devance ses adversaires en organisant le coup d'état du 2 décembre 1851.

En Hermois, ce changement se passe sans heurt hormis le remplacement ou la démission de conseillers municipaux qui, tel Jacques Baron cultivateur à La Chapelle le 10 octobre 1852, refusent de prêter serment.

Stimulés par la préfecture, les conseillers municipaux prennent des mesures destinées à attacher des franges de la population incertaines (catholiques et ouvriers) à Louis-Napoléon Bonaparte. Ainsi le 10 août 1852, ceux de La Chapelle Saint Sépulcre décident de faire réparer les murs du cimetière et de la chapelle. En octobre on pratique la vaccination gratuite des indigents. Le 20 octobre l'instituteur de La Selle, auquel était toujours confiés les enfants de La Chapelle, est remplacé par Nicolas Brout beaucoup plus populaire.

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Le Second Empire

Assuré du soutien de la population par plusieurs plébiscites successifs dont, le dernier, le 21 novembre 1852, lui donnant sept millions de voix contre 250 000, Louis-Napoléon Bonaparte proclame l'Empire, un an après son coup d'état, le 2 décembre 1852, et prend le nom de Napoléon III. Même s'il ne suscite pas une très forte adhésion de la population, le retour à l'Empire a toutefois éveillé quelques espoirs. La ferveur, qui fut sans doute à son apogée lors de la guerre de Crimée (1855), retombera après l'attentat perpétré par Orsini, le 14 janvier 1858, contre Napoléon III. Le climat social se dégrade, l'opposition ouvrière se reconstitue, l'Empereur perd le soutien des catholiques et d'une partie de la bourgeoisie; seul le monde agricole, favorisé par de bonnes récoltes, reste acquis à la cause de l'Empire.

Les Habitants et leur Vie

Pour beaucoup d'habitants des campagnes, et de l'Hermois en particulier, l'idéal était d'être un cultivateur avec quelques terres et ayant deux ou trois familles de journaliers l'aidant, au moins en partie, pour les travaux de la ferme.

L'Environnement

En Hermois la principale difficulté, malgré la grande route Montargis - Courtenay, provenait, jusqu'au milieu du XIXème siècle, de la mauvaise voirie locale qui entrave le transport et la vente des produits agricoles.

Poursuivant les efforts entrepris sous Louis-Philippe et la II ème République, l'Empire accentue la politique d'aménagement des routes et développe le chemin de fer, travaux qui ne seront pas sans conséquence sur l'économie locale : échanges, foires...

Les modifications ainsi lentement intervenues ont aussi des effets sur les animaux de traction. Les boeufs cessent de tirer les charrues et les ânes, venant du Poitou, utilisés au service des moulins et de la forêt, sont en voie de disparition : La Chapelle Saint Sépulcre qui en avait beaucoup n'en compte plus que six en 1855.

Le désir d'améliorer les routes saisit même les plus petites communes : en mai 1861, Louzouer demande le déclassement du chemin Louzouer - La Chapelle par Les Bégats, Les Richoux, Les Harraults qui après quelques courbes, arrivait à La Chapelle un peu à l'Est de l'actuelle mairie, au profit d'un itinéraire plus direct arrivant à l'angle du cimetière situé alors autour de l'église. Cependant, La Chapelle excipant que les tuiliers et les meuniers qui l'utilisaient ne se plaignaient pas du parcours habituel, la question du nouvel itinéraire sera encore en discussion dix huit ans plus tard.

Si la voirie commence à désenclaver la campagne, les habitudes changent peu sous l'Empire. La charrue à fer et la machine à battre n'ont pas encore fait leur apparition dans l'Hermois. De même les cultures nouvelles ne se répandent que lentement et irrégulièrement (betterave à sucre).

Non seulement on garde au moins un troupeau communal, mais La Chapelle Saint Sépulcre se félicite, en février 1858, d'avoir deux troupeaux collectifs. Le conseil municipal suit attentivement l'importance du cheptel. On compte alors, en 1855 : 104 bovins (34 aux Bonnards, 30 aux bourg, 25 aux Cours et 15 aux Harraults), en 1857 : 117 (42 aux Bonnards, 28 aux bourg, 28 aux Cours et 19 aux Harraults). C'est Isidore Delaveau qui a le plus gros cheptel des Bonnards. En 1862, la municipalité s'inquiète car le nombre de vaches laitières est tombé à 14 aux Bonnards; elle ne retrouvera sa sérénité qu'en 1864 quand le nombre sera remonté à 24.

De même les chevaux sont loin d'être aussi répendus qu'ils ne le seront en 1900. En 1855, on n'en trouve seulement que 3 aux Cours autant aux Harraults, 2 au bourg et un aux Bonnards; en pleine époque des déplacements à cheval...

A cette époque, La Chapelle Saint Sépulcre bénéficie toujours des usages en forêt, notamment du ramassage du bois mort. En 1861, 63 habitants du bourg en jouissent, 14 aux Harraults, et autant aux Bonnards.

Fait nouveau, on commence à s'inquiéter des marnières creusées au cours des siècles passés et maintenant abandonnées (parfois depuis peu). C'est Barthélémy Chauvier, maire, qui est le précurseur en la matière. En 1864 il fait prendre la décision de boucher 11 marnières percées de puits : 2 au Grand Fossé, 2 aux Rougeries (qui étaient alors un lieu habité), 2 au bois de Montargis le long du chemin de Ferrières, 1 près de chez Ledaire (près des Harraults), 1 le long du chemin des Cours aux Harraults, 1 à "l'aisance" (?), 1 au Bois de Vigne, 1 aux Sablons. Ce qui faisait beaucoup pour un petit territoire comme La Chapelle (moins de 400 hectares).

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La Population

Sous le Second Empire, la population de la région comme celle de La Chapelle Saint Sépulcre atteint des records (3270 habitants en Hermois en 1866). La Chapelle dépasse continuellement les 300 habitants de 1856 à 1876 et en compte jusqu'à 330 en 1866. Cette situation résulte d'une natalité assez forte et d'un exode rural encore relativement faible. C'est également le signe d'une bonne santé économique générale et agricole en particulier, les ressources alors disponibles et les productions étaient suffisantes pour subvenir aux besoins des habitants. Compte tenu de sa surface boisée, La Chapelle Saint Sépulcre est une des plus peuplées; la tuilerie et la forêt doivent y contribuer. De plus la commune fut très bien administrée par Barthélémy Chauvier (le maire sans doute le plus instruit et le plus introduit par ses relations personnelles de l'ensemble de l'Hermois) entouré, en 1860, de Louis Creuset, adjoint, et des conseillers Jacques Baron, Victor Chauvier, François Garreau, Jacques Jolly, Pierre Lépine, François Martin, Auguste Poillard et Augustin Saget.

Ce n'est pas que La Chapelle Saint Sépulcre soit sans problème. Le Conseil souligne, en 1852, la pauvreté des habitants des Cours comparée à la vie plus acceptable de celle des autres hameaux : beaucoup sont tuiliers occupés inégalement par Antoine Gillet à la tuilerie. D'autre part les principaux habitants de La Chapelle : la marquise de Foucauld, le marquis de Cepoy son gendre, vivent en fait ailleurs (la marquise à Lombreuil) en ayant sur place un garde : Sauvegrain. C'est le cas également d'Emile Léorier, descendant du papetier Léorier de l'Isle, dont la propriété s'orne d'un beau jardin anglais, qui habite Montargis.

En 1853, les plus imposés sont Antoine Gillet, maître-tuilier, résident à Louzouer (95 francs), Jean-Baptiste Durast, marchand de tissu local (55 Frs), Pierre Guérinet, cultivateur résident à Montcresson (34 Frs), Jacques Baron, cultivateur à La Chapelle (33 Frs), Edme Couche, propriétaire résidant à Courtenay (29 Frs), puis la famille Chauvier et l'aubergiste Creuset.

Il y a encore 68 indigents en 1861, ce qui est considérable pour une commune de cette taille. Cependant Saget, plus habile que Gillet, reprend à ce moment la tuilerie qui est relativement modernisée et a beaucoup de réserve dans un sol exploité depuis bien moins longtemps qu'à Louzouer ou Thorailles. De plus La Chapelle, située directement sur la "route impériale", est beaucoup plus vivante que les communes voisines. Désormais, c'est à La Chapelle que viennent, le dimanche, les tuiliers de Louzouer. La population se fixe ainsi à La Chapelle Saint Sépulcre.

L'Ecole

A l'époque, le problème scolaire n'est pas encore une préoccupation majeure pour les communes.

Les enfants de La Chapelle Saint Sépulcre sont, avec ceux Louzouer, regroupés dans l'école de La Selle. A l'automne 1855, cette commune aménage d'ailleurs l'établissement. Cependant, la distance et, sans doute, l'orientation "ouvriériste" de l'instituteur Brout renforce la réserve des agriculteurs déjà enclins à garder leurs enfants à la ferme et conduit, dès 1867, le maire de La Chapelle, François Martin, à projeter l'achat d'une maison pour en faire une école.

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Autour de l'Eglise

Sous Napoléon III, à La Chapelle Saint Sépulcre comme ailleurs, des travaux (parfois considérables dans certaines communes) ont été engagés pour restaurer ou aménager les édifices du culte.

Henry Lefoul avait succédé au curé Doineau, qui était chargé de la paroisse de La Selle desservait également Thorailles, Louzouer et La Chapelle Saint Sépulcre. Le curé Lefoul n'ayant pas de presbytère à Louzouer est obligé de résider à La Chapelle de 1853 à l'été 1861. Dès le 26 décembre 1852, La Chapelle, qui n'avait pas eu de curé titulaire depuis longtemps et qui, à la fin de l'Ancien Régime, avait souvent été traitée en simple annexe, se montre ravie. Le logement du curé est assuré dès septembre 1853. En 1858-59, on construit la sacristie pour 610 francs; un grillage métallique est posé par Vrain Bizot, maréchal du bourg. Mais en septembre 1861, La Chapelle redevient annexe, Henry Lefoul ayant pu trouver un presbytère à Louzouer.

Les travaux vont néanmoins se poursuivre. En 1862-63, on refait le clocher et la couverture de l'église. Pour le boisage du clocher on utilise neuf peupliers du cimetière le long du mur et les 1620 tuiles coutent 217 francs. Tout semblait aller pour le mieux quand le 12 août 1865 la foudre tombe sur le clocher et le détériore. Devant les nouveaux frais à engager Barthélémy Chauvier, conscient que rien ne peut venir de Louzouer aux prises également avec de grands travaux, certifie le 2 septembre qu'il n'y a pas de budget à la fabrique de La Chapelle et que les ressources sont à peine suffisantes pour subvenir aux frais du culte.

Désireux de rétablir une vraie paroisse en sa commune, le maire formule une première supplication à l'impératrice Eugénie, lui expliquant que l'église de La Chapelle Saint Sépulcre est sans titres. Le 10 janvier 1866 : "Le préfet et le ministre (des cultes), précise t'il, ne veulent pas admettre de secours à une église sans titre, bien que notre église doive avoir ses titres restés au Chapitre de Sens et que la transcription ait dû en être faite au diocèse d'Orléans". Suite à l'échange établi, le maire adresse une nouvelle supplication à l'impératrice le 17 mai demandant "que l'église de La Chapelle soit érigée en succursale". Ne perdant pas de temps, il obtient de l'architecte Legrand le 30 juin un devis prévoyant que 1200 francs de travaux seront nécessaires. De plus, il obtient immédiatement 210 francs de dons (100 d'Emile Léorier, 60 du marquis de Cepoy, 30 du tuilier Baptiste Joigneau et 20 donnés par lui même et son adjoint).

On a ici, avec d'autres éléments signalés plus haut, la preuve que Bathélémy Chauvier prenait à coeur tout ce qui pouvait mettre en valeur sa commune. Mais ce géomètre, habitant aux Bonnards, qui avait participé à la construction de la route impériale -future RN 60- et qui dirigeait La Chapelle depuis 31 ans, mourut subitement à 64 ans, le 5 octobre, laissant deux fils : François, cultivateur à la Poissonnerie, et Victor, géomètre au bourg, qui sera plus tard également maire.

Néanmoins son voeux final est exaucé très peu après son décès : Louzouer se tournant vers La Selle sur le Bied, La Chapelle Saint Sépulcre devient succursale de Paucourt. Le 21 octobre 1866, le curé de Paucourt commence à dire la messe dans l'église de La Chapelle. Les travaux de finition sont alors rapidement achevés par son successeur à la mairie : François Martin, manoeuvre (dont un aïeul avait aussi été maire sous le Ier Empire).

Après la désaffection religieuse établie depuis le Révolution de 1789, la période de Second Empire correspond à une très nette reprise de la religion sans doute favorisée par la volonté de l'Etat qui favorise l'entretien des édifices religieux, le catholicisme affiché de l'impératrice Eugénie de Montijo et, au début de l'Empire, de connotation "croisade" donné à la guerre de Crimée.

Avec l'été 1870, l'usure du régime et le désastre de Sedan mettent un terme à la fois à l'Empire : procamation de la République le 4 septembre 1870, et à la magistrature, le 18 août 1870, de François Martin qui avait été ouvertement bonapartiste.

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D'un Siècle à l'Autre (1870-1914)

L'Hermois est surpris par les événements de septembre 1870. Nul ne pense à un changement de régime et affiche encore ses convictions bonapartistes, ainsi à La Chapelle Saint Sépulcre on désigne comme maire Victor Chauvier dont le père Barthélémy s'était adressé plusieurs fois à l'impératrice; il restera maire de 1870 à 1874.

Mais les nouvelles de Paris se précisant, la région se trouve au coeur de la guerre.

La Guerre de 1870-71

Les défaites sont rapidement suivies de l'invasion par le Xème corps prussien qui marche sur Montargis -les 20 et 21 novembre sans rencontrer d'opposition marquée- en venant de Châteaurenard et Courtenay en empruntant la "route impériale" passant à La Chapelle. Les troupes françaises reculent jusqu'à Ladon le 24 novembre et une bataille est engagée à Beaune la Rolande le 28.

Sans doute rapatriés des combats, deux Prussiens du 5ème hussard, l'aspirant Hombertz, de Düsseldorf, et le cavalier Fr. Kroll, de Duisburg, décèdent le 30 novembre à 13 heures chez l'aubergiste de La Chapelle : Gauthier. Le registre d'Etat Civil mentionne également le même jour, la mort au même lieu, à 13 heures 30 d'un "inconnu" appartenant aussi au 5ème hussard. Il est probable que l'ambulance prussienne ait laissé à La Chapelle ces trois blessés trop atteints pour être transportés plus loin.

Les combats se déroulant ensuite au delà, vers Orléans, seuls des mouvements de troupes légères circulent sur la route Montargis - Sens.

Il semble toutefois qu'il y ait eu certainement un incident à La Chapelle Saint Sépulcre dans la nuit du 7 au 8 janvier 1871. Les Prussiens ont alors "déchiré le troisième registre des délibérations en emportant les feuilles blanches". Incident tel, que par ailleurs, une balle a percé le coq de l'église. Comme on ne sait pratiquement rien ensuite sur La Chapelle jusqu'en 1874, il est difficile d'apprécier cet incident. Le tir d'une balle peut faire croire à une attaque ou à une méprise, d'autant plus qu'on ne connaît pas la suite de cet incident.

Aucun habitant de La Chapelle n'est porté victime de la guerre exceptés : François Bernaudin, faisant partie de l'armée assiégée à Paris, mort à l'ambulance Monceau à Paris le 31 décembre 1870, et Louis Carré, mort à l'hôpital de Toulon en janvier 1871. Par ailleurs, aucun groupe de francs-tireurs (après leur mouvement de décembre passant à Chuelles?) n'opérait au nord d'une ligne Toucy - Bonny sur Loire en janvier 1871. De plus, suite à l'offenssive de Bourbaki dans l'Est, les Prussiens quittent définitivement la région les 8 et 9 janvier 1871, l'incident de La Chapelle Saint Sépulcre doit sans doute être rattaché à ce départ ?...

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La Fin du XIX ème siècle

Après la guerre franco-prussienne, l'organisation provisoire de la République , qui suscite bien des débats au niveau national, ne semble que fort peu intéresser l'Hermois; les édiles locales étant plutôt conservatrices. Le temps des expéditions coloniales et de l'Affaire Dreyfus passionne peu la région.

L'Evolution Agricole

Passé 1880, les crises touchant l'agriculture s'accumulent. Si la production laitière et les cultures fourragères progressent, le blé marque le pas : d'exportatrice la France est devenue en 1900 importatrice de blé car la consommation par individu s'est accrue.

Les gelées de l'hiver 1879-80 sont graves. La commune de La Chapelle Saint Sépulcre organise les déclarations des pertes en résultant : 61 personnes en remplissent, ce qui est considérable, dont 11 pour le seul hameau des Bonnards (Nicolas Beauvais, la veuve de Julien Bellamy, Dominique et Victor Carré, la veuve Chauvier, Henri Daumat, François Fardeau, Louis Martin, Alexandre Péron, Henri Pingot et Pierre Toison).

Autour de 1897, une production est en sensible progrès : celle du cidre . Auparavent celle-ci était surtout familliale, les pommiers étant régulièrement plantés le long des routes et chemins.

Le machinisme agricole se développe lentement et inégalement suivant les communes. En 1874, dans une loterie organisée à La Chapelle par le maréchal Achille Seguinet, le premier prix est une charrue. En 1875 apparaissent les premières faucheuses mécaniques.

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La Vie des Habitants

La vie de la campagne de l'Hermois est marquée par l'exode rural qui touchera chaque village à un moment ou à un autre. Entre 1872 et 1901, la population de l'Hermois de 3122 personnes tombe à 2511. La Chapelle Saint Sépulcre perd, pendant cette période, 41 % de ses habitants. La commune bien gérée du temps des Chauvier, et la tuilerie marchant fort bien jusqu'en 1880, est frappée par l'exode rural peu après, comme un phénomène trop retardé et que le grand hiver suscite d'un coup. Malgré une reprise relative de la tuilerie vers 1889, le mouvement ne cesse de croître.

A l'époque de Jules Ferry et des lois scolaires sur l'école laïque, la gratuité de l'enseignement et le recrutement des instituteurs, les problèmes des communes sont bien plus terre à terre.

Après bien des débats, les élèves de La Chapelle Saint Sépulcre ne vont plus à l'école de La Selle. En 1878, la municipalité de Victor Chauvier, qui avait succédé à Auguste Billard maire de 1874 à 1878, a acquis à cet effet la maison Joigneau et l'école y débute avec l'instituteur Lioret, le premier véritable titulaire étant Liphard Vailler en 1880.

C'est l'époque où de nombreux Parisiens mettent leurs enfants en nourrice dans la région. Ainsi à La Chapelle, autour de 1880, on trouve un "meneur de nourrice" : Victor Corriger, dont le rôle consistait à conduire, à Paris auprès des familles intéressées, des nourrices des bourgs voisins et, le contrat signé, à les ramener avec les enfants en exerçant une surveillance discrète sur la façon dont étaient élevés les nourrissons. Cependant, cet appoint ne semble avoir introduit, en même temps, plus d'une vingtaine de nourrissons.

A cette époque le vie religieuse et les églises subissent peu de transformations. A La Chapelle Saint Sépulcre, la paroisse après avoir été desservie par le curé de Paucourt, l'est, à nouveau dans les dernières années du siècle, par celui de Louzouer.

A la mairie, Etienne Lépine sera maire de 1890 à 1892 puis de 1897 à 1900, entre 1892 et 1897, c'est Eugène Langlois qui est le premier magistrat de la commune.

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Avant 1914

Avant la Grande Guerre, l'exode rural amorcé avant la fin du siècle s'est poursuivi en Hermois qui perd encore 166 habitants entre 1901 et 1911, la population de La Chapelle Saint Sépulcre passant de 185 à 179 personnes.

De 1900 à 1904, c'est Armand Jolly qui est maire, lui succèderont : Achille Séguinet de 1904 à 1912 puis Théodore Duchesne des Cours de 1912 à 1919.

En 1914, les propriétaires principaux sont : la marquise et la contesse de Cepoy, Madame Paoli-Petrini, Louis Boulet, Emile Laurent, Etienne Leclerc, Etienne Lépine, La veuve Méry, Achille Séguinet, La veuve Alphonse Tapin, Eugène Tapin et Pierre Toison.

Comme principaux fermiers, on note : Degois aux Pingrins, Marcel Duchesne aux Cours et Legros aux Bonnards. Les commerçants sont : Jules Bezé, café-épicerie; Armand Jolly, coiffeur; Alexandre Langlois, vins en gros; Jean Baptiste Nigond, coiffeur; Armand Thiriot, tabac; Pierre Thiriot, café-épicerie.

La briqueterie-tuilerie est tenue par Florent Duchesne.

Moreau est l'instituteur, Désiré Blondel le receveur buraliste, Jules Laurent le garde particulier des "Cepoy", C. Tapin le maçon.

La fête de La Chapelle est célébrée le 25 août, le jour de la Saint Louis.

Le bourg, alors que d'autre communes sont attirées par le chemin de fer ou le tramway, situé sur la route Orléans - Nancy, est desservi par plusieurs voitures "publiques" (c'est la commune la mieux desservie).

La Chapelle Saint Sépulcre - vue générale

A suivre...
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Statistiques de population

Avant la Révolution : nombre de feux

1709 : 20 1725 : 21 1735 : 26 1768 : 25 1786 : 27 1788 : 33 1789 : 31

Après la Révolution : Nombre d'habitants

1790 : 127 An II : 180 An IV: 145 1801 : 150 1806 : 155 1820 : 159 1826 : 174
1831 : 172 1836 : 205 1841 : 255 1851 : 291 1856 : 323 1861 : 311 1866 : 330
1876 : 301 1881 : 275 1886 : 245 1891 : 220 1896 : 188 1901 : 185 1911 : 179
1921 : 145 1931 : 127 1936 : 140 1946 : 158 1954 : 149 1968 : 143 1975 : 145
1982 : 173 1990 : 225 1995 : 1999 : 250 2005 : 277 2010 : 262 -